ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Teddy est une bizarrerie, un film atypique qui a eu de la chance de trouver des producteurs courageux pour le mener à bien. Si le cinéma de genre est déjà réputé difficile en France (alors que pourtant, on se débrouille très bien !), le duo Ludovic et Zoran Boukherma y ajoute de surcroît des éléments de comédie décalée et de drame social, faisant ainsi de leur film de loup-garou, un cocktail méchamment original où le fantastique vient s’insérer dans un réalisme tangible mais néanmoins entiché d’un ton presque lunaire. Comme si Dupontel rencontrait John Carpenter.
Ludovic et Zoran Boukherma importent le mythe du lycanthrope dans une bonne vieille campagne française à tendance plouc. L’originalité du cadre va alors impacter l’originalité des personnages et surtout l’originalité de l’irruption du fantastique, sa progression et sa destination. Surtout, elle va permettre à ce Teddy de s’offrir une patte (velue), différente des traditionnelles séries B inspirées du cinéma des 80’s. Teddy s’en inspire bien évidemment car ses auteurs ont été biberonnés à ce cinéma là, mais il parvient à trouver sa propre voie et à s’incarner comme un ofni sans cesse balancé entre le grotesque amusant, le frisson tapi dans l’ombre et le portrait sociologique et politisé de ces contrées profondes enfermées dans leurs jugements moraux. Car c’est là l’un des multiples visages de Teddy, il est aussi un film à discours (mais sans aucun esprit prétentieux). Le fantastique a toujours été un vecteur pour dire des choses. Les réalisateurs y évoquent ces campagnes profondes où la différence est mal vue voire peu acceptée, où le traditionalisme donne lieu à un curieux mix de population entre anciens rétrogrades et jeunes formatés dans leur moule obtus rejetant la marginalité de toutes sortes. Le regard sociologique est d’autant plus malin qu’il s’insère parfaitement dans un film de genre aux allures de petite pépite métaphorique, certes imparfaite (pas mal de seconds rôles jouent comme des panards atrophiés) mais très attachante.
L’équilibre de Teddy réside dans sa capacité à jongler avec ses thèmes, ses tons et ses moyens. D’abord, les personnages, Teddy en tête, qui est comme les loups des Pyrénées, rejeté et mal aimé par sa contrée où il fait tâche car il trouble l’ordre public. Mais plutôt que de suivre le canevas classique du film de loup-garou, les frères Boukherma le prennent à l’envers. Teddy est d’abord rage et colère, il fait chier sa communauté, il est bruyant, voyant, enfermé dans son animalité inclassable. Quand il devient « loup », c’est là qu’explose sa tendresse, sa douceur, sa volonté de normalité, alors qu’il tente de réprimer ses pulsions violentes. Et le film de jouer avec ce ressort en traversant autant la comédie que le drame ou le pur film d’horreur privilégiant l’économie à la démonstration, la malice et l’inspiration au déversoir sensationnaliste facile. A l’arrivée, un film qui est autant frisson, qu’émotion et réflexion.
Nicolas Rieux (mondocine.net)
Avant-première Festival Télérama
mardi 15 juin
2021 à 17h45
Pour célébrer le retour en salles, Télérama, avec le soutien de ses partenaires, l’Association Française des Cinémas Art et Essai et BNP Paribas, organise du 9 au 15 juin, un nouveau festival : le Festival Avant-premières Télérama.
5€ la place sur présentation du Pass Télérama disponible dans le numéro spécial cinéma du 26 mai et sur Télérama.fr pour les abonnés.
TEDDY
de Ludovic & Zoran Boukherma
avec Anthony Bajon, Christine Gautier, Noémie Lvovsky
FRANCE - 2020 - 1h28 - Interdit aux moins de 12 ans - Prix du Jury Festival du Film Fantastique de Gérardmer 2021
Dans les Pyrénées, un loup attise la colère des villageois.Teddy, 19 ans, sans diplôme, vit avec son oncle adoptif et travaille dans un salon de massage. Sa petite amie Rebecca passe bientôt son bac, promise à un avenir radieux. Pour eux, c’est un été ordinaire qui s’annonce. Mais un soir de pleine lune, Teddy est griffé par une bête inconnue. Les semaines qui suivent, il est pris de curieuses pulsions animales…
https://www.les-bookmakers.com/films/teddy/
A PROPOS
Teddy est une bizarrerie, un film atypique qui a eu de la chance de trouver des producteurs courageux pour le mener à bien. Si le cinéma de genre est déjà réputé difficile en France (alors que pourtant, on se débrouille très bien !), le duo Ludovic et Zoran Boukherma y ajoute de surcroît des éléments de comédie décalée et de drame social, faisant ainsi de leur film de loup-garou, un cocktail méchamment original où le fantastique vient s’insérer dans un réalisme tangible mais néanmoins entiché d’un ton presque lunaire. Comme si Dupontel rencontrait John Carpenter.
Ludovic et Zoran Boukherma importent le mythe du lycanthrope dans une bonne vieille campagne française à tendance plouc. L’originalité du cadre va alors impacter l’originalité des personnages et surtout l’originalité de l’irruption du fantastique, sa progression et sa destination. Surtout, elle va permettre à ce Teddy de s’offrir une patte (velue), différente des traditionnelles séries B inspirées du cinéma des 80’s. Teddy s’en inspire bien évidemment car ses auteurs ont été biberonnés à ce cinéma là, mais il parvient à trouver sa propre voie et à s’incarner comme un ofni sans cesse balancé entre le grotesque amusant, le frisson tapi dans l’ombre et le portrait sociologique et politisé de ces contrées profondes enfermées dans leurs jugements moraux. Car c’est là l’un des multiples visages de Teddy, il est aussi un film à discours (mais sans aucun esprit prétentieux). Le fantastique a toujours été un vecteur pour dire des choses. Les réalisateurs y évoquent ces campagnes profondes où la différence est mal vue voire peu acceptée, où le traditionalisme donne lieu à un curieux mix de population entre anciens rétrogrades et jeunes formatés dans leur moule obtus rejetant la marginalité de toutes sortes. Le regard sociologique est d’autant plus malin qu’il s’insère parfaitement dans un film de genre aux allures de petite pépite métaphorique, certes imparfaite (pas mal de seconds rôles jouent comme des panards atrophiés) mais très attachante.
L’équilibre de Teddy réside dans sa capacité à jongler avec ses thèmes, ses tons et ses moyens. D’abord, les personnages, Teddy en tête, qui est comme les loups des Pyrénées, rejeté et mal aimé par sa contrée où il fait tâche car il trouble l’ordre public. Mais plutôt que de suivre le canevas classique du film de loup-garou, les frères Boukherma le prennent à l’envers. Teddy est d’abord rage et colère, il fait chier sa communauté, il est bruyant, voyant, enfermé dans son animalité inclassable. Quand il devient « loup », c’est là qu’explose sa tendresse, sa douceur, sa volonté de normalité, alors qu’il tente de réprimer ses pulsions violentes. Et le film de jouer avec ce ressort en traversant autant la comédie que le drame ou le pur film d’horreur privilégiant l’économie à la démonstration, la malice et l’inspiration au déversoir sensationnaliste facile. A l’arrivée, un film qui est autant frisson, qu’émotion et réflexion.
Nicolas Rieux (mondocine.net)