ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
À une époque où les comédies musicales ne s’assument plus en tant que telles, cachant leur véritable nature durant leur promotion par peur de la réaction du public, Diastème avance à découvert avec son cinquième long-métrage intitulé Joli Joli, qui transpire son amour pour un genre que beaucoup trouvent aujourd’hui désuet. En s’associant à Alex Beaupain et Christophe Honoré (présent en tant que producteur), le cinéaste convoque l’esprit de Jacques Demy pour mettre en scène une véritable opérette qui, derrière une façade résolument kitsch, n’hésite pas à aborder des thématiques actuelles – profitant de son écrin suranné pour dénoncer une société se renfermant bien trop souvent dans des cases.
Cinéma, moteur, musique. En ancrant leur récit à la fin des années 70, Diastème et son comparse Alex Beaupain – qui cumule les casquettes de co-scénariste, parolier, compositeur – confirment leur volonté de s’inspirer du passé pour remettre en contexte une réalité pas si lointaine, où les idées reçues allaient bon train quant aux rapports hommes/femmes et les préférences sexuelles de chacun et chacune. Au gré de romances contrariées, principale arche narrative du film, nos deux chefs d’orchestre suivent une partition synonyme de valse sentimentale, où la romance tournoie avec la jalousie pour mieux faire parler les cœurs et accentuer les rancœurs.
Quand un soir de nouvel an, propice à la mélancolie, un écrivain en panne d’inspiration (William Lebghil) rencontre une actrice en pleine ascension (Clara Luciani, convaincante dans son premier rôle sur grand écran), l’amour s’invite à leur table. Mais avoir été frappé par la flèche de Cupidon ne signifie pas que la vie devient un long fleuve tranquille, au contraire. Une descente d’huissier et la proposition obscure d’un producteur/rival amoureux plus tard, cet amour naissant prend l’eau. Dès lors, observer la manière dont le destin va relancer cette idylle contrariée sert de moteur à l’intrigue, qui prend un malin plaisir à mettre des bâtons dans les roues des gens qui s’aiment. Soit un terreau fertile pour convoquer complaintes et désolations, le tout en chansons.
Ainsi, sous les projecteurs, s’expriment les regrets et les remords, le tournage de Joli Joli tournant à la ritournelle pour les âmes en peine présents devant et derrière la caméra. Car la galerie de personnages croqués par Diastème et Alex Beaupain souffre de ne pouvoir être avec l’être aimé, instillant de ce fait une atmosphère douce-amère au chassé-croisé amoureux ici développé, pimenté par les quiproquos et les mensonges. Ce qui inspire de beaux morceaux originaux, la musique étant omniprésente dans cet exercice de style qui, en plus de faire résonner l’esprit des seventies se veut une lettre d’amour au cinéma de cette décennie. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les mythiques studios de la Cinecittà aient une place de choix dans l’histoire. Le septième art est célébré avec sincérité, notamment dans un dernier acte à double-sens, la mise en abîme étant de mise pour souligner la difficulté d’attirer les foules avec des productions sortant du lot. Ce qui rejoint le sujet central de l’œuvre quant au fait de déborder d’un cadre pré-établi, peut importe son sexe.
Concernant la distribution, Clara Luciani et William Lebghil peuvent se reposer sur les épaules de leurs camarades de jeu, Laura Felpin, Grégoire Ludig ou encore José Garcia étant loin de faire de la figuration, donnant du corps à la prestation collégiale voulue par Disatème. Question mise en scène, les codes de la comédie musicale d’antan sont respectés avec tournage en studio et effets rétro pour ajouter de la poésie à l’ensemble. Grâce aux efforts communs du directeur de la photographie, Philippe Guilbert, de la décoratrice Chloé Cambournac ainsi que de la costumière Alexandra Charles, on se croirait vraiment revenu à l’âge d’or du genre en termes de direction artistique, avec une esthétique de premier ordre. En résulte un bien joli joli hommage à ce pan du cinéma, qui n’a pas dit son dernier mot.
(seriesdefilms.com)
JOLI JOLI
de Diastème
avec Clara Luciani, José Garcia, William Lebghil
France - 2024 - 1h56
De Paris à Rome dans les années 70, le destin d'un écrivain fauché percute celui d'une star montante du cinéma. Leur chemin vers l'amour sera semé d'embuches, de quiproquos et rebondissements.
https://www.hautetcourt.com/films/joli-joli/
A PROPOS
À une époque où les comédies musicales ne s’assument plus en tant que telles, cachant leur véritable nature durant leur promotion par peur de la réaction du public, Diastème avance à découvert avec son cinquième long-métrage intitulé Joli Joli, qui transpire son amour pour un genre que beaucoup trouvent aujourd’hui désuet. En s’associant à Alex Beaupain et Christophe Honoré (présent en tant que producteur), le cinéaste convoque l’esprit de Jacques Demy pour mettre en scène une véritable opérette qui, derrière une façade résolument kitsch, n’hésite pas à aborder des thématiques actuelles – profitant de son écrin suranné pour dénoncer une société se renfermant bien trop souvent dans des cases.
Cinéma, moteur, musique. En ancrant leur récit à la fin des années 70, Diastème et son comparse Alex Beaupain – qui cumule les casquettes de co-scénariste, parolier, compositeur – confirment leur volonté de s’inspirer du passé pour remettre en contexte une réalité pas si lointaine, où les idées reçues allaient bon train quant aux rapports hommes/femmes et les préférences sexuelles de chacun et chacune. Au gré de romances contrariées, principale arche narrative du film, nos deux chefs d’orchestre suivent une partition synonyme de valse sentimentale, où la romance tournoie avec la jalousie pour mieux faire parler les cœurs et accentuer les rancœurs.
Quand un soir de nouvel an, propice à la mélancolie, un écrivain en panne d’inspiration (William Lebghil) rencontre une actrice en pleine ascension (Clara Luciani, convaincante dans son premier rôle sur grand écran), l’amour s’invite à leur table. Mais avoir été frappé par la flèche de Cupidon ne signifie pas que la vie devient un long fleuve tranquille, au contraire. Une descente d’huissier et la proposition obscure d’un producteur/rival amoureux plus tard, cet amour naissant prend l’eau. Dès lors, observer la manière dont le destin va relancer cette idylle contrariée sert de moteur à l’intrigue, qui prend un malin plaisir à mettre des bâtons dans les roues des gens qui s’aiment. Soit un terreau fertile pour convoquer complaintes et désolations, le tout en chansons.
Ainsi, sous les projecteurs, s’expriment les regrets et les remords, le tournage de Joli Joli tournant à la ritournelle pour les âmes en peine présents devant et derrière la caméra. Car la galerie de personnages croqués par Diastème et Alex Beaupain souffre de ne pouvoir être avec l’être aimé, instillant de ce fait une atmosphère douce-amère au chassé-croisé amoureux ici développé, pimenté par les quiproquos et les mensonges. Ce qui inspire de beaux morceaux originaux, la musique étant omniprésente dans cet exercice de style qui, en plus de faire résonner l’esprit des seventies se veut une lettre d’amour au cinéma de cette décennie. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les mythiques studios de la Cinecittà aient une place de choix dans l’histoire. Le septième art est célébré avec sincérité, notamment dans un dernier acte à double-sens, la mise en abîme étant de mise pour souligner la difficulté d’attirer les foules avec des productions sortant du lot. Ce qui rejoint le sujet central de l’œuvre quant au fait de déborder d’un cadre pré-établi, peut importe son sexe.
Concernant la distribution, Clara Luciani et William Lebghil peuvent se reposer sur les épaules de leurs camarades de jeu, Laura Felpin, Grégoire Ludig ou encore José Garcia étant loin de faire de la figuration, donnant du corps à la prestation collégiale voulue par Disatème. Question mise en scène, les codes de la comédie musicale d’antan sont respectés avec tournage en studio et effets rétro pour ajouter de la poésie à l’ensemble. Grâce aux efforts communs du directeur de la photographie, Philippe Guilbert, de la décoratrice Chloé Cambournac ainsi que de la costumière Alexandra Charles, on se croirait vraiment revenu à l’âge d’or du genre en termes de direction artistique, avec une esthétique de premier ordre. En résulte un bien joli joli hommage à ce pan du cinéma, qui n’a pas dit son dernier mot.
(seriesdefilms.com)