LA CITÉ DE LA PEUR - Alain Berbérian

A PROPOS

Chaque génération possède sa comédie culte - qui parfois parvient à les traverser perpendiculairement - qui d’un Sacré Graal, qui d’un Père Noël est une ordure. Enfants de Canal +, drogués aux Police Squad (hilarante série éphémère qui a inspiré la séries des Y a-t-il un flic…), gavés au Saturday Night Live et sous perfusion de Monty Python, les Nuls, après avoir arrêté leurs pérégrinations télévisuelles, se sont dirigés naturellement vers le grand écran. Armés d’un puissant arsenal de rigolade massive dans l’écurie Canal, les trois rigolos montèrent un projet quasi-gagné d’avance. A l’époque intronisés leaders d’un humour multi-référenciel, ils piochèrent dans leur besace bardée de sketches et gags éprouvés lors de show tels que L’Emission ou le JTN, et écrivirent un script s’inspirant largement des thrillers américains (on pensera en particulier à Basic Instinct dont une scène entière est allégrement parodiée). Ensuite, ils engagèrent - avant que chacun d’entre eux ne mette la main à la caméra avec diverses fortunes - Alain Berberian - seul un humoriste de son rang pouvait être capable de faire Six Pack -, qui travaillait avec eux depuis ABCD Nuls, pour la réalisation. Le film atteint son statut culte dès la sortie, drainant son impressionnant lot de répliques cultes répétées à une époque où les Inconnus trustaient les cours de récrés après chacune de leur Télé des Inconnus – déclenchant une sorte d’éternel duel Rolling Stones / Beatles de l’humour français. Plus confidentiels, bien cachés sur la chaîne cryptée, les Nuls éclataient au jour brillant du cinéma. Plus de deux millions de spectateurs et une brillante carrière dans les vidéoclubs plus tard, La Cité de la peur, une comédie familiale et surtout l’un des films cultes des années 90.

Inutile de chercher un scénario cohérent ou une histoire valable, La Cité de la peur ne contient rien de tout cela. Que les plus de trente-cinq ans passent leur chemin, il ne leur parlera pas. Pris comme tel, La Cité de la peur n’est pas un véritable film, il ne ressemble qu’à un mince filin où sont emperlés les blagues les plus stupides, passant du running gag - "Attention chérie ça va couper" - aux vannes les plus graveleuses – "vous voulez du papier?". Et pourtant, la joyeuse virée fait mouche à chaque coup, dans chaque situation, pour chaque canular ou parodie. Parfaitement en phase avec leur public, jouant avec leurs attentes, leur humour et leur culture, les trois Nuls déploient les talents et les scènes qui s’empilent. Détails en avant et arrière-plans, non-sens et contre-allées, l’absurde jusqu’au-boutiste situé quelque part entre Goscinny et les stand-up comedians américains, ils tissent l’exemple parfait du film à revoir entre amis. A la fois capable de mettre la lumière sur l’œuvre de Dostoïevski (via les Frères Karamazov et la fameuse réplique: "aucun lien, je suis fils unique") et les gros films à la mode (la bande-annonce citait La Leçon de piano, Jurassic Park et Le Fugitif), La Cité de la peur misait avant tout sur un public jeune, ouvert et relativement cultivé/cinéphile. Tout l’art des Nuls fixé sur pellicule, ils parvenaient à conserver leur fraîcheur et leur vivacité quand d’autres s’avéraient être incapables de transformer leurs essais télévisuels. Et mieux que tout, rarement un film aura mieux tenu l’épreuve du temps et des visions successives. Des gags en béton armé, des situations cocasses et chamarrées, le film de Les Nuls contient plus de bêtises qu’un être humain peut en ingérer. Un concentré de répliques cultes, mieux qu’une poignée de main secrète générationnelle, La Cité de la peur, un art de vivre!

Nicolas Plaire (filmdeculte.com)

Plans Cultes
jeudi 23 janvier 2020 à 20h00


LA CITÉ DE LA PEUR

de Alain Berbérian

avec Chantal Lauby, Alain Chabat, Dominique Farrugia
FRANCE - 1994 - 1h40 - Réédition - Version restaurée 4K

Un mystérieux tueur communiste assassine à tour de rôle en plein Marché du Film à Cannes les projectionnistes d’un film de série Z dont il s’est inspiré. Sentant le coup de pub potentiel, l’attachée de presse tente de faire monter la sauce en faisant venir l’acteur principal – un abruti notoire – protégé par un garde du corps – un abruti notoire d’un autre genre. Dès cet instant le culte peut commencer.

A PROPOS

Chaque génération possède sa comédie culte - qui parfois parvient à les traverser perpendiculairement - qui d’un Sacré Graal, qui d’un Père Noël est une ordure. Enfants de Canal +, drogués aux Police Squad (hilarante série éphémère qui a inspiré la séries des Y a-t-il un flic…), gavés au Saturday Night Live et sous perfusion de Monty Python, les Nuls, après avoir arrêté leurs pérégrinations télévisuelles, se sont dirigés naturellement vers le grand écran. Armés d’un puissant arsenal de rigolade massive dans l’écurie Canal, les trois rigolos montèrent un projet quasi-gagné d’avance. A l’époque intronisés leaders d’un humour multi-référenciel, ils piochèrent dans leur besace bardée de sketches et gags éprouvés lors de show tels que L’Emission ou le JTN, et écrivirent un script s’inspirant largement des thrillers américains (on pensera en particulier à Basic Instinct dont une scène entière est allégrement parodiée). Ensuite, ils engagèrent - avant que chacun d’entre eux ne mette la main à la caméra avec diverses fortunes - Alain Berberian - seul un humoriste de son rang pouvait être capable de faire Six Pack -, qui travaillait avec eux depuis ABCD Nuls, pour la réalisation. Le film atteint son statut culte dès la sortie, drainant son impressionnant lot de répliques cultes répétées à une époque où les Inconnus trustaient les cours de récrés après chacune de leur Télé des Inconnus – déclenchant une sorte d’éternel duel Rolling Stones / Beatles de l’humour français. Plus confidentiels, bien cachés sur la chaîne cryptée, les Nuls éclataient au jour brillant du cinéma. Plus de deux millions de spectateurs et une brillante carrière dans les vidéoclubs plus tard, La Cité de la peur, une comédie familiale et surtout l’un des films cultes des années 90.

Inutile de chercher un scénario cohérent ou une histoire valable, La Cité de la peur ne contient rien de tout cela. Que les plus de trente-cinq ans passent leur chemin, il ne leur parlera pas. Pris comme tel, La Cité de la peur n’est pas un véritable film, il ne ressemble qu’à un mince filin où sont emperlés les blagues les plus stupides, passant du running gag - "Attention chérie ça va couper" - aux vannes les plus graveleuses – "vous voulez du papier?". Et pourtant, la joyeuse virée fait mouche à chaque coup, dans chaque situation, pour chaque canular ou parodie. Parfaitement en phase avec leur public, jouant avec leurs attentes, leur humour et leur culture, les trois Nuls déploient les talents et les scènes qui s’empilent. Détails en avant et arrière-plans, non-sens et contre-allées, l’absurde jusqu’au-boutiste situé quelque part entre Goscinny et les stand-up comedians américains, ils tissent l’exemple parfait du film à revoir entre amis. A la fois capable de mettre la lumière sur l’œuvre de Dostoïevski (via les Frères Karamazov et la fameuse réplique: "aucun lien, je suis fils unique") et les gros films à la mode (la bande-annonce citait La Leçon de piano, Jurassic Park et Le Fugitif), La Cité de la peur misait avant tout sur un public jeune, ouvert et relativement cultivé/cinéphile. Tout l’art des Nuls fixé sur pellicule, ils parvenaient à conserver leur fraîcheur et leur vivacité quand d’autres s’avéraient être incapables de transformer leurs essais télévisuels. Et mieux que tout, rarement un film aura mieux tenu l’épreuve du temps et des visions successives. Des gags en béton armé, des situations cocasses et chamarrées, le film de Les Nuls contient plus de bêtises qu’un être humain peut en ingérer. Un concentré de répliques cultes, mieux qu’une poignée de main secrète générationnelle, La Cité de la peur, un art de vivre!

Nicolas Plaire (filmdeculte.com)



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