ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
A la fin des années 70, le succès du Muppet Show appelle logiquement une extension au cinéma. Que Jim Henson y ait pensé tout de suite semble être une évidence. Pourtant, cette adaptation n’est pas son premier choix ! Lassé des émissions au ton léger, il aspire à un univers plus sombre, auquel il songe dès 1977. En feuilletant The Pig Tale, un livre inspiré d’un poème de Lewis Carroll, il est interpellé par une illustration : des crocodiles vêtu de bijoux et vivant dans un palais. C’est l’illumination : il tient la première image de The Dark Crystal.
Jim aimait raconter qu’avant d’écrire cette histoire, il avait imaginé un monde fantastique auquel il était possible de croire. Il faudra d’ailleurs attendre plusieurs mois après le lancement de la pré-production pour qu’il écrive un traitement, alors qu’il est bloqué par le blizzard dans un aéroport. David Odell, fidèle collaborateur du show, l’approfondira. Cette approche assumée dès le départ explique la prédominance de l’univers et la faiblesse du scénario, talon d’Achille d’une œuvre mythique. Ainsi, la quête initiatique du héros est-elle moins intéressante que ce concept de l’Etre divisé en deux entités toujours liées : les fourbes Skeksès, contrôlant le château, et les sages Mystiques, réduits à l’exil. Les « Uniques » ont été déchirés quand un fragment du cristal a été arraché. Pour réunifier celui-ci, Jen le Gelfling doit traverser un pays à la fois dangereux et merveilleux. Varié également, le sombre château des uns et les cavernes arides des autres sont séparés par une jungle luxuriante.
Jen n’est peut-être pas charismatique, mais les contrées traversées et les créatures rencontrées sont éblouissantes… et terrifiantes ! En effet, si l’œuvre parait enfantine au premier coup d’œil, son cœur est ténébreux. Et son approche de la spiritualité, plus complexe qu’il n’y parait. L’atmosphère doit beaucoup au jeune illustrateur britannique Brian Froud, qui s’est chargé de mettre par dessin les idées d’Henson. Les deux compères passeront ensemble des jours entiers à discuter de symbolique, de philosophie, de religion, de tout ce qui est nécessaire à rendre crédible un monde. Ils inventent par exemple une Histoire pour la civilisation disparue des Gelflings. Mais au-delà de ses paysages, The Dark Crystal deviendra culte pour ses personnages. Les Gelflings, les Skeksès, les Mystiques, les Garthims, les Landstriders ou encore l’oracle Aughra : tous sont des marionnettes ! Plus que n’importe quelle œuvre, ce film est l’enfant chéri de Jim Henson. Il en est le co-réalisateur (avec Frank Oz, son collègue des Muppets, célèbre pour avoir créé Yoda), et il manipule le personnage principal. En usant de ses 25 années d’expérience dans le milieu, il crée une œuvre d’une ampleur inédite. Son ambition l’amène à réunir une large équipe autour de lui. Les Skeksès et les Mystiques nécessitent quatre à cinq marionnettistes chacun. Une personne, installée dans le corps de chacune d’entre elles, contrôle ses mouvements généraux, tandis que des assistants s’occupent des bras, du visage,… Imaginez le monde sur le plateau lors de la scène finale, réunissant une vingtaine de créatures !
L’équipe ne cesse de créer, d’inventer, de rêver, dans ces studios devenus laboratoires. Ainsi, lorsque l’un des artistes à l’essai fait une démonstration sur ses échasses, l’idée du Landstrider, cette créature aux jambes démesurées, germe immédiatement ! Devant cette ébullition, Henson bâtit, dès 1979, son célèbre Creature Shop, studio d’effets spéciaux. Il a pour objectif de donner à ses créations une expressivité jamais vue encore. Dans le cas présent, il accorde une grande importance aux yeux, confectionnés en verre par une entreprise spécialisée. Pour lui, les marionnettes n’ont plus besoin de la parole pour transmettre des émotions. Au départ, les Skeksès ne poussaient que des cris inintelligibles, qui n’étaient pas sous-titrés. Leurs actions, leurs gestes, leurs regards devaient suffire à faire comprendre un message. Une projection-test condamnera cette idée, puisqu’il s’avère que l’attention des enfants est détournée. Les essais ne sont peut-être pas toujours payants, mais ils témoignent de la recherche permanente dans laquelle a baigné la production.
Difficile de présenter Dark Crystal sans se répandre sur sa conception. Même si ce choix accuse logiquement le coup aujourd’hui, sa puissance visuelle reste intacte. Film unique dans l’histoire du cinéma, il a grandement contribué à la Légende Jim Henson (à côté du Muppet Show). Mais au-delà de la simple performance technique, il nous invite à un voyage merveilleux dans un univers féérique, tel qu’on n’est pas prêt d’en revoir.
cinemafantastique.net
Plans Kids
vendredi 28 février
2020 à 13h30
à partir de 8 ans
DARK CRYSTAL
de Jim Henson & Frank Oz
Film d'animation
USA - 1982 - 1h33 - Version française
Il y a 1000 ans, l'alignement de trois soleils provoqua un séisme qui brisa le cristal, garant de la paix. Les Skekses virent alors le jour. Ces créatures alimentées par l'énergie d'êtres vivants ont semé la mort et la destruction durant leur règne. 1000 ans plus tard, alors qu'une nouvelle conjonction des astres solaires est imminente, les Skekses s'apprêtent à célébrer un nouveau cycle placé sous la terreur. Loin de ces monstres, vit Jen, le dernier des Gelflings, une race exterminée par les Skekses...
A PROPOS
A la fin des années 70, le succès du Muppet Show appelle logiquement une extension au cinéma. Que Jim Henson y ait pensé tout de suite semble être une évidence. Pourtant, cette adaptation n’est pas son premier choix ! Lassé des émissions au ton léger, il aspire à un univers plus sombre, auquel il songe dès 1977. En feuilletant The Pig Tale, un livre inspiré d’un poème de Lewis Carroll, il est interpellé par une illustration : des crocodiles vêtu de bijoux et vivant dans un palais. C’est l’illumination : il tient la première image de The Dark Crystal.
Jim aimait raconter qu’avant d’écrire cette histoire, il avait imaginé un monde fantastique auquel il était possible de croire. Il faudra d’ailleurs attendre plusieurs mois après le lancement de la pré-production pour qu’il écrive un traitement, alors qu’il est bloqué par le blizzard dans un aéroport. David Odell, fidèle collaborateur du show, l’approfondira. Cette approche assumée dès le départ explique la prédominance de l’univers et la faiblesse du scénario, talon d’Achille d’une œuvre mythique. Ainsi, la quête initiatique du héros est-elle moins intéressante que ce concept de l’Etre divisé en deux entités toujours liées : les fourbes Skeksès, contrôlant le château, et les sages Mystiques, réduits à l’exil. Les « Uniques » ont été déchirés quand un fragment du cristal a été arraché. Pour réunifier celui-ci, Jen le Gelfling doit traverser un pays à la fois dangereux et merveilleux. Varié également, le sombre château des uns et les cavernes arides des autres sont séparés par une jungle luxuriante.
Jen n’est peut-être pas charismatique, mais les contrées traversées et les créatures rencontrées sont éblouissantes… et terrifiantes ! En effet, si l’œuvre parait enfantine au premier coup d’œil, son cœur est ténébreux. Et son approche de la spiritualité, plus complexe qu’il n’y parait. L’atmosphère doit beaucoup au jeune illustrateur britannique Brian Froud, qui s’est chargé de mettre par dessin les idées d’Henson. Les deux compères passeront ensemble des jours entiers à discuter de symbolique, de philosophie, de religion, de tout ce qui est nécessaire à rendre crédible un monde. Ils inventent par exemple une Histoire pour la civilisation disparue des Gelflings. Mais au-delà de ses paysages, The Dark Crystal deviendra culte pour ses personnages. Les Gelflings, les Skeksès, les Mystiques, les Garthims, les Landstriders ou encore l’oracle Aughra : tous sont des marionnettes ! Plus que n’importe quelle œuvre, ce film est l’enfant chéri de Jim Henson. Il en est le co-réalisateur (avec Frank Oz, son collègue des Muppets, célèbre pour avoir créé Yoda), et il manipule le personnage principal. En usant de ses 25 années d’expérience dans le milieu, il crée une œuvre d’une ampleur inédite. Son ambition l’amène à réunir une large équipe autour de lui. Les Skeksès et les Mystiques nécessitent quatre à cinq marionnettistes chacun. Une personne, installée dans le corps de chacune d’entre elles, contrôle ses mouvements généraux, tandis que des assistants s’occupent des bras, du visage,… Imaginez le monde sur le plateau lors de la scène finale, réunissant une vingtaine de créatures !
L’équipe ne cesse de créer, d’inventer, de rêver, dans ces studios devenus laboratoires. Ainsi, lorsque l’un des artistes à l’essai fait une démonstration sur ses échasses, l’idée du Landstrider, cette créature aux jambes démesurées, germe immédiatement ! Devant cette ébullition, Henson bâtit, dès 1979, son célèbre Creature Shop, studio d’effets spéciaux. Il a pour objectif de donner à ses créations une expressivité jamais vue encore. Dans le cas présent, il accorde une grande importance aux yeux, confectionnés en verre par une entreprise spécialisée. Pour lui, les marionnettes n’ont plus besoin de la parole pour transmettre des émotions. Au départ, les Skeksès ne poussaient que des cris inintelligibles, qui n’étaient pas sous-titrés. Leurs actions, leurs gestes, leurs regards devaient suffire à faire comprendre un message. Une projection-test condamnera cette idée, puisqu’il s’avère que l’attention des enfants est détournée. Les essais ne sont peut-être pas toujours payants, mais ils témoignent de la recherche permanente dans laquelle a baigné la production.
Difficile de présenter Dark Crystal sans se répandre sur sa conception. Même si ce choix accuse logiquement le coup aujourd’hui, sa puissance visuelle reste intacte. Film unique dans l’histoire du cinéma, il a grandement contribué à la Légende Jim Henson (à côté du Muppet Show). Mais au-delà de la simple performance technique, il nous invite à un voyage merveilleux dans un univers féérique, tel qu’on n’est pas prêt d’en revoir.
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