AS BESTAS - Rodrigo Sorogoyen

A PROPOS

La vie les a menés, sans doute pour le meilleur, mais le cas présent pour le pire, dans une ferme des fins fonds de l’Espagne où ils s’adonnent à la culture biologique. L’existence pourrait être paisible au cœur de ces montagnes et ces forêts merveilleuses si les deux frères de la maison d’à côté n’avaient pas décidé de les persécuter. La raison ? Une affaire d’éolienne qui aurait permis à ces deux hommes rustres d’échapper à la misère de leur condition et de quitter ce village.
Deux visions du monde s’opposent. D’un côté, il y a le couple français d’Olga et Antoine qui ont choisi un mode de vie plus proche de la nature, à l’instar de nombreux retraités ou actifs qui quittent les villes pour s’installer en campagne, là où ils imaginent que la vie est plus douce et plus authentique. De l’autre côté, il y a les villageois qui survivent de leur production agricole et s’enfuient vers les villes là où manifestement, l’existence est plus confortable. Rodrigo Sorogoyen enchaîne depuis quelques années des films brillants, âpres, qui décomposent l’état de la société espagnole à travers des personnages hauts en couleur et en intensité. Le cinéaste récidive avec une œuvre profonde, sensible, qui permet de mettre dos à dos deux réalités : celles des petites gens issus de l’univers rural, et une réalité économique et financière qui ne se soucie pas d’empathie et d’éthique.
Pour incarner les deux protagonistes, le cinéaste espagnol a choisi Marina Foïs et Denis Ménouchet. Il leur offre deux rôles de composition puissants qui les mettent quasiment à l’épreuve de la nature. On les voit travailler la terre. Les visages sont bruts, brûlés par l’air épais de la montagne, les corps sont déformés par les excès. Mais cette vie rude ne les empêche pas de s’aimer. La caméra s’attache à filmer les signes du quotidien qui dénotent l’attachement profond et respectueux qui unit le couple. Les comédiens s’adonnent à sortir les moutons, planter les tomates, nettoyer les cuves, comme s’ils l’avaient fait toute leur vie. Ils exécutent ces rôles complexes avec une élégance et un respect pour les petites gens absolument magnifiques.
Mais derrière l’amour, il y a la violence brute du harcèlement qu’ils subissent. Rodrigo Sorogoyen parvient à raconter une histoire qui relève autant du drame intimiste et social que du thriller redoutablement stressant. Les deux heures passent avec rapidité tant l’intérêt du spectateur est suspendu à ce drame terrible qui semble insoluble. Le rythme, la très belle photographie, la direction d’acteurs confirment le talent incroyable du cinéaste espagnol qui dissèque avec génie la mécanique d’une société espagnole monstrueuse.

Laurent Cambon (Avoiralire.com)

Avant première
mercredi 6 juillet 2022 à 20h45

Fête du cinéma tarif unique 4,00€


AS BESTAS

de Rodrigo Sorogoyen

avec Marina Foïs, Denis Ménochet, Luis Zahera
ESPAGNE - FRANCE - 2022 - 2h17 - VOST - Cannes 2022

Antoine et Olga, un couple de Français, sont installés depuis longtemps dans un petit village de Galice. Ils pratiquent une agriculture écoresponsable et restaurent des maisons abandonnées pour faciliter le repeuplement. Tout devrait être idyllique sans leur opposition à un projet d'éolienne qui crée un grave conflit avec leurs voisins. La tension va monter jusqu'à l'irréparable.
https://le-pacte.com/france/film/as-bestas

A PROPOS

La vie les a menés, sans doute pour le meilleur, mais le cas présent pour le pire, dans une ferme des fins fonds de l’Espagne où ils s’adonnent à la culture biologique. L’existence pourrait être paisible au cœur de ces montagnes et ces forêts merveilleuses si les deux frères de la maison d’à côté n’avaient pas décidé de les persécuter. La raison ? Une affaire d’éolienne qui aurait permis à ces deux hommes rustres d’échapper à la misère de leur condition et de quitter ce village.
Deux visions du monde s’opposent. D’un côté, il y a le couple français d’Olga et Antoine qui ont choisi un mode de vie plus proche de la nature, à l’instar de nombreux retraités ou actifs qui quittent les villes pour s’installer en campagne, là où ils imaginent que la vie est plus douce et plus authentique. De l’autre côté, il y a les villageois qui survivent de leur production agricole et s’enfuient vers les villes là où manifestement, l’existence est plus confortable. Rodrigo Sorogoyen enchaîne depuis quelques années des films brillants, âpres, qui décomposent l’état de la société espagnole à travers des personnages hauts en couleur et en intensité. Le cinéaste récidive avec une œuvre profonde, sensible, qui permet de mettre dos à dos deux réalités : celles des petites gens issus de l’univers rural, et une réalité économique et financière qui ne se soucie pas d’empathie et d’éthique.
Pour incarner les deux protagonistes, le cinéaste espagnol a choisi Marina Foïs et Denis Ménouchet. Il leur offre deux rôles de composition puissants qui les mettent quasiment à l’épreuve de la nature. On les voit travailler la terre. Les visages sont bruts, brûlés par l’air épais de la montagne, les corps sont déformés par les excès. Mais cette vie rude ne les empêche pas de s’aimer. La caméra s’attache à filmer les signes du quotidien qui dénotent l’attachement profond et respectueux qui unit le couple. Les comédiens s’adonnent à sortir les moutons, planter les tomates, nettoyer les cuves, comme s’ils l’avaient fait toute leur vie. Ils exécutent ces rôles complexes avec une élégance et un respect pour les petites gens absolument magnifiques.
Mais derrière l’amour, il y a la violence brute du harcèlement qu’ils subissent. Rodrigo Sorogoyen parvient à raconter une histoire qui relève autant du drame intimiste et social que du thriller redoutablement stressant. Les deux heures passent avec rapidité tant l’intérêt du spectateur est suspendu à ce drame terrible qui semble insoluble. Le rythme, la très belle photographie, la direction d’acteurs confirment le talent incroyable du cinéaste espagnol qui dissèque avec génie la mécanique d’une société espagnole monstrueuse.

Laurent Cambon (Avoiralire.com)