ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
Filmer l’adolescence sans succomber aux stéréotypes d’une certaine jeunesse rebelle et révoltée est très difficile. Florian Zeller offre ici le portrait sensible d’un gamin en dernière année de terminale, aux apparences secrètes et délicates. Il ne va plus en cours et prétexte qu’il ne s’entend plus avec sa mère et qu’il voudrait vivre avec son père. Ce dernier a reconstruit sa vie avec une femme beaucoup plus jeune. C’est un avocat new-yorkais brillant. Il a donné naissance à un petit Théo qui ne facilite pas les vies nocturnes du jeune couple. Si les premières semaines se passent relativement bien au domicile du père, la tristesse finit par reprendre ses droits et le gosse, d’une irrésistible sensibilité, sombre peu à peu dans une douleur infinie.
Florian Zeller met en scène un jeune homme écartelé entre ses parents qui se sont séparés il y a quelques années. Le réalisateur ne propose pas un énième film sur les ravages du divorce. Le propos est évidemment beaucoup plus subtil. Il parle d’une enfance qui ne parvient pas à trouver le bonheur. La douleur submerge l’enfant qui ne parvient pas à trouver dans l’existence un semblant de sens. La manière d’ailleurs dont il confie à ses parents le naufrage mélancolique qui l’étreint est d’une immense beauté. Florian Zeller refuse de céder à un romantisme suranné ou aux lourdeurs du mélodrame. Il décrit cette enfance brisée avec à la fois sobriété, empathie et grandeur. Le récit prend le temps de dérouler la clinique peut-être de tout un pan de notre jeunesse contemporaine où l’argent, le matérialisme, le travail ne suffisent pas à donner du sens à l’existence. Le jeune homme ne ment jamais sur ses sentiments profonds. Il cède au désarroi sans rien cacher de ses larmes, de sa solitude incommensurable, et de ce qu’il croit percevoir comme une sorte de folie qui le guetterait. Pendant ces deux heures, on a presque envie d’étreindre le garçon, tout en sachant, comme les parents d’ailleurs, que l’affection est impuissante face aux tourments qui le dévorent.
Mais le film de Florian Zeller ne se contente pas de décrire la fragilité si touchante du jeune homme. Il regarde un père et une mère, chacun prostré dans la matière brute de leur histoire. Le père a réussi comme avocat. Il domine le monde depuis son bureau où tout New York semble à ses pieds. L’arrivée de son fils dans son domicile l’amène petit à petit à relativiser son attrait pour l’argent et la gloire et à revenir, à petits pas, à l’essentiel. Il y a surtout cette mère abîmée par une rupture qu’elle n’a pas voulu. Le départ de son fils la plonge dans une culpabilité irrésistible où l’on pressent qu’en vérité elle a cessé d’être la mère ou l’épouse que Peter lui avait laissé supposer, avant qu’il ne tombe amoureux d’une femme plus jeune. Le réalisateur ne juge aucun de ses personnages. Il les aime profondément dans leur fragilité, leurs ratages de vie mais aussi leurs joies passagères et leur envie parfaitement intègre d’apporter du bonheur à leur fils. Il les aime dans leurs maladresses, leur impuissance à protéger leur fils de lui-même.
The Son est un film sobre, émouvant, nuancé, qui emporte littéralement le spectateur à l’intérieur même de la psychologie des personnages. La beauté jaillit de ces visages qui ne mentent pas sur la désolation qui les emporte. En même temps, Florian Zeller filme la ville à la façon d’un certain Woody Allen pour lequel les paysages semblent l’exacte réponse aux tourments amoureux de ses personnages. Le long-métrage soulève dans une urgence évidente la question si sensible des troubles mentaux des adolescents aujourd’hui. Le débat est d’autant plus vif que les années de confinement ont broyé les esprits de nombre de jeunes gens. Le réalisateur appelle le spectateur à plus de vigilance, plus d’attention sur tous les petits signes de désarroi chez nos enfants. En tout cas, le film de Florian Zeller nous invite à pas feutré à devenir des adultes attentifs et aimants, et à laisser un peu de notre temps de travail au bénéfice de ceux qu’on aime.
Laurent Cambon (avoiralire.com)
Ciné Rencontre
jeudi 5 février
à 19h30
Projection suivie d'un débat
Soirée organisée dans le cadre de la journée nationale de prévention du suicide
THE SON
de Florian Zeller
Avec Hugh Jackman, Laura Dern, Vanessa Kirby
Grande Bretagne - France - 2023 - 2h03 - Version française
À dix-sept ans, Nicholas semble en pleine dérive, il n'est plus cet enfant lumineux qui souriait tout le temps. Que lui arrive-t-il ? Dépassée par la situation, sa mère accepte qu'il aille vivre chez son père, Peter. Remarié depuis peu et père d'un nouveau né, il va tenter de dépasser l'incompréhension, la colère et l'impuissance dans l'espoir de retrouver son fils.
https://ugcdistribution.fr/film/the-son/
A PROPOS
Filmer l’adolescence sans succomber aux stéréotypes d’une certaine jeunesse rebelle et révoltée est très difficile. Florian Zeller offre ici le portrait sensible d’un gamin en dernière année de terminale, aux apparences secrètes et délicates. Il ne va plus en cours et prétexte qu’il ne s’entend plus avec sa mère et qu’il voudrait vivre avec son père. Ce dernier a reconstruit sa vie avec une femme beaucoup plus jeune. C’est un avocat new-yorkais brillant. Il a donné naissance à un petit Théo qui ne facilite pas les vies nocturnes du jeune couple. Si les premières semaines se passent relativement bien au domicile du père, la tristesse finit par reprendre ses droits et le gosse, d’une irrésistible sensibilité, sombre peu à peu dans une douleur infinie.
Florian Zeller met en scène un jeune homme écartelé entre ses parents qui se sont séparés il y a quelques années. Le réalisateur ne propose pas un énième film sur les ravages du divorce. Le propos est évidemment beaucoup plus subtil. Il parle d’une enfance qui ne parvient pas à trouver le bonheur. La douleur submerge l’enfant qui ne parvient pas à trouver dans l’existence un semblant de sens. La manière d’ailleurs dont il confie à ses parents le naufrage mélancolique qui l’étreint est d’une immense beauté. Florian Zeller refuse de céder à un romantisme suranné ou aux lourdeurs du mélodrame. Il décrit cette enfance brisée avec à la fois sobriété, empathie et grandeur. Le récit prend le temps de dérouler la clinique peut-être de tout un pan de notre jeunesse contemporaine où l’argent, le matérialisme, le travail ne suffisent pas à donner du sens à l’existence. Le jeune homme ne ment jamais sur ses sentiments profonds. Il cède au désarroi sans rien cacher de ses larmes, de sa solitude incommensurable, et de ce qu’il croit percevoir comme une sorte de folie qui le guetterait. Pendant ces deux heures, on a presque envie d’étreindre le garçon, tout en sachant, comme les parents d’ailleurs, que l’affection est impuissante face aux tourments qui le dévorent.
Mais le film de Florian Zeller ne se contente pas de décrire la fragilité si touchante du jeune homme. Il regarde un père et une mère, chacun prostré dans la matière brute de leur histoire. Le père a réussi comme avocat. Il domine le monde depuis son bureau où tout New York semble à ses pieds. L’arrivée de son fils dans son domicile l’amène petit à petit à relativiser son attrait pour l’argent et la gloire et à revenir, à petits pas, à l’essentiel. Il y a surtout cette mère abîmée par une rupture qu’elle n’a pas voulu. Le départ de son fils la plonge dans une culpabilité irrésistible où l’on pressent qu’en vérité elle a cessé d’être la mère ou l’épouse que Peter lui avait laissé supposer, avant qu’il ne tombe amoureux d’une femme plus jeune. Le réalisateur ne juge aucun de ses personnages. Il les aime profondément dans leur fragilité, leurs ratages de vie mais aussi leurs joies passagères et leur envie parfaitement intègre d’apporter du bonheur à leur fils. Il les aime dans leurs maladresses, leur impuissance à protéger leur fils de lui-même.
The Son est un film sobre, émouvant, nuancé, qui emporte littéralement le spectateur à l’intérieur même de la psychologie des personnages. La beauté jaillit de ces visages qui ne mentent pas sur la désolation qui les emporte. En même temps, Florian Zeller filme la ville à la façon d’un certain Woody Allen pour lequel les paysages semblent l’exacte réponse aux tourments amoureux de ses personnages. Le long-métrage soulève dans une urgence évidente la question si sensible des troubles mentaux des adolescents aujourd’hui. Le débat est d’autant plus vif que les années de confinement ont broyé les esprits de nombre de jeunes gens. Le réalisateur appelle le spectateur à plus de vigilance, plus d’attention sur tous les petits signes de désarroi chez nos enfants. En tout cas, le film de Florian Zeller nous invite à pas feutré à devenir des adultes attentifs et aimants, et à laisser un peu de notre temps de travail au bénéfice de ceux qu’on aime.
Laurent Cambon (avoiralire.com)

