ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
Court métrage devenu long, “Partir un jour” offre à Juliette Armanet et Bastien Bouillon une partition parfaite. En ouverture de la 78e édition du Festival de Cannes, le film d’Amélie Bonnin promet de faire des étincelles.
Comme Wes Anderson (Bottle Rocket) et Damien Chazelle (Whiplash), Amélie Bonnin, pour son premier long métrage, adapte son propre court, en conservant titre, interprètes et certaines séquences, rejouées quasiment à l’identique. Partir un jour est ainsi la version étendue de cette brève escapade d’un amour de jeunesse contrarié, que l’Académie des César avait récompensé d’une statuette, il y a deux ans, et que la réalisatrice avait accueilli avec un discours magnifique : “On peut être une femme, avoir presque 40 ans, avoir deux enfants, avoir des cheveux blancs, et sentir qu’on est au commencement des choses”. Pirouette symbolique, le film est aujourd’hui au commencement du Festival de Cannes.
Éclosion d’une cinéaste donc, mais aussi d’une actrice, Juliette Armanet, captivante de bout en bout, dont c’est le premier grand rôle au cinéma, accompagnée d’un Bastien Bouillon malicieux à souhait. Cette question d’âge n’est pas anodine pour cette bande de jeunes quadras qui se raconte en chantant des tubes de leur adolescence, au chevauchement des années 1990 et 2000, depuis le titre éponyme des 2Be3 jusqu’à Femme Like U de K. Maro.
Difficile de ne pas penser aux films musicaux français de cette même époque, On connaît la chanson d‘Alain Resnais puis Les Chansons d’amour de Christophe Honoré, dont Partir un jour se fait un héritier pop, à la fois coquin et désarmant. Ici aussi, on chante comme on joue, mais avec une nouvelle donne, plus ludique encore. Le film se fait ainsi la mémoire collective des chansons démodées qu’on aime à se remémorer au cours de soirées blind test ou de karaoké illimités.
Partir un jour touche ainsi quelque chose de crucial dans cette manière de réapprendre à aimer au premier degré, en faisant le pari d’effacer toute distance moqueuse, pour épouser le flux qui s’écoulait dans les radios et les télés cathodiques d’alors. Trouver de la mélancolie en revenant aux berceuses désuètes d’une génération entière.
Pour la cinéaste, se rappeler au bon souvenir, c’est donc mettre les pieds dans le plat. Le film se déroule dans l’univers de la restauration, notamment dans une cuisine, où l’on rejoue les scènes du passé au présent. Revisiter, dirait un chef cuistot. Partir un jour pour revenir un autre, voir ce qui a changé. Le long réajuste ainsi quelques curseurs du court, en inverse notamment les sexes : ce n’est plus lui qui est monté sur Paris pour devenir écrivain, mais c’est elle qui est à la tête d’un restaurant gastronomique, et retrouve le bistrot routier de province où ses parents s’esquintent la santé et le moral au turbin. Il s’agit de réinvestir un territoire, géographique et mental, pas tant pour raviver une flamme d’antan, mais pour se souvenir de sa lumière, rejouer des pulsations enfouies.
Et Partir un jour ne promet jamais de sauver, ni de réparer ce qui a été possiblement raté. Il diffuse cette idée magnifique selon laquelle on peut encore rendre aux choses leur beauté en les réactivant, littéralement en les ré-enchantant.
Arnaud Hallet (Les Inrocks)
Ciné Cosy
vendredi 16 mai
2025 à 13h15
Séance adaptée aux parents avec leur bébé, avec son adouci, mise à disposition d'une table à langer, d'un chauffe biberon...
Soirée organisée avec Cinéma Parlant
PARTIR UN JOUR
de Amélie Bonnin
Avec Juliette Armanet, Bastien Bouillon, François Rollin
FRANCE - 2025 - 1h41
Alors que Cécile s’apprête à réaliser son rêve, ouvrir son propre restaurant gastronomique, elle doit rentrer dans le village de son enfance à la suite de l'infarctus de son père. Loin de l'agitation parisienne, elle recroise son amour de jeunesse. Ses souvenirs ressurgissent et ses certitudes vacillent…
https://www.pathefilms.com/fr/films/partir-un-jour/
A PROPOS
Court métrage devenu long, “Partir un jour” offre à Juliette Armanet et Bastien Bouillon une partition parfaite. En ouverture de la 78e édition du Festival de Cannes, le film d’Amélie Bonnin promet de faire des étincelles.
Comme Wes Anderson (Bottle Rocket) et Damien Chazelle (Whiplash), Amélie Bonnin, pour son premier long métrage, adapte son propre court, en conservant titre, interprètes et certaines séquences, rejouées quasiment à l’identique. Partir un jour est ainsi la version étendue de cette brève escapade d’un amour de jeunesse contrarié, que l’Académie des César avait récompensé d’une statuette, il y a deux ans, et que la réalisatrice avait accueilli avec un discours magnifique : “On peut être une femme, avoir presque 40 ans, avoir deux enfants, avoir des cheveux blancs, et sentir qu’on est au commencement des choses”. Pirouette symbolique, le film est aujourd’hui au commencement du Festival de Cannes.
Éclosion d’une cinéaste donc, mais aussi d’une actrice, Juliette Armanet, captivante de bout en bout, dont c’est le premier grand rôle au cinéma, accompagnée d’un Bastien Bouillon malicieux à souhait. Cette question d’âge n’est pas anodine pour cette bande de jeunes quadras qui se raconte en chantant des tubes de leur adolescence, au chevauchement des années 1990 et 2000, depuis le titre éponyme des 2Be3 jusqu’à Femme Like U de K. Maro.
Difficile de ne pas penser aux films musicaux français de cette même époque, On connaît la chanson d‘Alain Resnais puis Les Chansons d’amour de Christophe Honoré, dont Partir un jour se fait un héritier pop, à la fois coquin et désarmant. Ici aussi, on chante comme on joue, mais avec une nouvelle donne, plus ludique encore. Le film se fait ainsi la mémoire collective des chansons démodées qu’on aime à se remémorer au cours de soirées blind test ou de karaoké illimités.
Partir un jour touche ainsi quelque chose de crucial dans cette manière de réapprendre à aimer au premier degré, en faisant le pari d’effacer toute distance moqueuse, pour épouser le flux qui s’écoulait dans les radios et les télés cathodiques d’alors. Trouver de la mélancolie en revenant aux berceuses désuètes d’une génération entière.
Pour la cinéaste, se rappeler au bon souvenir, c’est donc mettre les pieds dans le plat. Le film se déroule dans l’univers de la restauration, notamment dans une cuisine, où l’on rejoue les scènes du passé au présent. Revisiter, dirait un chef cuistot. Partir un jour pour revenir un autre, voir ce qui a changé. Le long réajuste ainsi quelques curseurs du court, en inverse notamment les sexes : ce n’est plus lui qui est monté sur Paris pour devenir écrivain, mais c’est elle qui est à la tête d’un restaurant gastronomique, et retrouve le bistrot routier de province où ses parents s’esquintent la santé et le moral au turbin. Il s’agit de réinvestir un territoire, géographique et mental, pas tant pour raviver une flamme d’antan, mais pour se souvenir de sa lumière, rejouer des pulsations enfouies.
Et Partir un jour ne promet jamais de sauver, ni de réparer ce qui a été possiblement raté. Il diffuse cette idée magnifique selon laquelle on peut encore rendre aux choses leur beauté en les réactivant, littéralement en les ré-enchantant.
Arnaud Hallet (Les Inrocks)