ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

NOUS LE PEUPLE - Claudine Bories, Patrice Chagnard

A PROPOS

La démocratie participative a été le fer de lance de nombreux politiques, jusqu’à notre président Macron qui s’était engagé à changer la façon de gouverner. Pour autant, force est de constater que cette belle intention ne parvient pas à trouver sa place sous les dorures de notre République. Le début atteste particulièrement de ce paradoxe politique. Le président de l’Assemblée nationale, un certain François de Rugy, pénètre dans l’Assemblée, entouré d’une cohorte solennelle d’officiers. Il va ouvrir une Constituante, fait rare dans l’histoire de nos institutions. La présidente chargée de proposer un nouveau texte se réjouit de porter le projet du président de la République qui, d’après ses dires, exige de changer profondément les modalités politiques en France. Quelques minutes plus tard, c’est à la Ministre de la Justice de prendre la parole dans l’hémicycle et de revendiquer la légitimité de l’Assemblée nationale, à défaut de donner la parole au peuple. La messe est dite. Si la réforme de la Constitution est LA chose publique par excellence, les élites du pouvoir se passeront de la parole des citoyens.

Nous le peuple propose une sorte de débat citoyen, bien avant celui proposé par E. Macron, à la suite du mouvement social des gilets jaunes. Ce débat met en parole un groupe de détenus de la prison de Fleury-Mérogis, un groupe de lycéens de Sarcelles, et un groupe plus hétéroclite d’habitants de Villeneuve-Saint-Georges. Ils ont tous des choses à dire sur le monde, la discrimination, la police, leur place dans la société. Ils le font avec pudeur, grâce à deux animateurs, et une série de films qu’ils se projettent d’un espace à l’autre. Alors, la parole grandit. Elle devient lumineuse, digne, profonde. Elle raconte la violence de l’exclusion, le sentiment de mépris venant des élites parisiennes, elle raconte la beauté possible dans ces cités discriminées ou ces prisons bruyantes.
L’objectif principal du film n’est pas de défendre une esthétique du documentaire. Et pourtant, le format cinématographique est indispensable. Il donne la voix à ces laissés-pour-compte que la présidente même de la commission, Yaël Braun-Pivet rejette dans un courrier particulièrement hors de propos. La députée démontre à quel point les élites politiques sont loin des préoccupations de tout un chacun. Heureusement, le cinéma est là pour donner de l’écho à ces citoyens de seconde zone. La plus émouvante scène demeure celle de l’entretien accordé au groupe, dans une salle de l’Assemblée nationale. La douleur du malentendu explose sous les plafonds dorés. La douleur de la relégation conjuguée au mépris s’exprime sans fard. Les exemples sont concrets, précis. Les femmes parlent de l’abandon de l’espace public. Les politiques écoutent, sourient, compatissent. En vérité, leur témoignage ne sera pas retenu.
Il faut aller voir ce film pour la générosité qu’il donne à voir. On ressort de cette aventure humaine, rassuré par nos banlieues, et surtout avec le sentiment que la vraie vie n’est pas ailleurs. Nous le peuple est un documentaire flamboyant, humaniste et politique, au sens noble du terme. Payer une place pour découvrir le film a quelque chose d’un geste profondément républicain.
Laurent Cambon (Avoiralire)
 

Ciné doc / rencontre
jeudi 19 septembre 2019 à 20h00

En présence de Patrice Chagnard, réalisateur


NOUS LE PEUPLE

de Claudine Bories, Patrice Chagnard

Film documentaire
FRANCE - 2019 - 1h39

Ils s’appellent Fanta, Joffrey, Soumeya... Ils sont en prison, au lycée, au travail. Ils ne se connaissent pas et communiquent par messages vidéo. Ils ont en commun le projet un peu fou d’écrire une nouvelle Constitution. Pendant près d’un an ils vont partager le bonheur et la difficulté de réfléchir ensemble. Ils vont redécouvrir le sens du mot politique. Ils vont imaginer d’autres règles du jeu. Cette aventure va les conduire jusqu’à l’Assemblée Nationale.
https://www.epicentrefilms.com/Nous-le-peuple-Claudine-Bories-et-Patrice-Chagnard

A PROPOS

La démocratie participative a été le fer de lance de nombreux politiques, jusqu’à notre président Macron qui s’était engagé à changer la façon de gouverner. Pour autant, force est de constater que cette belle intention ne parvient pas à trouver sa place sous les dorures de notre République. Le début atteste particulièrement de ce paradoxe politique. Le président de l’Assemblée nationale, un certain François de Rugy, pénètre dans l’Assemblée, entouré d’une cohorte solennelle d’officiers. Il va ouvrir une Constituante, fait rare dans l’histoire de nos institutions. La présidente chargée de proposer un nouveau texte se réjouit de porter le projet du président de la République qui, d’après ses dires, exige de changer profondément les modalités politiques en France. Quelques minutes plus tard, c’est à la Ministre de la Justice de prendre la parole dans l’hémicycle et de revendiquer la légitimité de l’Assemblée nationale, à défaut de donner la parole au peuple. La messe est dite. Si la réforme de la Constitution est LA chose publique par excellence, les élites du pouvoir se passeront de la parole des citoyens.

Nous le peuple propose une sorte de débat citoyen, bien avant celui proposé par E. Macron, à la suite du mouvement social des gilets jaunes. Ce débat met en parole un groupe de détenus de la prison de Fleury-Mérogis, un groupe de lycéens de Sarcelles, et un groupe plus hétéroclite d’habitants de Villeneuve-Saint-Georges. Ils ont tous des choses à dire sur le monde, la discrimination, la police, leur place dans la société. Ils le font avec pudeur, grâce à deux animateurs, et une série de films qu’ils se projettent d’un espace à l’autre. Alors, la parole grandit. Elle devient lumineuse, digne, profonde. Elle raconte la violence de l’exclusion, le sentiment de mépris venant des élites parisiennes, elle raconte la beauté possible dans ces cités discriminées ou ces prisons bruyantes.
L’objectif principal du film n’est pas de défendre une esthétique du documentaire. Et pourtant, le format cinématographique est indispensable. Il donne la voix à ces laissés-pour-compte que la présidente même de la commission, Yaël Braun-Pivet rejette dans un courrier particulièrement hors de propos. La députée démontre à quel point les élites politiques sont loin des préoccupations de tout un chacun. Heureusement, le cinéma est là pour donner de l’écho à ces citoyens de seconde zone. La plus émouvante scène demeure celle de l’entretien accordé au groupe, dans une salle de l’Assemblée nationale. La douleur du malentendu explose sous les plafonds dorés. La douleur de la relégation conjuguée au mépris s’exprime sans fard. Les exemples sont concrets, précis. Les femmes parlent de l’abandon de l’espace public. Les politiques écoutent, sourient, compatissent. En vérité, leur témoignage ne sera pas retenu.
Il faut aller voir ce film pour la générosité qu’il donne à voir. On ressort de cette aventure humaine, rassuré par nos banlieues, et surtout avec le sentiment que la vraie vie n’est pas ailleurs. Nous le peuple est un documentaire flamboyant, humaniste et politique, au sens noble du terme. Payer une place pour découvrir le film a quelque chose d’un geste profondément républicain.
Laurent Cambon (Avoiralire)