LA TERRE DES HOMMES - Naël Marandin

A PROPOS

"Des jeunes avec de l’ambition et des idées, c’est exactement ce dont notre région a besoin, vous pouvez compter sur mon soutien." Quand votre exploitation familiale est dans la dernière ligne droite d’un redressement judiciaire, à deux doigts d’être vendue, que les cours du marché des bestiaux ne cessent de baisser et de vous étrangler, et que votre projet de relance passe obligatoirement par le feu vert de la Safer (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural) à travers une préemption dans le cadre de l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs, toute main tendue semble à priori la bienvenue. Mais les positions de faiblesse excitent l’appétit des individus malintentionnés, tout particulièrement si vous êtes une jolie jeune femme dans un univers très machiste.
Telle est la trame de La Terre des hommes, le second long de Naël Marandin. Un film très réussi à la fois dans l’originale superposition de deux sujets faisant l’actualité ces dernières années (les difficultés économiques du monde paysan et les abus de position dominante à des fins de harcèlement sexuel) et à travers une approche très réaliste, quasi documentaire et restituée de manière crédible par ses interprètes dans un déroulé narratif romanesque parfaitement maîtrisé.
Meuglements, déchargement de bovins : dans l’arène locale de vente aux enchères, Constance (une épatante Diane Rouxel) est confrontée à l’implacable réalité du marché. L’élevage qu’elle gère avec son père Bernard (Olivier Gourmet) et son futur mari Bruno (Finnegan Oldfield) est condamné sous sa forme actuelle et déjà quelques voisins "vautours" rôdent dans l’attente de la faillite. Mais la jeune femme a une idée d’avenir : "produire de quoi nourrir nos bêtes, travailler plus nature et passer en vente directe pour ne pas laisser les profits à la grande distribution". Un projet qui a besoin du feu vert du conseil d’administration de l’organisme régulant le foncier rural dans le secteur. Et justement, le pilote de la place de marché, Sylvain Rousseau (Jalil Lespert), y siège et laisse entrevoir à Constance la possibilité d’intervenir en sa faveur. Mais, comme le dit sa femme, la vétérinaire du coin, quand ce quadragénaire père de famille "a quelque chose en tête, il n’y a pas grand monde qui peut l’arrêter" et son intérêt se révèle rapidement aller bien au-delà de la relation professionnelle, ce qui piège Constance en victime silencieuse à la merci d’un pervers manipulateur…
Très bien informé sur les luttes dans l’univers des éleveurs (manœuvres pour le pouvoir syndical, stratégies de la montée en gamme ou d’agrandissement des exploitations) et sur le rude quotidien du métier, La Terre des hommes se déploie sur un excellent scénario, une mise en scène dynamique et une belle photographie très organique. Solide à tous les niveaux, le film fait un sans-faute en termes de rythme, dans la veine d’un cinéma social passionnant et dans le sillage d’une héroïne féminine en butte au côtés obscurs de la domination masculine, mais qui ne se laissera pas faire.

Fabien Lemercier (cineuropa.org)

Avant-première Festival Télérama
dimanche 13 juin 2021 à 17h45

Pour célébrer le retour en salles, Télérama, avec le soutien de ses partenaires, l’Association Française des Cinémas Art et Essai et BNP Paribas, organise du 9 au 15 juin, un nouveau festival : le Festival Avant-premières Télérama.

5€ la place sur présentation du Pass Télérama disponible dans le numéro spécial cinéma du 26 mai et sur Télérama.fr pour les abonnés.


LA TERRE DES HOMMES

de Naël Marandin

avec Diane Rouxel, Finnegan Oldfield, Jalil Lespert
FRANCE - 2020 - 1h36 - Semaine de la Critique Cannes 2020

Constance est fille d’agriculteur. Avec son fiancé, elle veut reprendre l’exploitation de son père et la sauver de la faillite. Pour cela, il faut s’agrandir, investir et s’imposer face aux grands exploitants qui se partagent la terre et le pouvoir. Battante, Constance obtient le soutien de l’un d’eux. Influent et charismatique, il tient leur avenir entre ses mains. Mais quand il impose son désir au milieu des négociations, Constance doit faire face à cette nouvelle violence.
https://www.advitamdistribution.com/films/la-terre-des-hommes/

A PROPOS

"Des jeunes avec de l’ambition et des idées, c’est exactement ce dont notre région a besoin, vous pouvez compter sur mon soutien." Quand votre exploitation familiale est dans la dernière ligne droite d’un redressement judiciaire, à deux doigts d’être vendue, que les cours du marché des bestiaux ne cessent de baisser et de vous étrangler, et que votre projet de relance passe obligatoirement par le feu vert de la Safer (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural) à travers une préemption dans le cadre de l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs, toute main tendue semble à priori la bienvenue. Mais les positions de faiblesse excitent l’appétit des individus malintentionnés, tout particulièrement si vous êtes une jolie jeune femme dans un univers très machiste.
Telle est la trame de La Terre des hommes, le second long de Naël Marandin. Un film très réussi à la fois dans l’originale superposition de deux sujets faisant l’actualité ces dernières années (les difficultés économiques du monde paysan et les abus de position dominante à des fins de harcèlement sexuel) et à travers une approche très réaliste, quasi documentaire et restituée de manière crédible par ses interprètes dans un déroulé narratif romanesque parfaitement maîtrisé.
Meuglements, déchargement de bovins : dans l’arène locale de vente aux enchères, Constance (une épatante Diane Rouxel) est confrontée à l’implacable réalité du marché. L’élevage qu’elle gère avec son père Bernard (Olivier Gourmet) et son futur mari Bruno (Finnegan Oldfield) est condamné sous sa forme actuelle et déjà quelques voisins "vautours" rôdent dans l’attente de la faillite. Mais la jeune femme a une idée d’avenir : "produire de quoi nourrir nos bêtes, travailler plus nature et passer en vente directe pour ne pas laisser les profits à la grande distribution". Un projet qui a besoin du feu vert du conseil d’administration de l’organisme régulant le foncier rural dans le secteur. Et justement, le pilote de la place de marché, Sylvain Rousseau (Jalil Lespert), y siège et laisse entrevoir à Constance la possibilité d’intervenir en sa faveur. Mais, comme le dit sa femme, la vétérinaire du coin, quand ce quadragénaire père de famille "a quelque chose en tête, il n’y a pas grand monde qui peut l’arrêter" et son intérêt se révèle rapidement aller bien au-delà de la relation professionnelle, ce qui piège Constance en victime silencieuse à la merci d’un pervers manipulateur…
Très bien informé sur les luttes dans l’univers des éleveurs (manœuvres pour le pouvoir syndical, stratégies de la montée en gamme ou d’agrandissement des exploitations) et sur le rude quotidien du métier, La Terre des hommes se déploie sur un excellent scénario, une mise en scène dynamique et une belle photographie très organique. Solide à tous les niveaux, le film fait un sans-faute en termes de rythme, dans la veine d’un cinéma social passionnant et dans le sillage d’une héroïne féminine en butte au côtés obscurs de la domination masculine, mais qui ne se laissera pas faire.

Fabien Lemercier (cineuropa.org)