ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

LES TONTONS FLINGUEURS - Dans le rétro - 2025-12-21

Dans le rétro - dimanche 21 décembre à 16h00

LES TONTONS FLINGUEURS de Georges Lautner

LES VISITEURS - Dans le rétro - 2025-12-28

Dans le rétro - dimanche 28 décembre à 16h00

LES VISITEURS de Jean-Marie Poiré

FATHER MOTHER SISTER BROTHER - Avant-première - 2025-12-28

Avant-première - dimanche 28 décembre à 18h00

FATHER MOTHER SISTER BROTHER de Jim Jarmusch

OSS 117 LE CAIRE NID D'ESPIONS - Dans le rétro - 2026-01-04

Dans le rétro - dimanche 04 janvier à 16h00

OSS 117 LE CAIRE NID D'ESPIONS de Michel Hazanavicius

LE CHANT DES FORÊTS - Cap ciné - 2026-01-09

Cap ciné - vendredi 09 janvier à 14h00

LE CHANT DES FORÊTS de Vincent Munier

ORANGE MÉCANIQUE - Plans Cultes - 2026-01-13

Plans Cultes - mardi 13 janvier à 20h00

ORANGE MÉCANIQUE de Stanley Kubrick

MAGUY MARIN : L'URGENCE D'AGIR - Ciné danse - 2026-01-25

Ciné danse - dimanche 25 janvier à 18h00

MAGUY MARIN : L'URGENCE D'AGIR de David Mambouch

EDEN A L'OUEST - Cinélégende - 2026-02-09

Cinélégende - lundi 09 février à 20h00

EDEN A L'OUEST de Costa Gavras

ERIN BROCKOVICH, SEULE CONTRE TOUS - Soirée CinéConf - 2026-02-12

Soirée CinéConf - jeudi 12 février à 20h00

ERIN BROCKOVICH, SEULE CONTRE TOUS de Steven Soderbergh

INVINCIBLE ÉTÉ - Ciné Doc - 2026-02-23

Ciné Doc - lundi 23 février à 20h00

INVINCIBLE ÉTÉ de Stéphanie Pillonca

UTOPIE ZÉRO CHÔMEUR - Ciné Doc - 2026-03-02

Ciné Doc - lundi 02 mars à 20h00

UTOPIE ZÉRO CHÔMEUR de Claude Baqué

LE MAGNIFIQUE - Plans Cultes - 2026-03-10

Plans Cultes - mardi 10 mars à 20h00

LE MAGNIFIQUE de Philippe de Broca

LE PROFESSIONNEL de Georges Lautner

SOUNDTRACK TO A COUP D'ÉTAT - Ciné Jazz - 2026-03-26

Ciné Jazz - jeudi 26 mars à 20h00

SOUNDTRACK TO A COUP D'ÉTAT de Johan Grimonprez

CONTRE TOUTE LUMIÈRE DANSENT MES OMBRES - Ciné doc / rencontre - 2026-03-30

Ciné doc / rencontre - lundi 30 mars à 20h00

CONTRE TOUTE LUMIÈRE DANSENT MES OMBRES de Nicolas Contant & Sylvain Beaulieu

IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L'OUEST - Plans Cultes - 2026-04-07

Plans Cultes - mardi 07 avril à 20h00

IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L'OUEST de Sergio Leone

TORI ET LOKITA - Cinélégende - 2026-04-09

Cinélégende - jeudi 09 avril à 20h00

TORI ET LOKITA de Jean Pierre & Luc Dardenne

IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION - Plans Cultes - 2026-04-14

Plans Cultes - mardi 14 avril à 20h00

IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION de Sergio Leone

IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE - Plans Cultes - 2026-04-21

Plans Cultes - mardi 21 avril à 20h00

IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE de Sergio Leone

BOOGIE NIGHTS - Plans Cultes - 2026-05-05

Plans Cultes - mardi 05 mai à 20h00

BOOGIE NIGHTS de Paul Thomas Anderson

BELLISSIMA - Luchino Visconti

A PROPOS

L’un des meilleurs films de Visconti, et l’un des plus emblématiques de la grande Anna Magnani, ressort dans une copie splendidement restaurée.
Il y a tellement de choses dans le troisième long métrage, après Ossessione et La terre tremble, de Luchino Visconti (1906-1976) qu’on ne sait pas très bien par où commencer.
C’est d’abord, comme le disent tous·tes les historien·nes, sans doute son dernier film néoréaliste – terme tellement difficile à définir (même Roberto Rossellini, qui fut sans doute le plus néoréaliste des néoréalistes, s’y refusait), et mouvement qui n’en est pas vraiment un. Il manifeste en tout cas déjà un tournant dans son style, lequel s’affirmera dans son film suivant, Senso, œuvre plus romanesque, esthétiquement plus guindée voire somptueuse, qui annonce ses grandes fresques à venir, comme Le Guépard.
C’est l’aspect documentaire de Bellissima, sorti en 1951, qui en fait avant tout une œuvre néoréaliste. Après avoir filmé de vrais pêcheurs siciliens dans La terre tremble (sans aucun·e acteur·rice professionnel·le), il filme ici Cinecittà, soit la Mecque du cinéma italien, construite sous le fascisme et inaugurée en 1937. Une grande partie se déroule dans le complexe et montre les studios (dont le fameux Teatro Cinque, qui deviendra bientôt le “théâtre de pose” préféré de Federico Fellini). Visconti filme l’envers du décor, la fameuse entrée de cette ville de cinéma, les petites mains, les monteuses, les vestiaires, les plateaux, etc.
Bellissima raconte l’histoire d’une infirmière indépendante, Maddalena Cecconi, qui veut absolument que sa petite fille, Maria, soit castée pour jouer un rôle important dans le prochain film de “Monsieur Blasetti” (interprété par le véritable Alessandro Blasetti). Et va tout faire pour y parvenir.
Il décrit aussi avec réalisme la vie dans un quartier et un appartement (quasiment une cave) pauvres de Rome, avec le linge qui sèche aux fenêtres, les femmes qui crient d’une fenêtre à l’autre, les enfants qui traînent dans les escaliers, les rumeurs qui courent à une vitesse supersonique, etc. Tout un aspect qui peut paraître un peu folklorique aujourd’hui, mais qui rend compte de la réalité du prolétariat romain du début des années 1950.
Et quand Visconti filme une scène de violence conjugale, il la rend terrifiante (d’autant plus que l’on comprend que Spartaco, le mari de Maddalena, est coutumier du fait). Le cinéaste choisit son camp sans ambages : il est du côté de la femme battue et contre l’homme macho au prénom ridicule !
Et puis, il y a Anna Magnani. Visconti travaille enfin avec l’actrice, qui est déjà célèbre (notamment grâce à son rôle dans Rome, ville ouverte, réalisé par son mari de l’époque, Roberto Rossellini) et va devenir pour l’éternité – avec Bellissima et le sublime Mamma Roma de Pier Paolo Pasolini, par exemple – la “louve” (c’est l’un de ses surnoms, avec “Nanarella” et “La Magnani”), l’incarnation absolue de la femme romaine : caractère bien trempé, voix rauque quand elle crie, accent romain à couper au couteau, rire à pleines dents, cheveux en bataille… Elle est très théâtrale (on dirait très “drama queen” aujourd’hui), mais aussi sensuelle, fragile et sensible sous son aspect de battante.
Dans Bellissima, elle montre une fois de plus qu’elle sait tout jouer. Ou plutôt que tous les sentiments qui la parcourent se reflètent tellement sur son visage, que le·la spectateur·rice les saisit tous au passage, en un quart de seconde, car ces sentiments changeants défilent à une vitesse folle mais sont reconnaissables immédiatement. On raconte que Visconti aimait tellement Magnani comme actrice qu’il avait, avec ses scénaristes Suso Cecchi D’Amico et Francesco Rosi, réecrit le script du non moins grand Cesare Zavattini pour elle.
Il y a, dans ce très beau film, une scène particulièrement belle et complexe, ambiguë, et sans doute difficile à mettre en scène et à interpréter. Maddalena s’est fait embobiner par Alberto, un beau gosse assistant (joué par le tout jeune Walter Chiari, qui devint célèbre par la suite – et l’un des amants d’Ava Gardner, mais c’est une autre histoire), qui lui a promis de l’aider à imposer la petite Maria à Blasetti contre une somme rondelette – toutes ses économies –, censée l’aider à graisser la patte des producteur·rices et des autres assistant·es.
En réalité, il n’en a rien fait et s’est acheté un scooter (un Lambretta) avec l’argent. Maddalena s’en rend compte mais, contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer, ne réagit pas. Elle l’invite même à déjeuner chez son horrible belle-mère, qui tient une petite trattoria au bord d’une rivière. À la fin du repas, Alberto attire Maddalena au bord de la rivière, et il et elle s’assoient au bord de l’eau (ce passage rappelle d’ailleurs Partie de campagne, de Jean Renoir, chef d’œuvre sur lequel Visconti, tout jeune débutant, travailla).
Maddalena n’est pas idiote et sait très bien où il veut en venir. Elle le laisse longuement la draguer, et au dernier moment, lui rit au nez. C’est sa vengeance. Dans cette scène aussi cruelle que crue (comment frustrer un homme) sans être explicite, Magnani est géniale. Parce que le·la spectateur·rice se demande à un moment si elle n’est pas en train de craquer, de céder aux avances d’Alberto, malgré sa lourdeur. C’est magnifique.
Je ne raconterai évidemment pas la fin, mais elle est splendide, à pleurer, parce que le film devient soudain un mélodrame. Mais Maddalena a gardé sa dignité, malgré tout.
Voilà. Bellissima, comme l’indique son titre, est un très beau long métrage. D’autant plus beau que la copie restaurée proposée par les Films du Camélia est superbe. Tellement beau que Pedro Almodóvar en montre quelques images dans Volver.
Jean-Baptiste Morain (Les inrocks)

Séance d'ouverture
mercredi 20 mars 2024 à 20h00

Séance d'ouverture de la semaine italienne présentée par
Marie-France Touati-Caraguel, Association Cinéma Parlant

Soirée organisée en collaboration avec Cinéma Parlant dans le cadre de la semaine de cinéma de langue italienne


BELLISSIMA

de Luchino Visconti

avec Anna Magnani, Walter Chiari, Tina Apicella
ITALIE - 1951 - 1h56 - Version originale sous titrée

À Cinecittà, dans l'Italie d'après-guerre, le réalisateur Alessandro Blasetti lance un casting pour trouver l'enfant de son prochain film. Maddalena y voit l'occasion pour sa fille Maria de vivre une vie meilleure. Elle sacrifie alors son mariage et ses économies pour lui offrir les leçons qui feront d'elle une star. Arrive enfin le grand jour des essais…
https://lesfilmsducamelia.com/films/bellissima-2/

A PROPOS

L’un des meilleurs films de Visconti, et l’un des plus emblématiques de la grande Anna Magnani, ressort dans une copie splendidement restaurée.
Il y a tellement de choses dans le troisième long métrage, après Ossessione et La terre tremble, de Luchino Visconti (1906-1976) qu’on ne sait pas très bien par où commencer.
C’est d’abord, comme le disent tous·tes les historien·nes, sans doute son dernier film néoréaliste – terme tellement difficile à définir (même Roberto Rossellini, qui fut sans doute le plus néoréaliste des néoréalistes, s’y refusait), et mouvement qui n’en est pas vraiment un. Il manifeste en tout cas déjà un tournant dans son style, lequel s’affirmera dans son film suivant, Senso, œuvre plus romanesque, esthétiquement plus guindée voire somptueuse, qui annonce ses grandes fresques à venir, comme Le Guépard.
C’est l’aspect documentaire de Bellissima, sorti en 1951, qui en fait avant tout une œuvre néoréaliste. Après avoir filmé de vrais pêcheurs siciliens dans La terre tremble (sans aucun·e acteur·rice professionnel·le), il filme ici Cinecittà, soit la Mecque du cinéma italien, construite sous le fascisme et inaugurée en 1937. Une grande partie se déroule dans le complexe et montre les studios (dont le fameux Teatro Cinque, qui deviendra bientôt le “théâtre de pose” préféré de Federico Fellini). Visconti filme l’envers du décor, la fameuse entrée de cette ville de cinéma, les petites mains, les monteuses, les vestiaires, les plateaux, etc.
Bellissima raconte l’histoire d’une infirmière indépendante, Maddalena Cecconi, qui veut absolument que sa petite fille, Maria, soit castée pour jouer un rôle important dans le prochain film de “Monsieur Blasetti” (interprété par le véritable Alessandro Blasetti). Et va tout faire pour y parvenir.
Il décrit aussi avec réalisme la vie dans un quartier et un appartement (quasiment une cave) pauvres de Rome, avec le linge qui sèche aux fenêtres, les femmes qui crient d’une fenêtre à l’autre, les enfants qui traînent dans les escaliers, les rumeurs qui courent à une vitesse supersonique, etc. Tout un aspect qui peut paraître un peu folklorique aujourd’hui, mais qui rend compte de la réalité du prolétariat romain du début des années 1950.
Et quand Visconti filme une scène de violence conjugale, il la rend terrifiante (d’autant plus que l’on comprend que Spartaco, le mari de Maddalena, est coutumier du fait). Le cinéaste choisit son camp sans ambages : il est du côté de la femme battue et contre l’homme macho au prénom ridicule !
Et puis, il y a Anna Magnani. Visconti travaille enfin avec l’actrice, qui est déjà célèbre (notamment grâce à son rôle dans Rome, ville ouverte, réalisé par son mari de l’époque, Roberto Rossellini) et va devenir pour l’éternité – avec Bellissima et le sublime Mamma Roma de Pier Paolo Pasolini, par exemple – la “louve” (c’est l’un de ses surnoms, avec “Nanarella” et “La Magnani”), l’incarnation absolue de la femme romaine : caractère bien trempé, voix rauque quand elle crie, accent romain à couper au couteau, rire à pleines dents, cheveux en bataille… Elle est très théâtrale (on dirait très “drama queen” aujourd’hui), mais aussi sensuelle, fragile et sensible sous son aspect de battante.
Dans Bellissima, elle montre une fois de plus qu’elle sait tout jouer. Ou plutôt que tous les sentiments qui la parcourent se reflètent tellement sur son visage, que le·la spectateur·rice les saisit tous au passage, en un quart de seconde, car ces sentiments changeants défilent à une vitesse folle mais sont reconnaissables immédiatement. On raconte que Visconti aimait tellement Magnani comme actrice qu’il avait, avec ses scénaristes Suso Cecchi D’Amico et Francesco Rosi, réecrit le script du non moins grand Cesare Zavattini pour elle.
Il y a, dans ce très beau film, une scène particulièrement belle et complexe, ambiguë, et sans doute difficile à mettre en scène et à interpréter. Maddalena s’est fait embobiner par Alberto, un beau gosse assistant (joué par le tout jeune Walter Chiari, qui devint célèbre par la suite – et l’un des amants d’Ava Gardner, mais c’est une autre histoire), qui lui a promis de l’aider à imposer la petite Maria à Blasetti contre une somme rondelette – toutes ses économies –, censée l’aider à graisser la patte des producteur·rices et des autres assistant·es.
En réalité, il n’en a rien fait et s’est acheté un scooter (un Lambretta) avec l’argent. Maddalena s’en rend compte mais, contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer, ne réagit pas. Elle l’invite même à déjeuner chez son horrible belle-mère, qui tient une petite trattoria au bord d’une rivière. À la fin du repas, Alberto attire Maddalena au bord de la rivière, et il et elle s’assoient au bord de l’eau (ce passage rappelle d’ailleurs Partie de campagne, de Jean Renoir, chef d’œuvre sur lequel Visconti, tout jeune débutant, travailla).
Maddalena n’est pas idiote et sait très bien où il veut en venir. Elle le laisse longuement la draguer, et au dernier moment, lui rit au nez. C’est sa vengeance. Dans cette scène aussi cruelle que crue (comment frustrer un homme) sans être explicite, Magnani est géniale. Parce que le·la spectateur·rice se demande à un moment si elle n’est pas en train de craquer, de céder aux avances d’Alberto, malgré sa lourdeur. C’est magnifique.
Je ne raconterai évidemment pas la fin, mais elle est splendide, à pleurer, parce que le film devient soudain un mélodrame. Mais Maddalena a gardé sa dignité, malgré tout.
Voilà. Bellissima, comme l’indique son titre, est un très beau long métrage. D’autant plus beau que la copie restaurée proposée par les Films du Camélia est superbe. Tellement beau que Pedro Almodóvar en montre quelques images dans Volver.
Jean-Baptiste Morain (Les inrocks)