2001 L'ODYSSÉE DE L'ESPACE - Stanley Kubrick

A PROPOS

Objet expérimental et spectaculaire, le film-trip métaphysique de Kubrick n’a pas pris une ride.

2001 en 2001, on le voyait venir de loin. Mais pour une fois, ne boudons pas le plan marketing puisque l’objet vendu est un chef-d’œuvre. Pour l’occasion, Warner tente de bien faire les choses puisqu’on a droit à une copie en 70 mm et à un director’s cut. Bon, ce montage "définitif" ne consiste qu’en quelques plans ajoutés, modifications imperceptibles qui ne changent pas du tout la vision globale du film. Quant à la copie, elle n’est pas parfaite. Broutilles, broutilles, le véritable événement reste le film lui-même, à regarder les yeux grands ouverts. Ceux qui ne l’ont jamais vu vont découvrir un objet qui risque de les surprendre par rapport aux produits de science-fiction habituels.

2001 est un trip d’une irréductible étrangeté, à la fois spectaculaire dans son ambition, ses effets spéciaux, ses maquettes d’aéronefs, sa station orbitale, son show futuriste clignotant, et complètement expérimental avec ses durées, ses moments de vide, sa rareté de dialogue, son montage long, son épaisseur philosophique et son emballage final ésotérique.

On peut voir ce film sous un angle sexuel, biologique, matriciel, tant abondent les symboles d’organes féminins ou masculins, les figures rondes et phalliques, les allégories d’accouplements.

On y remarquera aussi l’instinct prophétique de Kubrick dans les rapports entre les hommes et leur ordinateur qui sont au cœur du film dès 68, et au cœur de notre quotidien et de nos intimités aujourd’hui (2001, c’est aussi l’histoire d’un gros méchant bogue). Mais par quel sortilège ce film demeure-t-il un objet de rêverie inépuisable pour les spectateurs qui l’ont vu quinze fois ? Où réside son abyssale suprématie sur tous les Star wars ou Star trek du monde ? Dans le monolithe noir, c’est-à-dire dans sa teneur existentielle, théologique, métaphysique…

Loin d’être une vulgaire démonstration d’effets spectaculaires ou un banal space-opera opposant bons et méchants, 2001 confronte l’espèce humaine à sa relativité, sa solitude et sa fragilité dans l’immensité des espaces infinis. Tant qu’on n’aura pas répondu au triple qui sommes-nous ? d’où venons-nous ? où allons-nous ?, 2001, film-question sans réponse ne sera pas démodé. Autant dire que c’est pas demain la veille. Rendez-vous en 3001 ?

Serge Kaganski (Les Inrocks)

Plans Cultes
mardi 20 novembre 2018 à 20h00



2001 L'ODYSSÉE DE L'ESPACE

de Stanley Kubrick

Avec Keir Dullea, Gary Lockwood, William Sylvester
USA - 1968 - 2h25 - Version originale sous-titrée

A l'aube de l'Humanité, dans le désert africain, une tribu de primates subit les assauts répétés d'une bande rivale, qui lui dispute un point d'eau. La découverte d'un monolithe noir inspire au chef des singes assiégés un geste inédit et décisif. Brandissant un os, il passe à l'attaque et massacre ses adversaires. Le premier instrument est né. En 2001, quatre millions d'années plus tard, un vaisseau spatial évolue en orbite lunaire au rythme langoureux du "Beau Danube Bleu". A son bord, le Dr. Heywood Floyd enquête secrètement sur la découverte d'un monolithe noir qui émet d'étranges signaux vers Jupiter. Dix-huit mois plus tard, les astronautes David Bowman et Frank Poole font route vers Jupiter à bord du Discovery. Les deux hommes vaquent sereinement à leurs tâches quotidiennes sous le contrôle de HAL 9000, un ordinateur exceptionnel doué d'intelligence et de parole. Cependant, HAL, sans doute plus humain que ses maîtres, commence à donner des signes d'inquiétude : à quoi rime cette mission et que risque-t-on de découvrir sur Jupiter ?

A PROPOS

Objet expérimental et spectaculaire, le film-trip métaphysique de Kubrick n’a pas pris une ride.

2001 en 2001, on le voyait venir de loin. Mais pour une fois, ne boudons pas le plan marketing puisque l’objet vendu est un chef-d’œuvre. Pour l’occasion, Warner tente de bien faire les choses puisqu’on a droit à une copie en 70 mm et à un director’s cut. Bon, ce montage "définitif" ne consiste qu’en quelques plans ajoutés, modifications imperceptibles qui ne changent pas du tout la vision globale du film. Quant à la copie, elle n’est pas parfaite. Broutilles, broutilles, le véritable événement reste le film lui-même, à regarder les yeux grands ouverts. Ceux qui ne l’ont jamais vu vont découvrir un objet qui risque de les surprendre par rapport aux produits de science-fiction habituels.

2001 est un trip d’une irréductible étrangeté, à la fois spectaculaire dans son ambition, ses effets spéciaux, ses maquettes d’aéronefs, sa station orbitale, son show futuriste clignotant, et complètement expérimental avec ses durées, ses moments de vide, sa rareté de dialogue, son montage long, son épaisseur philosophique et son emballage final ésotérique.

On peut voir ce film sous un angle sexuel, biologique, matriciel, tant abondent les symboles d’organes féminins ou masculins, les figures rondes et phalliques, les allégories d’accouplements.

On y remarquera aussi l’instinct prophétique de Kubrick dans les rapports entre les hommes et leur ordinateur qui sont au cœur du film dès 68, et au cœur de notre quotidien et de nos intimités aujourd’hui (2001, c’est aussi l’histoire d’un gros méchant bogue). Mais par quel sortilège ce film demeure-t-il un objet de rêverie inépuisable pour les spectateurs qui l’ont vu quinze fois ? Où réside son abyssale suprématie sur tous les Star wars ou Star trek du monde ? Dans le monolithe noir, c’est-à-dire dans sa teneur existentielle, théologique, métaphysique…

Loin d’être une vulgaire démonstration d’effets spectaculaires ou un banal space-opera opposant bons et méchants, 2001 confronte l’espèce humaine à sa relativité, sa solitude et sa fragilité dans l’immensité des espaces infinis. Tant qu’on n’aura pas répondu au triple qui sommes-nous ? d’où venons-nous ? où allons-nous ?, 2001, film-question sans réponse ne sera pas démodé. Autant dire que c’est pas demain la veille. Rendez-vous en 3001 ?

Serge Kaganski (Les Inrocks)



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