ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Que ce soit lorsqu’elle observe avec amour sa mère, dont la beauté masque à peine le chagrin, ou bien lorsqu’elle fait la connaissance d’un garçon nouveau venu dans le quartier – perçu par les autres enfants comme un étranger à rejeter –, la petite fille se confronte à un monde mouvant auquel elle tente de s’adapter tout en cultivant son sens de l’imagination. Cette dualité provoque deux régimes d’images : d’un côté, il y a celles qui s’inscrivent dans le réalisme du quotidien (le poids de la solitude, l’altérité qui s’exprime par les jeux ou la découverte de l’autre) et celles qui donnent l’impression d’un léger décalage avec cette même réalité en s’affranchissant de toute chronologie dramaturgique (les silences indéchiffrables, les figures inquiétantes, le chien au regard étonnamment fixe). C’est dans cet entre-deux qu’Inga se fraie un chemin, même si cette trajectoire n’a rien d’un récit d’apprentissage aux accents moralisateurs : la petite fille éprouve, ressent, se laisse porter, sans que cela se traduise pour autant par un sens particulier, faisant du film un poème libre et virtuose. Plutôt que de chercher à convertir son propos en mots, Arūnas Žebriūnas laisse la musique guider les émotions en s’attachant à offrir une expérience du sensible qui trouve son acmé lors d’une très belle scène au cours de laquelle la jeune héroïne rentre chez elle et laisse libre cours à son chagrin. Qu’il soit ici question d’une perception de soi défaillante (le titre du film vient d’un jeu qui consiste à rassurer la petite fille sur son physique soi-disant disgracieux) ou d’une perception en pleine mutation du monde, La Belle a, sous ses apparats d’une douceur infinie, les aspects d’une jolie revanche : celle du pouvoir de l’imaginaire capable de transfigurer la plus banale des réalités."
Clément Graminiès (Critikat)
Cinélégende
dimanche 14 octobre
2018 à 15h30
Dans le cadre de la journée du cinéma européen (coopération Europa Cinemas / CICAE)
Séance organisée en collaboration avec l'association Cinélégende.
LA BELLE
de Arunas Zebriunas
avec Inga Mickyte, Lilija Zhadeikyte, Arvidas Samukas
LITUANIE - 1969 - 1h05 - VOST - Exclusivité
Les enfants du quartier jouent souvent à un jeu: ils forment un cercle au centre duquel l'un d'entre eux danse pendant que les autres lui adressent des compliments. Inga, une petite fille sympathique et honnête qui vit avec sa mère célibataire, en reçoit en général beaucoup. Pour cette raison, on la surnomme « la belle ». Mais cela ne va pas durer : un nouveau garçon s'installe dans le quartier. Malpoli, il ne s'intègre pas bien. Et comme il n'aime pas les taches de rousseur d'Inga, il lui dit qu'elle est laide, ce qui la blesse profondément. Elle part à la recherche de la vraie beauté...
https://www.eddistribution.com/la-belle-grazuole/
A PROPOS
Que ce soit lorsqu’elle observe avec amour sa mère, dont la beauté masque à peine le chagrin, ou bien lorsqu’elle fait la connaissance d’un garçon nouveau venu dans le quartier – perçu par les autres enfants comme un étranger à rejeter –, la petite fille se confronte à un monde mouvant auquel elle tente de s’adapter tout en cultivant son sens de l’imagination. Cette dualité provoque deux régimes d’images : d’un côté, il y a celles qui s’inscrivent dans le réalisme du quotidien (le poids de la solitude, l’altérité qui s’exprime par les jeux ou la découverte de l’autre) et celles qui donnent l’impression d’un léger décalage avec cette même réalité en s’affranchissant de toute chronologie dramaturgique (les silences indéchiffrables, les figures inquiétantes, le chien au regard étonnamment fixe). C’est dans cet entre-deux qu’Inga se fraie un chemin, même si cette trajectoire n’a rien d’un récit d’apprentissage aux accents moralisateurs : la petite fille éprouve, ressent, se laisse porter, sans que cela se traduise pour autant par un sens particulier, faisant du film un poème libre et virtuose. Plutôt que de chercher à convertir son propos en mots, Arūnas Žebriūnas laisse la musique guider les émotions en s’attachant à offrir une expérience du sensible qui trouve son acmé lors d’une très belle scène au cours de laquelle la jeune héroïne rentre chez elle et laisse libre cours à son chagrin. Qu’il soit ici question d’une perception de soi défaillante (le titre du film vient d’un jeu qui consiste à rassurer la petite fille sur son physique soi-disant disgracieux) ou d’une perception en pleine mutation du monde, La Belle a, sous ses apparats d’une douceur infinie, les aspects d’une jolie revanche : celle du pouvoir de l’imaginaire capable de transfigurer la plus banale des réalités."
Clément Graminiès (Critikat)