AKIRA - Katsuhiro Ôtomo

A PROPOS

Sorti en 1988 au Japon, Akira venait conclure avec brio une décennie de science-fiction dévouée à l’autel du cyberpunk, dont les ambassadeurs étaient Blade Runner et Wiliam Gibson. Ce dernier, créateur de ce sous-genre, l’avait enfanté à travers ses fantasmes cauchemardesques de la mégapole japonaise, fréquemment dépeints dans ses livres tels que Neuromancien. Akira est donc un retour à l’envoyeur, une récupération violente du Japon qui réclame l’esthétique dystopique de Gibson et Ridley Scott mais remplace leurs androïdes et autres implants cybernétiques par de la chair en transformation constante. Le manga, œuvre fleuve qui est une course-poursuite presque permanente sur plusieurs milliers de pages, est né de l’imagination fertile du mangaka propulsé réalisateur Katsuhiro Ôtomo. Si nombre de ses films sont depuis passés inaperçus (tels que le tour de force visuel malheureusement un peu creux qu’est Steamboy), Akira fut un phénomène, en grande partie grâce au timing de sa sortie.
 
Portée par la jeunesse japonaise dès le début de sa publication en 1982 (année de sortie de Blade Runner), les lecteurs français et américains prirent le relais quelques années plus tard pour chanter les louanges de la bande dessinée lorsqu’ils découvrirent la version colorisée par Marvel, alors que le manga était encore une forme de littérature ostracisée et moquée dans l’hexagone. Ôtomo a créé avec Akira un porte-étendard de la culture punk, profondément violent et pourtant cérébral. Pour adapter ce monument de papier, l’industrie de l’animation japonaise, bien que déjà ample, devra se réinventer. Un comité spécial réunissant les titans de l’industrie du divertissement japonais (dont notamment l’éditeur numéro un du pays Kodansha, la société de production Toho et le mastodonte multimédia Bandai) sera formé pour mettre en branle la production qui nécessitera la création de plus de 160.000 cellules d’animation. Le boom qui suivra le succès international du film entraînera une flopée d’imitations mais marquera également le départ de l’exportation en masse de la culture japonaise alternative.
 
Fait intéressant, Ôtomo s’attaque à la réalisation du film alors qu’il n’a pas encore terminé la bande dessinée. Il en résulte une fin du long-métrage qui éclipse complètement la deuxième partie du manga qui était pourtant la plus intéressante sur papier. Un choix pourtant payant, car Ôtomo resserre son récit et offre un final apocalyptique d’une grande poésie et plus ambigu. Les protagonistes sont néanmoins inchangés sur pellicule et Kaneda et Tetsuo demeurent des personnages emblématiques de leur époque. Car le créateur n’avait pas pris de pincettes pour dépeindre sa bande de jeunes motards délinquants qui n’étaient pas les caricatures d’humanité visibles dans tant de productions animées occidentales mais de vrais personnages avec des défauts, des ambivalences et une moralité complexe. Akira ne contient par ailleurs pas réellement de héros ni d’antagonistes, mais met en scène une poussée humaine inéluctable vers une apocalypse culturelle qui n’est pourtant pas dépeinte comme négative. Une fin en forme de remake cyberpunk de 2001, l’odyssée de l’espace et dont l’impact retentit encore.
 
Esthétiquement, Akira reste l’un des films d’animation les plus somptueux de l’histoire du cinéma. Même les meilleures productions Ghibli ou Disney peinent encore à égaler la poursuite initiale et ses jeux de couleurs hypnotisants, sublimés par l’incroyable bande-son de Shôji Yamashiro, qui opte pour des tambours traditionnels qui contrastent brillamment avec les images futuristes. Akira est une œuvre monstre, que sa taille monolithique ne permet pas d’apprécier dans sa totalité au premier visionnage. Il faut du temps pour tout déchiffrer, pour approcher ses personnages brutaux, ses paysages urbains envoûtants, sa violence sauvage et ses divagations philosophiques. Un film de science-fiction comme il en existe trop peu, exigeant, pur et sans concessions.. 
 
Jean Demblant (avoiralire.com)  

Plans Cultes
mardi 22 septembre 2020 à 20h00

en présence de Xavier Leherpeur, journaliste et critique de cinéma au Masque et la Plume, Une heure en séries à France Inter, et dans la revue 7éme Obsession.

SÉANCE COMPLÈTE

Soirée organisée en collaboration avec la librairie AZU-MANGA.
Un stand avec vente de livres se tiendra à l'entrée de la salle. Paiement par chèque ou espèce exclusivement.


PAS DE VENTE EN LIGNE


AKIRA

de Katsuhiro Ôtomo

Film d'animation
JAPON - 1988 - 2h04 - VOST

Tetsuo, un adolescent ayant vécu une enfance difficile, est la victime d'expériences visant à développer les capacités psychiques qui dorment en chacun de nous. Ainsi doté d'une puissance que lui meme ne peut imaginer, Tetsuo décide de partir en guerre contre le monde qui l'a opprimé. Dès lors, Il se retrouve au coeur d'une légende populaire qui annonce le retour prochain d'Akira, un enfant aux pouvoirs extra-ordinaires censé délivrer Tokyo du chaos...

A PROPOS

Sorti en 1988 au Japon, Akira venait conclure avec brio une décennie de science-fiction dévouée à l’autel du cyberpunk, dont les ambassadeurs étaient Blade Runner et Wiliam Gibson. Ce dernier, créateur de ce sous-genre, l’avait enfanté à travers ses fantasmes cauchemardesques de la mégapole japonaise, fréquemment dépeints dans ses livres tels que Neuromancien. Akira est donc un retour à l’envoyeur, une récupération violente du Japon qui réclame l’esthétique dystopique de Gibson et Ridley Scott mais remplace leurs androïdes et autres implants cybernétiques par de la chair en transformation constante. Le manga, œuvre fleuve qui est une course-poursuite presque permanente sur plusieurs milliers de pages, est né de l’imagination fertile du mangaka propulsé réalisateur Katsuhiro Ôtomo. Si nombre de ses films sont depuis passés inaperçus (tels que le tour de force visuel malheureusement un peu creux qu’est Steamboy), Akira fut un phénomène, en grande partie grâce au timing de sa sortie.
 
Portée par la jeunesse japonaise dès le début de sa publication en 1982 (année de sortie de Blade Runner), les lecteurs français et américains prirent le relais quelques années plus tard pour chanter les louanges de la bande dessinée lorsqu’ils découvrirent la version colorisée par Marvel, alors que le manga était encore une forme de littérature ostracisée et moquée dans l’hexagone. Ôtomo a créé avec Akira un porte-étendard de la culture punk, profondément violent et pourtant cérébral. Pour adapter ce monument de papier, l’industrie de l’animation japonaise, bien que déjà ample, devra se réinventer. Un comité spécial réunissant les titans de l’industrie du divertissement japonais (dont notamment l’éditeur numéro un du pays Kodansha, la société de production Toho et le mastodonte multimédia Bandai) sera formé pour mettre en branle la production qui nécessitera la création de plus de 160.000 cellules d’animation. Le boom qui suivra le succès international du film entraînera une flopée d’imitations mais marquera également le départ de l’exportation en masse de la culture japonaise alternative.
 
Fait intéressant, Ôtomo s’attaque à la réalisation du film alors qu’il n’a pas encore terminé la bande dessinée. Il en résulte une fin du long-métrage qui éclipse complètement la deuxième partie du manga qui était pourtant la plus intéressante sur papier. Un choix pourtant payant, car Ôtomo resserre son récit et offre un final apocalyptique d’une grande poésie et plus ambigu. Les protagonistes sont néanmoins inchangés sur pellicule et Kaneda et Tetsuo demeurent des personnages emblématiques de leur époque. Car le créateur n’avait pas pris de pincettes pour dépeindre sa bande de jeunes motards délinquants qui n’étaient pas les caricatures d’humanité visibles dans tant de productions animées occidentales mais de vrais personnages avec des défauts, des ambivalences et une moralité complexe. Akira ne contient par ailleurs pas réellement de héros ni d’antagonistes, mais met en scène une poussée humaine inéluctable vers une apocalypse culturelle qui n’est pourtant pas dépeinte comme négative. Une fin en forme de remake cyberpunk de 2001, l’odyssée de l’espace et dont l’impact retentit encore.
 
Esthétiquement, Akira reste l’un des films d’animation les plus somptueux de l’histoire du cinéma. Même les meilleures productions Ghibli ou Disney peinent encore à égaler la poursuite initiale et ses jeux de couleurs hypnotisants, sublimés par l’incroyable bande-son de Shôji Yamashiro, qui opte pour des tambours traditionnels qui contrastent brillamment avec les images futuristes. Akira est une œuvre monstre, que sa taille monolithique ne permet pas d’apprécier dans sa totalité au premier visionnage. Il faut du temps pour tout déchiffrer, pour approcher ses personnages brutaux, ses paysages urbains envoûtants, sa violence sauvage et ses divagations philosophiques. Un film de science-fiction comme il en existe trop peu, exigeant, pur et sans concessions.. 
 
Jean Demblant (avoiralire.com)  



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