ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Il suffit d’un instant pour que le jardin d’Eden, fait de rires, d’innocence et de fruits frais, disparaisse et se transforme en arrière-cour hostile gardée par un voisin patibulaire qui vous en chasse en vous menaçant de son fusil. Début de l’été mais fin de l’insouciance pour les cinq sœurs de Mustang, premier long-métrage de la réalisatrice Deniz Gamze Ergüven. La réalisatrice examine ici un passage à l’âge adulte forcé, explorant à travers ses personnages adolescents autant d’élans vers l’émancipation.
Une aura émane de ce groupe de filles dont on ne distingue pas les individus au premier abord. Élancées, les traits fins, la même peau halée et leur longue chevelure brune agitée par le vent, les jeunes filles apparaissent comme un tout, un organisme tentaculaire dont les membres vivent en symbiose. Les premières scènes les montrent réagissant de la même façon et semblant faire front aux mœurs passéistes dans un même mouvement de révolte. C’est toutefois comme conséquence et non comme cause de la dissolution du groupe que naît la volonté d’émancipation la plus farouche, celle de Lale, cadette de la fratrie interprétée par l’attachante Günes Nezihe Sensoy et dont l’intrigue adopte le point de vue. La réalisatrice parvient avec finesse à esquisser le portrait de chaque jeune fille dans la manière par laquelle chacune réagit et résiste aux règles qui leur sont imposées : Sonay, figure solaire à la sensualité en pleine éclosion, Selma, réservée et sans illusions sur son sort, Ece, à la tendance autodestructrice, Nur, à peine entrée dans l’adolescence et qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Si aucune des aînées n’ose effectivement renverser le système patriarcal dans lequel elles sont prises au piège, le personnage de Lale, le plus jeune mais aussi le plus audacieux et subversif, apparaît comme vecteur de changement et espoir d’une nouvelle perception de la féminité.
La réalisatrice prend par ailleurs soin de montrer une figure masculine positive en la personne de Yasin, livreur en camionnette qui, intrigué et amusé par l’obstination de Lale à vouloir rejoindre Istanbul, commence à lui apprendre à conduire. Une manière d’indiquer en douceur une voie de communication et d’entraide entre les êtres, par-delà leur genre et leur appartenance à une génération. Mustang sème des indices vers l’issue la plus efficace contre l’emprisonnement physique et intellectuel de ces jeunes filles : l’éducation. Déscolarisée après le scandale du début du film, ce n’est pas un hasard si Lale se tourne finalement vers son ancienne institutrice afin de trouver de l’aide dans son évasion.
A la fois questionnement sur la place et la perception de la femme dans la société turque et réflexion sur le passage à l’âge adulte, choisi ou non, Mustang s’avère être un premier long-métrage riche et bien mené qui célèbre la fougue de la jeunesse et la liberté.
Marianne Renaud (avoiralire.com)
Soirée rencontre
jeudi 24 novembre
2022 à 20h00
suivie d'un débat en présence de membres du Planning Familial 49 et du CIDFF, Centre d'Information sur le Droit des Femmes et des Familles
Soirée organisée à l'initiative de Solidarité Femmes 49
MUSTANG
de Deniz Gamze Ergüven
avec Erol Afsin, Günes Nezihe Sensoy, Doga Zeynep Doguslu
FRANCE - ALLEMAGNE - TURQUIE - 2015 - 1h34 - VOST - 4 César 2016
C'est le début de l'été.
Dans un village reculé de Turquie, Lale et ses quatre soeurs rentrent de l'école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues.
La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l'école et les mariages commencent à s'arranger.
Les cinq soeurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.
http://www.advitamdistribution.com/mustang/
A PROPOS
Il suffit d’un instant pour que le jardin d’Eden, fait de rires, d’innocence et de fruits frais, disparaisse et se transforme en arrière-cour hostile gardée par un voisin patibulaire qui vous en chasse en vous menaçant de son fusil. Début de l’été mais fin de l’insouciance pour les cinq sœurs de Mustang, premier long-métrage de la réalisatrice Deniz Gamze Ergüven. La réalisatrice examine ici un passage à l’âge adulte forcé, explorant à travers ses personnages adolescents autant d’élans vers l’émancipation.
Une aura émane de ce groupe de filles dont on ne distingue pas les individus au premier abord. Élancées, les traits fins, la même peau halée et leur longue chevelure brune agitée par le vent, les jeunes filles apparaissent comme un tout, un organisme tentaculaire dont les membres vivent en symbiose. Les premières scènes les montrent réagissant de la même façon et semblant faire front aux mœurs passéistes dans un même mouvement de révolte. C’est toutefois comme conséquence et non comme cause de la dissolution du groupe que naît la volonté d’émancipation la plus farouche, celle de Lale, cadette de la fratrie interprétée par l’attachante Günes Nezihe Sensoy et dont l’intrigue adopte le point de vue. La réalisatrice parvient avec finesse à esquisser le portrait de chaque jeune fille dans la manière par laquelle chacune réagit et résiste aux règles qui leur sont imposées : Sonay, figure solaire à la sensualité en pleine éclosion, Selma, réservée et sans illusions sur son sort, Ece, à la tendance autodestructrice, Nur, à peine entrée dans l’adolescence et qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Si aucune des aînées n’ose effectivement renverser le système patriarcal dans lequel elles sont prises au piège, le personnage de Lale, le plus jeune mais aussi le plus audacieux et subversif, apparaît comme vecteur de changement et espoir d’une nouvelle perception de la féminité.
La réalisatrice prend par ailleurs soin de montrer une figure masculine positive en la personne de Yasin, livreur en camionnette qui, intrigué et amusé par l’obstination de Lale à vouloir rejoindre Istanbul, commence à lui apprendre à conduire. Une manière d’indiquer en douceur une voie de communication et d’entraide entre les êtres, par-delà leur genre et leur appartenance à une génération. Mustang sème des indices vers l’issue la plus efficace contre l’emprisonnement physique et intellectuel de ces jeunes filles : l’éducation. Déscolarisée après le scandale du début du film, ce n’est pas un hasard si Lale se tourne finalement vers son ancienne institutrice afin de trouver de l’aide dans son évasion.
A la fois questionnement sur la place et la perception de la femme dans la société turque et réflexion sur le passage à l’âge adulte, choisi ou non, Mustang s’avère être un premier long-métrage riche et bien mené qui célèbre la fougue de la jeunesse et la liberté.
Marianne Renaud (avoiralire.com)