ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
« Quand je vais à l’extérieur, dans la rue, je place ma main sur mon cœur et je marche. »
Fatima Hassona – 2024
C’est cette phrase, prononcée par la principale concernée, qui donne son titre au long-métrage de Sepideh Farsi. Il n’est pas question ici de s’en servir comme introduction gratuite et purement solennelle. Cette formule, ce titre, incarne ce que le film aurait dû être avant la tragédie survenue le 16 avril 2025. Put your soul on your hand and walk devait symboliser l’espoir, la résilience d’une population confrontée à une épuration ethnique ignoble. Fatima Hassouna incarnait cette résistance par l’optimisme, le désir d’un avenir, son sourire inaltérable en était le meilleur témoin. Aujourd’hui, Put your soul on your hand and walk s’est vu déposséder d’une partie de son sens, tout comme Fatima s’est vue ôter la vie.
Film documentaire tourné presque à l’improviste, ce processus simpliste impliquant un téléphone, un appel vidéo et deux interlocutrices n’enlève aucun poids au propos. Cette mise en scène naturelle nous ramène à notre plus pur aspect de spectateur, pas en tant qu’observateur cinéphile, mais en tant que témoin d’un conflit médiatisé sur lequel nous n’avons qu’une impuissance lointaine, un regard distant qui ne passe généralement que par les écrans.
Les appels entre Fatima et Sepideh tiennent cette distance comme fer de lance. Les nombreuses coupures dues aux problèmes de réseau sont suivies d’un sobre « reconnexion », carton renvoyant douloureusement à notre réel, dans un monde où ce génocide perpétré par Israël est tellement cloisonné et millimétré, qu’il paraît impossible de se connecter à l’horreur vécue par le peuple palestinien, confiné sur une bande de Gaza devenue théâtre de massacres injustifiables.
Parler de Put your soul on your hand and walk, ce n’est pas fondamentalement parler de l’œuvre via un prisme cinématographique. Le travail d’analyse s’apparente désormais à une autopsie, un compte rendu de l’optimisme désagrégé. Les photos de Fatima Hassouna sont devenues des preuves de son futur meurtre, les conversations téléphoniques incarnent des volontés testamentaires, derniers espoirs d’une jeune femme croyant en l’avenir.
Cette critique serait bien trop restreinte pour se risquer à une analyse géopolitique d’ampleur, la situation n’est de toute façon pas méconnue pour quiconque un minimum informé. Mais Put your soul on your hand and walk interroge sur notre rapport aux images, ce conflit asymétrique dont notre principal contact est une vidéo issue d’un tweet nocturne ou un extrait de bombardement diffusé au journal télévisé. Il y a une tendance à l’habitude, à rendre le contexte Palestinien trop « guerrier », le film de Sepideh Farsi montre bel et bien de quel côté se situe la véritable nation belliqueuse.
Quant au sourire de Fatima Hassona, il est la seule et unique véritable résistance. Le récent Once Upon a Time in Gaza, limité par son statut de fiction, évoquait cette « résistance par l’image », Put your soul on your hand and walk dépasse cette lutte, c’est un témoignage direct d’une machine infernale inarrêtable. Futur travail d’archives immanquable, le documentaire de Sepideh Farsi fait plus qu’encapsuler un contexte, la réalité lui a donné un nouveau sens, l’hymne à la vie est devenu un requiem. Le dernier sourire d’Hassouna restera un symbole, l’emblème tragique d’un peuple sacrifié sous les yeux du monde.
Theo Karbowski (Le bleu du miroir)
Soirée Rencontre
mercredi 24 septembre
à 20h00
suivi d'une rencontre avec l'association France Palestine Solidarité.
Soirée organisée en collaboration avec l'association France Palestine Solidarité
PUT YOUR SOUL ON YOUR HAND AND WALK
de Sepideh Farsi
Documentaire
PALESTINE - 2025 - 1h50 - VOST - Cannes 2025
Put your soul on your hand and walk est ma réponse en tant que cinéaste, aux massacres en cours des Palestiniens. Un miracle a eu lieu lorsque j’ai rencontré Fatem Hassona. Elle m’a prêté ses yeux pour voir Gaza où elle résistait en documentant la guerre, et moi, je suis devenue un lien entre elle et le reste du monde, depuis sa « prison de Gaza » comme elle le disait. Nous avons maintenu cette ligne de vie pendant plus de 200 jours. Les bouts de pixels et sons que l’on a échangés sont devenus le film que vous voyez. L’assassinat de Fatem le 16 avril 2025 suite à une attaque israélienne sur sa maison en change à jamais le sens.
https://www.new-story.eu/films/put-your-soul-on-your-hand-and-walk/
A PROPOS
« Quand je vais à l’extérieur, dans la rue, je place ma main sur mon cœur et je marche. »
Fatima Hassona – 2024
C’est cette phrase, prononcée par la principale concernée, qui donne son titre au long-métrage de Sepideh Farsi. Il n’est pas question ici de s’en servir comme introduction gratuite et purement solennelle. Cette formule, ce titre, incarne ce que le film aurait dû être avant la tragédie survenue le 16 avril 2025. Put your soul on your hand and walk devait symboliser l’espoir, la résilience d’une population confrontée à une épuration ethnique ignoble. Fatima Hassouna incarnait cette résistance par l’optimisme, le désir d’un avenir, son sourire inaltérable en était le meilleur témoin. Aujourd’hui, Put your soul on your hand and walk s’est vu déposséder d’une partie de son sens, tout comme Fatima s’est vue ôter la vie.
Film documentaire tourné presque à l’improviste, ce processus simpliste impliquant un téléphone, un appel vidéo et deux interlocutrices n’enlève aucun poids au propos. Cette mise en scène naturelle nous ramène à notre plus pur aspect de spectateur, pas en tant qu’observateur cinéphile, mais en tant que témoin d’un conflit médiatisé sur lequel nous n’avons qu’une impuissance lointaine, un regard distant qui ne passe généralement que par les écrans.
Les appels entre Fatima et Sepideh tiennent cette distance comme fer de lance. Les nombreuses coupures dues aux problèmes de réseau sont suivies d’un sobre « reconnexion », carton renvoyant douloureusement à notre réel, dans un monde où ce génocide perpétré par Israël est tellement cloisonné et millimétré, qu’il paraît impossible de se connecter à l’horreur vécue par le peuple palestinien, confiné sur une bande de Gaza devenue théâtre de massacres injustifiables.
Parler de Put your soul on your hand and walk, ce n’est pas fondamentalement parler de l’œuvre via un prisme cinématographique. Le travail d’analyse s’apparente désormais à une autopsie, un compte rendu de l’optimisme désagrégé. Les photos de Fatima Hassouna sont devenues des preuves de son futur meurtre, les conversations téléphoniques incarnent des volontés testamentaires, derniers espoirs d’une jeune femme croyant en l’avenir.
Cette critique serait bien trop restreinte pour se risquer à une analyse géopolitique d’ampleur, la situation n’est de toute façon pas méconnue pour quiconque un minimum informé. Mais Put your soul on your hand and walk interroge sur notre rapport aux images, ce conflit asymétrique dont notre principal contact est une vidéo issue d’un tweet nocturne ou un extrait de bombardement diffusé au journal télévisé. Il y a une tendance à l’habitude, à rendre le contexte Palestinien trop « guerrier », le film de Sepideh Farsi montre bel et bien de quel côté se situe la véritable nation belliqueuse.
Quant au sourire de Fatima Hassona, il est la seule et unique véritable résistance. Le récent Once Upon a Time in Gaza, limité par son statut de fiction, évoquait cette « résistance par l’image », Put your soul on your hand and walk dépasse cette lutte, c’est un témoignage direct d’une machine infernale inarrêtable. Futur travail d’archives immanquable, le documentaire de Sepideh Farsi fait plus qu’encapsuler un contexte, la réalité lui a donné un nouveau sens, l’hymne à la vie est devenu un requiem. Le dernier sourire d’Hassouna restera un symbole, l’emblème tragique d’un peuple sacrifié sous les yeux du monde.
Theo Karbowski (Le bleu du miroir)