ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
De mémoire, le nom de Rambo s’associe au sein de notre imaginaire cinéphile à ce soldat rêche, définitivement éternel et imbattable. Or, ce souvenir rend opaque l’autre versant du personnage. Celui porté par ce visage supplicié, marqué par les stigmates vifs d’une guerre pourrie : le Vietnam. Bien qu’il demeure cette arme mortelle, John Rambo a enfoui en lui les souffrances précipitées, flèches trop acides pour ne jamais réapparaître comme une nuée de douleurs.
De cette contradiction inhérente à Rambo, le réalisateur Ted Kotcheff réussit à soutirer le substrat brut qui fait de ce film une œuvre essentielle d’un moment charnière aux USA : le passage aux années 80. Animé par cette tension extrême, First Blood maintient son héros funambule jusqu’à l’explosion finale, comme une libération fatale, d’une violence si étonnante et fulgurante qu’elle s’éteint de ce même geste dans le relâchement troublant de Stallone.
D’entrée, le film déstabilise le spectateur en sapant nos attentes à travers cette mise en scène du paradoxe. John Rambo débarque dans une bourgade du Middle-west tranquille jusqu’à l’avilissement, à la recherche d’un compagnon de guerre, dernier survivant de son escadron d’élite. Arrivé chez lui, dans cette nature ensoleillée et printanière, il ne trouve qu’une femme qui finit par lui avouer la mort de son ami. Changement de tonalité, ses cernes lestés défigurent le paysage d’une Amérique qu’on ne trouvera jamais accueillante. Dès ce contre-pied de départ, le film plonge alors dans l’absurde de la violence qui monte en crescendo. Quelques flashbacks subliminaux, presque superflus, rappellent son passé torturé en Asie. Mais Rambo devient cette bête chassée, prise au piège, qui va se transcender pour ravager cet environnement explicitement nuisible et agressif. Ce déroulement progressif par l’absurde souligne le conflit interne à notre béret vert : sa faillite contradictoire naît de l’incompréhension d’un héros sacrifié pour sa patrie, mais déchu par celle-ci. C’est bien simple, chaque élément qui caractérise Rambo, trouve toujours son reflet en négatif dans un dépliement schizophrène palpant l’inévitable hématome d’un retour de bâton en territoire américain ; c’est-à-dire chez lui, coin maternel où, la garde baissée, Rambo finira abattu.
Ce premier épisode écrasé par ses suites-marchandises, subit les relents imaginaires d’un film hébété malgré ses qualités. A vrai dire, Rambo : First Blood se maintient au niveau des grands films qui ont discuté la politique américaine au Vietnam en ramenant la question sur le malaise intérieur des vétérans (on pense à la fresque politique de Cimino : « voyage au bout de l’enfer » ). Le peuple américain n’avait pas besoin de voir « ses morts » revenir des entrailles, hantés par un conflit désespérant et sans fin. Stallone consacré comme l’icône du héros baraqué, est en fait présenté sous la forme d’un intrus court-circuitant la mémoire d’un peuple qui, fatigué du bourbier vietnamien, préféra oublier ses fils restés au front. Un vrai paradoxe pour une oeuvre contradictoire.
Maxime Cazin (Avoiralire.com)
Plans Cultes / Soirée Stallone
mardi 18 décembre
2018 à 19h45
19h45 : RAMBO
22h00 : ROCKY
Tarif spécial soirée : 9€ les 2 films sinon tarifs habituels
RAMBO
de Ted Kotcheff
avec Sylvester Stallone, Richard Crenna, Brian Dennehy
USA - 1982 - 1h37 - VOST
Revenu du Viêtnam, abruti autant par les mauvais traitements que lui ont jadis infligés ses tortionnaires que par l'indifférence de ses concitoyens, Rambo, un ancien des commandos d'élite, traîne sa redoutable carcasse de ville en ville. Un shérif teigneux lui interdit l'accès de sa bourgade. Rambo insiste. Il veut seulement manger. Le shérif le met sous les verrous et laisse son adjoint brutaliser ce divertissant clochard. Les coups réactivent le traumatisme de Rambo. Le tueur qui sommeillait en lui se réveille. Traqué, insulté, il ne pense plus qu'à mettre la petite ville à feu et à sang. Maintenant libre, il attire ses ennemis sur son terrain de prédilection : la forêt...
A PROPOS
De mémoire, le nom de Rambo s’associe au sein de notre imaginaire cinéphile à ce soldat rêche, définitivement éternel et imbattable. Or, ce souvenir rend opaque l’autre versant du personnage. Celui porté par ce visage supplicié, marqué par les stigmates vifs d’une guerre pourrie : le Vietnam. Bien qu’il demeure cette arme mortelle, John Rambo a enfoui en lui les souffrances précipitées, flèches trop acides pour ne jamais réapparaître comme une nuée de douleurs.
De cette contradiction inhérente à Rambo, le réalisateur Ted Kotcheff réussit à soutirer le substrat brut qui fait de ce film une œuvre essentielle d’un moment charnière aux USA : le passage aux années 80. Animé par cette tension extrême, First Blood maintient son héros funambule jusqu’à l’explosion finale, comme une libération fatale, d’une violence si étonnante et fulgurante qu’elle s’éteint de ce même geste dans le relâchement troublant de Stallone.
D’entrée, le film déstabilise le spectateur en sapant nos attentes à travers cette mise en scène du paradoxe. John Rambo débarque dans une bourgade du Middle-west tranquille jusqu’à l’avilissement, à la recherche d’un compagnon de guerre, dernier survivant de son escadron d’élite. Arrivé chez lui, dans cette nature ensoleillée et printanière, il ne trouve qu’une femme qui finit par lui avouer la mort de son ami. Changement de tonalité, ses cernes lestés défigurent le paysage d’une Amérique qu’on ne trouvera jamais accueillante. Dès ce contre-pied de départ, le film plonge alors dans l’absurde de la violence qui monte en crescendo. Quelques flashbacks subliminaux, presque superflus, rappellent son passé torturé en Asie. Mais Rambo devient cette bête chassée, prise au piège, qui va se transcender pour ravager cet environnement explicitement nuisible et agressif. Ce déroulement progressif par l’absurde souligne le conflit interne à notre béret vert : sa faillite contradictoire naît de l’incompréhension d’un héros sacrifié pour sa patrie, mais déchu par celle-ci. C’est bien simple, chaque élément qui caractérise Rambo, trouve toujours son reflet en négatif dans un dépliement schizophrène palpant l’inévitable hématome d’un retour de bâton en territoire américain ; c’est-à-dire chez lui, coin maternel où, la garde baissée, Rambo finira abattu.
Ce premier épisode écrasé par ses suites-marchandises, subit les relents imaginaires d’un film hébété malgré ses qualités. A vrai dire, Rambo : First Blood se maintient au niveau des grands films qui ont discuté la politique américaine au Vietnam en ramenant la question sur le malaise intérieur des vétérans (on pense à la fresque politique de Cimino : « voyage au bout de l’enfer » ). Le peuple américain n’avait pas besoin de voir « ses morts » revenir des entrailles, hantés par un conflit désespérant et sans fin. Stallone consacré comme l’icône du héros baraqué, est en fait présenté sous la forme d’un intrus court-circuitant la mémoire d’un peuple qui, fatigué du bourbier vietnamien, préféra oublier ses fils restés au front. Un vrai paradoxe pour une oeuvre contradictoire.
Maxime Cazin (Avoiralire.com)
A PROPOS
Acteur de seconde zone durant toutes les années 70, passant même par la case érotique pour pouvoir arrondir les fins de mois difficiles, Sylvester Stallone prend la plume et écrit le scénario de Rocky, histoire d’un petit boxeur qui trouve la rédemption lors d’un match impressionnant contre le champion du monde des poids lourds. Le jeune acteur a bien du mal à trouver un financement car il tient à garder le contrôle sur sa création en obtenant le premier rôle. Finalement, le producteur Irwin Winkler lui donne sa chance en confiant le projet au cinéaste John G. Avildsen, déjà remarqué par quelques films d’auteur.
Tourné pour la très modique somme d’un million de dollars en seulement trois semaines, Rocky se distingue par sa qualité d’observation du quotidien misérable de bons nombre d’Américains. Les rues de Philadelphie font souvent penser à des taudis et l’on nous présente pendant les trois quarts du film l’envers du rêve américain. La plupart des personnages sont des loosers, des rebus de l’American dream qui n’arriveront jamais à s’élever au-dessus de leur condition. Seul le personnage incarné avec maestria par Sylvester Stallone redonne un semblant de dignité aux oubliés du système. Loin de succomber aux sirènes du happy-end hollywoodien, le final heureux de Rocky se teinte aussi d’amertume. Certes, le jeune étalon italien a tenu tête au champion du monde, mais un doute persiste lorsque l’image se fige : quel avenir peut-on espérer pour cet homme, sans doute trop honnête pour vivre dans un monde gangréné par l’argent et la corruption ?
Dotée de réelles qualités documentaires, cette success-story s’attarde beaucoup sur la psychologie des personnages et fait souvent preuve de finesse dans la description de leurs rapports. Fort sur le plan émotionnel, Rocky est également exceptionnel par le réalisme qui se dégage des combats. Contre toute attente, cette œuvre est rapidement devenue un triomphe au point de glaner à travers le monde plus de 225 millions de dollars de recettes. Mais les réelles qualités du film ont également ému les membres de l’académie des Oscars qui lui ont décerné en 1977 trois statuettes dont celle du meilleur film et du meilleur réalisateur. Cette époustouflante performance n’allait pas rester sans lendemain puisque Sylvester Stallone est devenu une star internationale incontournable et que cinq suites allaient ensuite exploiter jusqu’à plus soif le personnage du boxeur au cœur tendre.
Virgile Dumez (Avoiralire.com)
ROCKY
de John G. Avildsen
avec Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young
USA - 1976 - 1h59 - VOST - Oscar meilleur film et meilleur réalisateur 1977
Rocky Balboa, un boxeur de seconde zone, habite un quartier pauvre de Philadelphie. Il gagne modestement sa vie comme encaisseur d'un prêteur sur gages. Amoureux d'Adrienne, la soeur de son ami Paulie, il n'ose pas se déclarer. Il se contente de fréquenter avec assiduité le magasin où elle travaille. Un soir, cependant, il se décide à faire le premier pas et réussit à l'inviter. Dans la foulée de cette heureuse initiative, il accepte de disputer un match contre Apollo Creed, le champion du monde catégorie poids lourds, qui cherche un adversaire pas trop dangereux pour sa rentrée. Par amour pour la belle Adrienne, Rocky commence un entraînement extrêmement sévère, qui portera ses fruits...
A PROPOS
Acteur de seconde zone durant toutes les années 70, passant même par la case érotique pour pouvoir arrondir les fins de mois difficiles, Sylvester Stallone prend la plume et écrit le scénario de Rocky, histoire d’un petit boxeur qui trouve la rédemption lors d’un match impressionnant contre le champion du monde des poids lourds. Le jeune acteur a bien du mal à trouver un financement car il tient à garder le contrôle sur sa création en obtenant le premier rôle. Finalement, le producteur Irwin Winkler lui donne sa chance en confiant le projet au cinéaste John G. Avildsen, déjà remarqué par quelques films d’auteur.
Tourné pour la très modique somme d’un million de dollars en seulement trois semaines, Rocky se distingue par sa qualité d’observation du quotidien misérable de bons nombre d’Américains. Les rues de Philadelphie font souvent penser à des taudis et l’on nous présente pendant les trois quarts du film l’envers du rêve américain. La plupart des personnages sont des loosers, des rebus de l’American dream qui n’arriveront jamais à s’élever au-dessus de leur condition. Seul le personnage incarné avec maestria par Sylvester Stallone redonne un semblant de dignité aux oubliés du système. Loin de succomber aux sirènes du happy-end hollywoodien, le final heureux de Rocky se teinte aussi d’amertume. Certes, le jeune étalon italien a tenu tête au champion du monde, mais un doute persiste lorsque l’image se fige : quel avenir peut-on espérer pour cet homme, sans doute trop honnête pour vivre dans un monde gangréné par l’argent et la corruption ?
Dotée de réelles qualités documentaires, cette success-story s’attarde beaucoup sur la psychologie des personnages et fait souvent preuve de finesse dans la description de leurs rapports. Fort sur le plan émotionnel, Rocky est également exceptionnel par le réalisme qui se dégage des combats. Contre toute attente, cette œuvre est rapidement devenue un triomphe au point de glaner à travers le monde plus de 225 millions de dollars de recettes. Mais les réelles qualités du film ont également ému les membres de l’académie des Oscars qui lui ont décerné en 1977 trois statuettes dont celle du meilleur film et du meilleur réalisateur. Cette époustouflante performance n’allait pas rester sans lendemain puisque Sylvester Stallone est devenu une star internationale incontournable et que cinq suites allaient ensuite exploiter jusqu’à plus soif le personnage du boxeur au cœur tendre.
Virgile Dumez (Avoiralire.com)