ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
C’est peu dire que Soundtrack to a Coup d’État est un choc cinématographique et peut être d’ores et déjà considéré comme une date dans l’histoire du documentaire, dans le prolongement de plusieurs œuvres du genre ayant abordé une thématique historique et politique, à l’instar du Chagrin et la pitié ou de Shoah. Le film a été réalisé par Johan Grimonprez, cinéaste et vidéaste belge, anthropologue de formation et qui a enseigné à la School of Visual Arts de New York. Sound to a coup d’État aborde un épisode méconnu de la guerre froide et de la décolonisation, en tout cas abordé avec modération dans les manuels d’Histoire : le renversement et l’assassinat du dirigeant congolais Patrice Lumumba (1925-1961), quelques mois après l’indépendance du Congo belge. Des faits accablants mettent en avant les agissements coupables des États-Unis, de la Belgique et de firmes multinationales, avec la complicité de l’ONU…
Des éléments complémentaires mais essentiels au dispositif suscitent le vertige, à savoir l’organisation de spectacles de jazz au Congo avec de grandes star afro-américaines, à l’initiative des Américains, et ce pour infiltrer des agents de la CIA, à l’insu des Louis Armstrong et autres Nina Simone. Le film cerne ici avec acuité un certain cynisme politique, d’autant plus que les États-Unis n’avaient toujours pas soldé leurs comptes avec la ségrégation. Mais Soundrack to a Coup d’État, qui pourra désarçonner dans son premier quart d’heure par l’avalanche d’informations délivrées sous forme de puzzle, ne se contente pas d’établir des faits historiques. On est loin de la démarche fictionnelle et documentaire (académique bien que respectable) d’un Oliver Stone, et encore moins de la roublardise agaçante du Michael Moore tendance Fahrenheit 11/9.
La citation de multiples sources précises est inscrite sur l’écran, entre deux séries de photos ou d’extraits de diverses interviews, d’époque ou actuelle, où l’on pourra croiser, entre autres, Khrouchtchev, le roi Baudouin, l’écrivain In Koli Jean Bofane et la militante Andrée Bloin. Surtout, la forme du film est un enchantement, donnant au long métrage la structure d’une composition de jazz, et pas seulement en raison des nombreux standards (et airs moins connus) musicaux que la bande-son foisonnante permet d’écouter. Soundtrack to a Coup d’État a été sélectionné et primé dans plusieurs festivals dont Sundance (Prix Cinematic Innovation) et Thessalonique (Prix du public, Film Over 45’ - International Selection). Il a par ailleurs été nommé à l’Oscar du meilleur documentaire en 2025. On ne saurait que recommander de voir sur grand écran ce bijou.
Gérard Crespo (avoiralire.com)
Ciné Doc
jeudi 26 mars
à 20h00
présenté par Jérôme « Kalcha » Simonneau, journaliste musical
SOUNDTRACK TO A COUP D'ÉTAT
de Johan Grimonprez
Documentaire
Belgique - France - Pays-Bas - 2023 - 2h30 - VOST
Jazz, politique et décolonisation s’entremêlent dans ce grand huit historique qui réécrit un incroyable épisode de la guerre froide. En 1961, la chanteuse Abbey Lincoln et le batteur Max Roach, militants des droits civiques et figures du jazz, interrompent une session du Conseil de sécurité de l’ONU pour protester contre l’assassinat de Patrice Lumumba, Premier ministre du Congo nouvellement indépendant. Dans ce pays en proie à la guerre civile, les sous-sols, riches en uranium, attisent les ingérences occidentales. L’ONU devient alors l’arène d’un bras de fer géopolitique majeur et Louis Armstrong, nommé “Ambassadeur du Jazz », est envoyé en mission au Congo par les États-Unis, pour détourner l’attention du coup d’État soutenu par la CIA.
https://lesvalseurs.com/film/soundtracktoacoupdetat/
A PROPOS
C’est peu dire que Soundtrack to a Coup d’État est un choc cinématographique et peut être d’ores et déjà considéré comme une date dans l’histoire du documentaire, dans le prolongement de plusieurs œuvres du genre ayant abordé une thématique historique et politique, à l’instar du Chagrin et la pitié ou de Shoah. Le film a été réalisé par Johan Grimonprez, cinéaste et vidéaste belge, anthropologue de formation et qui a enseigné à la School of Visual Arts de New York. Sound to a coup d’État aborde un épisode méconnu de la guerre froide et de la décolonisation, en tout cas abordé avec modération dans les manuels d’Histoire : le renversement et l’assassinat du dirigeant congolais Patrice Lumumba (1925-1961), quelques mois après l’indépendance du Congo belge. Des faits accablants mettent en avant les agissements coupables des États-Unis, de la Belgique et de firmes multinationales, avec la complicité de l’ONU…
Des éléments complémentaires mais essentiels au dispositif suscitent le vertige, à savoir l’organisation de spectacles de jazz au Congo avec de grandes star afro-américaines, à l’initiative des Américains, et ce pour infiltrer des agents de la CIA, à l’insu des Louis Armstrong et autres Nina Simone. Le film cerne ici avec acuité un certain cynisme politique, d’autant plus que les États-Unis n’avaient toujours pas soldé leurs comptes avec la ségrégation. Mais Soundrack to a Coup d’État, qui pourra désarçonner dans son premier quart d’heure par l’avalanche d’informations délivrées sous forme de puzzle, ne se contente pas d’établir des faits historiques. On est loin de la démarche fictionnelle et documentaire (académique bien que respectable) d’un Oliver Stone, et encore moins de la roublardise agaçante du Michael Moore tendance Fahrenheit 11/9.
La citation de multiples sources précises est inscrite sur l’écran, entre deux séries de photos ou d’extraits de diverses interviews, d’époque ou actuelle, où l’on pourra croiser, entre autres, Khrouchtchev, le roi Baudouin, l’écrivain In Koli Jean Bofane et la militante Andrée Bloin. Surtout, la forme du film est un enchantement, donnant au long métrage la structure d’une composition de jazz, et pas seulement en raison des nombreux standards (et airs moins connus) musicaux que la bande-son foisonnante permet d’écouter. Soundtrack to a Coup d’État a été sélectionné et primé dans plusieurs festivals dont Sundance (Prix Cinematic Innovation) et Thessalonique (Prix du public, Film Over 45’ - International Selection). Il a par ailleurs été nommé à l’Oscar du meilleur documentaire en 2025. On ne saurait que recommander de voir sur grand écran ce bijou.
Gérard Crespo (avoiralire.com)

