ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
Après s’être égaré avec un film d’horreur, le cinéaste américain revient avec un long-métrage en trois parties sans complaisances sur les liens familiaux. Qui a bouleversé la Mostra et obtenu ce samedi 6 septembre le Lion d'or.
Remercions d’abord Jim Jarmusch d’être pote avec Tom Waits. Car dès la séquence d’ouverture de « Father Mother Brother Sister » voilà le chanteur américain aux prises avec ses deux enfants. On ne sent pas beaucoup d’amour dans ce trio, dont les liens semblent plus que distants. Nous sommes en Amérique, au milieu de nulle part (« nowheresville ») et les personnages n’ont pas grand-chose à se dire. Ils échangent quelques banalités sur l’eau qui s’écoule ou les fausses Rolex. Jarmusch offre à Waits une partition en or, laissant Adam Driver et Mayim Balik dans un flou familial à la fois hilarant et inquiétant. Leur père est-il passé du côté de la folie ? Ou n’ont-ils tout simplement plus grand-chose en commun ? La réponse arrive dans la dernière minute de cette première partie intitulée « Father », permettant au spectateur de comprendre aussi toute l’ampleur du projet du réalisateur.
Vient ensuite « Mother ». Jarmusch a cette fois posé sa caméra à Dublin où Charlotte Rampling incarne une mère stricte, dont on apprendra plus tard qu’elle est autrice de best-sellers. Elle est au téléphone et soupire à l’idée de recevoir ses deux filles. Les voilà justement, Thimothea (géniale Cate Blanchet - oxymore -) et Lilith (tout aussi formidable Vicky Krieps) qui viennent prendre leur thé annuel avec leur génitrice. Aucune de ses trois femmes puissantes (chacune dans leur couloir de nage) n’a envie d’être là, et par conséquent, elles n’ont aucun secret à partager, aucun souvenir à évoquer. Là aussi les échanges sonnent creux. Mais doit-on absolument aimer ses parents ? Inversement, pères et mères doivent-ils toujours être proches de leurs enfants ?
Le cinéaste tranche dans le vif dans la troisième partie qui se déroule à Paris cette fois. « Brother Sister » montre deux enfants franco-américains confrontés au deuil. On les retrouve juste après avoir vidé l’appartement montmartrois (côté Marcadet-Poissonniers) de leurs parents décédés.
Que restent-ils à ces orphelins ? Des murs décrépis, des photos qui font ressurgir un passé heureux et une vie en cartons, rangés dans un box moche de banlieue… Jim Jarmusch ne sombre pas dans la morale, il observe avec acuité les regrets et les questions pour toujours sans réponses. Il signe au passage un magnifique film sur la fugacité de l’existence, sur l’inaliénable solitude des êtres humains, qui ne peuvent pas choisir leurs familles. Mais sont bien obligés de vivre avec. Notre immense coup de cœur de cette 82e Mostra
Benjamin Locoge (Paris Match)
Avant-première
dimanche 28 décembre
à 18h00
FATHER MOTHER SISTER BROTHER
de Jim Jarmusch
Avec Tom Waits, Adam Driver, Charlotte Rampling, Cate Blanchett, Vicky Krieps
USA - France - 2025 - 1h50 - version originale sous-titrée - Lion d'or Venise 2025
Des frères et soeurs séparés se retrouvent après des années d'éloignement, forcés de faire face à des tensions non résolues et de réévaluer leurs relations tendues avec leurs parents émotionnellement distants.
https://filmsdulosange.com/film/father-mother-sister-brother/
A PROPOS
Après s’être égaré avec un film d’horreur, le cinéaste américain revient avec un long-métrage en trois parties sans complaisances sur les liens familiaux. Qui a bouleversé la Mostra et obtenu ce samedi 6 septembre le Lion d'or.
Remercions d’abord Jim Jarmusch d’être pote avec Tom Waits. Car dès la séquence d’ouverture de « Father Mother Brother Sister » voilà le chanteur américain aux prises avec ses deux enfants. On ne sent pas beaucoup d’amour dans ce trio, dont les liens semblent plus que distants. Nous sommes en Amérique, au milieu de nulle part (« nowheresville ») et les personnages n’ont pas grand-chose à se dire. Ils échangent quelques banalités sur l’eau qui s’écoule ou les fausses Rolex. Jarmusch offre à Waits une partition en or, laissant Adam Driver et Mayim Balik dans un flou familial à la fois hilarant et inquiétant. Leur père est-il passé du côté de la folie ? Ou n’ont-ils tout simplement plus grand-chose en commun ? La réponse arrive dans la dernière minute de cette première partie intitulée « Father », permettant au spectateur de comprendre aussi toute l’ampleur du projet du réalisateur.
Vient ensuite « Mother ». Jarmusch a cette fois posé sa caméra à Dublin où Charlotte Rampling incarne une mère stricte, dont on apprendra plus tard qu’elle est autrice de best-sellers. Elle est au téléphone et soupire à l’idée de recevoir ses deux filles. Les voilà justement, Thimothea (géniale Cate Blanchet - oxymore -) et Lilith (tout aussi formidable Vicky Krieps) qui viennent prendre leur thé annuel avec leur génitrice. Aucune de ses trois femmes puissantes (chacune dans leur couloir de nage) n’a envie d’être là, et par conséquent, elles n’ont aucun secret à partager, aucun souvenir à évoquer. Là aussi les échanges sonnent creux. Mais doit-on absolument aimer ses parents ? Inversement, pères et mères doivent-ils toujours être proches de leurs enfants ?
Le cinéaste tranche dans le vif dans la troisième partie qui se déroule à Paris cette fois. « Brother Sister » montre deux enfants franco-américains confrontés au deuil. On les retrouve juste après avoir vidé l’appartement montmartrois (côté Marcadet-Poissonniers) de leurs parents décédés.
Que restent-ils à ces orphelins ? Des murs décrépis, des photos qui font ressurgir un passé heureux et une vie en cartons, rangés dans un box moche de banlieue… Jim Jarmusch ne sombre pas dans la morale, il observe avec acuité les regrets et les questions pour toujours sans réponses. Il signe au passage un magnifique film sur la fugacité de l’existence, sur l’inaliénable solitude des êtres humains, qui ne peuvent pas choisir leurs familles. Mais sont bien obligés de vivre avec. Notre immense coup de cœur de cette 82e Mostra
Benjamin Locoge (Paris Match)

