ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
Le réalisateur Benoît Jacquot a tenu sa promesse à Marguerite Duras : adapter pour le cinéma sa pièce de théâtre Suzanna Andler, une exploration du sentiment amoureux, entre amitié, désir et passion.
Du « Boulevard racinisé », telle est Suzanna Andler pour le cinéaste Benoît Jacquot. Mais plus encore, c’est une promesse faite à Marguerite Duras : celle de réaliser un film à partir de sa pièce de théâtre, publiée en 1968. Le réalisateur, assistant et ami de l’écrivaine, lui emprunte une forme d’économie de moyens et de mots pour exprimer « une géométrie mentale, sentimentale ». Charlotte Gainsbourg, alias Suzanna Andler, femme trompée par son mari, trompe à son tour sa solitude et son ennui avec Niels Schneider, dit Michel. Dans le salon d’une maison avec vue sur la Méditerranée, hors saison, ces deux personnages composent avec l’unité de temps, de lieu et d’action. Le monde extérieur n’est convié que par allusions : Jean le mari, les villes alentours telles Nice ou Marseille, les voisins, une amie. L’essentiel porte sur le triangle amoureux au sommet duquel Suzanna se trouve. Ses trois branches sont classiquement l’amitié, le désir et la passion, dans des dimensions inégales, comme le rappelle le philosophe Francis Wolff : par exemple, chez Suzanna, plus d’amitié que de désir pour Jean, plus de désir que d’amitié pour Michel, une forme de passion pour tous les deux. Cet équilibre demeure instable et hétérogène, si bien qu’il « n’y a pas d’amour parfait?», comme l’écrit Francis Wolff et le montre Benoît Jacquot après Duras. Pire, l’amour étant aussi inconstant, il ne répond à aucun principe éthique, toujours tributaire d’une expérience radicale de la liberté. Elle fait dire à Suzanna en guise de dénouement : « Peut-être que je t’aime. »
Cédric Enjalbert (Philosophie magazine)
Soirée rencontre
mercredi 9 juin
2021 à 19h45
en présence de Benoit Jacquot, réalisateur
Séance organisée en collaboration avec Cinéma Parlant
SUZANNA ANDLER
de Benoit Jacquot
avec Charlotte Gainsbourg, Niels Schneider, Julia Roy
FRANCE - 2020 - 1h31
D'après la pièce de Marguerite Duras (1968)
https://filmsdulosange.com/film/suzanna-andler-2/
A PROPOS
Le réalisateur Benoît Jacquot a tenu sa promesse à Marguerite Duras : adapter pour le cinéma sa pièce de théâtre Suzanna Andler, une exploration du sentiment amoureux, entre amitié, désir et passion.
Du « Boulevard racinisé », telle est Suzanna Andler pour le cinéaste Benoît Jacquot. Mais plus encore, c’est une promesse faite à Marguerite Duras : celle de réaliser un film à partir de sa pièce de théâtre, publiée en 1968. Le réalisateur, assistant et ami de l’écrivaine, lui emprunte une forme d’économie de moyens et de mots pour exprimer « une géométrie mentale, sentimentale ». Charlotte Gainsbourg, alias Suzanna Andler, femme trompée par son mari, trompe à son tour sa solitude et son ennui avec Niels Schneider, dit Michel. Dans le salon d’une maison avec vue sur la Méditerranée, hors saison, ces deux personnages composent avec l’unité de temps, de lieu et d’action. Le monde extérieur n’est convié que par allusions : Jean le mari, les villes alentours telles Nice ou Marseille, les voisins, une amie. L’essentiel porte sur le triangle amoureux au sommet duquel Suzanna se trouve. Ses trois branches sont classiquement l’amitié, le désir et la passion, dans des dimensions inégales, comme le rappelle le philosophe Francis Wolff : par exemple, chez Suzanna, plus d’amitié que de désir pour Jean, plus de désir que d’amitié pour Michel, une forme de passion pour tous les deux. Cet équilibre demeure instable et hétérogène, si bien qu’il « n’y a pas d’amour parfait?», comme l’écrit Francis Wolff et le montre Benoît Jacquot après Duras. Pire, l’amour étant aussi inconstant, il ne répond à aucun principe éthique, toujours tributaire d’une expérience radicale de la liberté. Elle fait dire à Suzanna en guise de dénouement : « Peut-être que je t’aime. »
Cédric Enjalbert (Philosophie magazine)