ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

ORANGE MÉCANIQUE - Stanley Kubrick

A PROPOS

Adapté du célèbre roman d’Anthony Burgess, récit truffé de phrases argotiques et peut-être encore plus provocant que le long métrage de Kubrick, Orange mécanique a fait date dans ces terribles années 70, qui constituent, par définition, la décennie des films à scandale : Le dernier tango à Paris, La grande bouffe, Salò, pour ne citer qu’eux... et donc Orange mécanique, tournant dans la filmographie du cinéaste démiurge, après le lyrisme spatial de 2001. Retour sur terre, dans une société dystopique, où la violence d’Alex et de sa bande se déchaîne, sur fond de musiques classiques réorchestrées par un des pionniers de l’ère électronique, Walter Carlos. Bien sûr, le grand public a retenu quelques moments emblématiques, souvent choquants : le viol sur fond de mélodie sifflotée (Singing in the Rain, quintessence de la comédie musicale insouciante, ici associée à l’horreur absolue), le tabassage d’un clochard aviné sous un tunnel envahi de brume nocturne, le bar psychédélique où s’abreuvent les voyous aux costumes de marionnettes, l’agression à coups de phallus géant d’une dame atrabilaire...
Curieusement, les moments de la deuxième partie sont moins évoqués. Pourtant, la critique de Kubrick vise d’une manière tout aussi implacable la thérapie de choc imposée par le gouvernement à Alex, le but étant de le neutraliser en lui ôtant tout libre arbitre. La nausée que lui inspire le désir d’une femme -dans une exhibition obscène, orchestrée par l’univers carcéral- devient par capillarité, la nausée que suscitent les réponses d’une société si fière d’elle-même et de sa lutte contre ce qu’elle considère comme une voyoucratie, au nom d’un humanisme qu’elle prétend illustrer. En vérité, la violence répond à une autre violence. Dans une perspective finalement foucaldienne, Kubrick met en scène tous les systèmes de contrôles et de pouvoirs qui permettent à une communauté de juguler une haine qu’elle a elle-même engendrée (les protagonistes ont l’apparence d’automates, ce n’est pas un hasard). On ne s’étonne pas que, dans un tel contexte, les anciens amis du chef de meute, devenu artificiellement inoffensif, aient endossé l’uniforme pour être des policiers sans foi ni loi, comme si les groupes sociaux qui génèrent le pire étaient interchangeables. Certes, le psychédélisme de certains passages a considérablement vieilli. Pour autant, le message politique de cette œuvre radicale n’a rien perdu de son actualité.
Jérémy Gallet (aVoiraLire.com)

Plans Cultes
mardi 9 mai 2023 à 20h00


ORANGE MÉCANIQUE

de Stanley Kubrick

avec Malcolm McDowell, Patrick Magee, Michael Bates
USA - 1971 - 2h16 - VOST - Interdit aux moins de 16 ans - Version restaurée 4K

Dans une Angleterre futuriste et inhumaine, un groupe d'adolescents se déchaînent chaque nuit, frappant et violant d'innocentes victimes. Alex, le leader du gang est arrêté et condamné à 14 ans de prison. Il accepte de se soumettre à une thérapie de choc destinée à faire reculer la criminalité.
https://www.warnerbros.fr/articles/orange-mecanique-stanley-kubrick

A PROPOS

Adapté du célèbre roman d’Anthony Burgess, récit truffé de phrases argotiques et peut-être encore plus provocant que le long métrage de Kubrick, Orange mécanique a fait date dans ces terribles années 70, qui constituent, par définition, la décennie des films à scandale : Le dernier tango à Paris, La grande bouffe, Salò, pour ne citer qu’eux... et donc Orange mécanique, tournant dans la filmographie du cinéaste démiurge, après le lyrisme spatial de 2001. Retour sur terre, dans une société dystopique, où la violence d’Alex et de sa bande se déchaîne, sur fond de musiques classiques réorchestrées par un des pionniers de l’ère électronique, Walter Carlos. Bien sûr, le grand public a retenu quelques moments emblématiques, souvent choquants : le viol sur fond de mélodie sifflotée (Singing in the Rain, quintessence de la comédie musicale insouciante, ici associée à l’horreur absolue), le tabassage d’un clochard aviné sous un tunnel envahi de brume nocturne, le bar psychédélique où s’abreuvent les voyous aux costumes de marionnettes, l’agression à coups de phallus géant d’une dame atrabilaire...
Curieusement, les moments de la deuxième partie sont moins évoqués. Pourtant, la critique de Kubrick vise d’une manière tout aussi implacable la thérapie de choc imposée par le gouvernement à Alex, le but étant de le neutraliser en lui ôtant tout libre arbitre. La nausée que lui inspire le désir d’une femme -dans une exhibition obscène, orchestrée par l’univers carcéral- devient par capillarité, la nausée que suscitent les réponses d’une société si fière d’elle-même et de sa lutte contre ce qu’elle considère comme une voyoucratie, au nom d’un humanisme qu’elle prétend illustrer. En vérité, la violence répond à une autre violence. Dans une perspective finalement foucaldienne, Kubrick met en scène tous les systèmes de contrôles et de pouvoirs qui permettent à une communauté de juguler une haine qu’elle a elle-même engendrée (les protagonistes ont l’apparence d’automates, ce n’est pas un hasard). On ne s’étonne pas que, dans un tel contexte, les anciens amis du chef de meute, devenu artificiellement inoffensif, aient endossé l’uniforme pour être des policiers sans foi ni loi, comme si les groupes sociaux qui génèrent le pire étaient interchangeables. Certes, le psychédélisme de certains passages a considérablement vieilli. Pour autant, le message politique de cette œuvre radicale n’a rien perdu de son actualité.
Jérémy Gallet (aVoiraLire.com)



Plans Cultes - SAISON 2023-2024
mardi 19 septembre à 20h00
mardi 10 octobre à 20h00
DÉLIVRANCE de John Boorman
mardi 31 octobre à 20h00
UNE NUIT EN ENFER de Robert Rodriguez
mardi 14 novembre à 19h00
LA TRILOGIE CORNETTO de Edgar Wright
mardi 12 décembre à 19h45
ALIENS LE RETOUR de James Cameron
mardi 9 janvier à 20h00
FARGO de Joel & Ethan Coen
mercredi 14 février à 20h00
GREASE de Randal Kleiser
mercredi 14 février à 22h00
GREASE de Randal Kleiser
mardi 12 mars à 20h00
GHOST IN THE SHELL de Mamoru Oshii
PAPRIKA de Satoshi Kon
mardi 16 avril à 20h00
mardi 14 mai à 20h00
CASINO de Martin Scorsese