ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

LA CAMARISTA - Lila Avilés

A PROPOS

Comédienne de théâtre, Lila Avilès s’inspire de la pièce éponyme, elle-même adaptée du livre de la photographe française Sophie Calle, (cette exploratrice de l’intime qui, en 1981, décide de se faire embaucher comme femme de chambre dans un hôtel, pour immortaliser les effets personnels des clients et saisir les détails de leur vie), afin de réaliser son premier long métrage.
Dans le décor raffiné tout de gris et blanc d’un hôtel de luxe, elle déroule un huis-clos où la violence sociale se fait discrète, pour mieux pointer du doigt le sort peu glorieux réservé à ces invisibles que personne ne remarque mais qui, pourtant, ont accès à la vie privée et aux secrets les plus intimes de ceux pour qui ces femmes ne sont, au pire que de faciles faire-valoir, au mieux d’insignifiantes exécutantes. Le récit se concentre sur Eve, que l’on suit pas à pas dans sa vie de tous les jours, consacrée entièrement à l’hôtel dont elle ne semble jamais sortir. On devine une existence peu facile. Elle a un fils de quatre ans qu’elle élève seule et à qui elle parle au téléphone, un domicile au confort précaire (elle explique ne disposer que d’une carafe d’eau en guise de douche). Plutôt réservée, Eve exécute son travail avec soin. Dans cet univers clos, c’est tout juste si elle prend le temps d’admirer par les grandes baies vitrées le gigantesque panorama sur la ville, symbole d’une liberté trop lointaine pour être accessible. Elle ne quitte son 21ème étage, où elle lisse couvertures et draps dans des chambres impeccables à la blancheur chirurgicale, que pour se perdre dans les méandres des sous-sols. Elle ne rechigne à aucune tâche en vue d’obtenir un jour la gestion de ce 42ème étage que toutes convoitent, car il représente promotion et salaire plus conséquent. D’abord peu sûre de ses capacités d’apprentissage, elle finit par fréquenter assidûment et avec succès les formations offertes par son employeur et nourrit l’espoir de s’élever socialement, tout en découvrant la force de l’amitié, pour finalement comprendre que l’un et l’autre ne sont que des leurres.
Une mise en scène contemplative soutenue par des images aux tonalités neutres coupe court à toute éventualité d’actions, mais enveloppe d’une élégante dignité notre héroïne, à qui l’épatante Gabriela Cartol prête sans compter sa réserve et son visage candide.
Préférant les silences et les ellipses à un discours frontal, la réalisatrice flirte entre documentaire et fiction pour nous livrer, à travers ce microcosme imparfait et envoûtant, une analyse élégante de la complexité des rapports humains, éternellement entravés par la soif du pouvoir et la suprématie de l’argent. Un premier film soigné, qui laisse entrevoir tout le talent d’une jeune réalisatrice prometteuse.

Claudine Levanneur

Ciné découverte
dimanche 21 novembre 2021 à 11h00

Tarif unique  : 5

Séance organisée en collaboration avec l'Université d'Angers et Cinéma Parlant dans le cadre de la semaine de cinéma de langue espagnole


LA CAMARISTA

de Lila Avilés

avec Gabriela Cartol, Teresa Sánchez, Agustina Quinci
MEXIQUE - 2018 - 1h42 - VOST

Eve, une jeune femme de chambre, travaille dans un luxueux hôtel de la ville de Mexico. Pour trouver la force et le courage nécessaires d'affronter sa monotonie quotidienne, elle s'évade à diverses fantaisies à travers les objets personnels laissés par les invités de l'hôtel
http://www.bodegafilms.com/film/la-camarista/

A PROPOS

Comédienne de théâtre, Lila Avilès s’inspire de la pièce éponyme, elle-même adaptée du livre de la photographe française Sophie Calle, (cette exploratrice de l’intime qui, en 1981, décide de se faire embaucher comme femme de chambre dans un hôtel, pour immortaliser les effets personnels des clients et saisir les détails de leur vie), afin de réaliser son premier long métrage.
Dans le décor raffiné tout de gris et blanc d’un hôtel de luxe, elle déroule un huis-clos où la violence sociale se fait discrète, pour mieux pointer du doigt le sort peu glorieux réservé à ces invisibles que personne ne remarque mais qui, pourtant, ont accès à la vie privée et aux secrets les plus intimes de ceux pour qui ces femmes ne sont, au pire que de faciles faire-valoir, au mieux d’insignifiantes exécutantes. Le récit se concentre sur Eve, que l’on suit pas à pas dans sa vie de tous les jours, consacrée entièrement à l’hôtel dont elle ne semble jamais sortir. On devine une existence peu facile. Elle a un fils de quatre ans qu’elle élève seule et à qui elle parle au téléphone, un domicile au confort précaire (elle explique ne disposer que d’une carafe d’eau en guise de douche). Plutôt réservée, Eve exécute son travail avec soin. Dans cet univers clos, c’est tout juste si elle prend le temps d’admirer par les grandes baies vitrées le gigantesque panorama sur la ville, symbole d’une liberté trop lointaine pour être accessible. Elle ne quitte son 21ème étage, où elle lisse couvertures et draps dans des chambres impeccables à la blancheur chirurgicale, que pour se perdre dans les méandres des sous-sols. Elle ne rechigne à aucune tâche en vue d’obtenir un jour la gestion de ce 42ème étage que toutes convoitent, car il représente promotion et salaire plus conséquent. D’abord peu sûre de ses capacités d’apprentissage, elle finit par fréquenter assidûment et avec succès les formations offertes par son employeur et nourrit l’espoir de s’élever socialement, tout en découvrant la force de l’amitié, pour finalement comprendre que l’un et l’autre ne sont que des leurres.
Une mise en scène contemplative soutenue par des images aux tonalités neutres coupe court à toute éventualité d’actions, mais enveloppe d’une élégante dignité notre héroïne, à qui l’épatante Gabriela Cartol prête sans compter sa réserve et son visage candide.
Préférant les silences et les ellipses à un discours frontal, la réalisatrice flirte entre documentaire et fiction pour nous livrer, à travers ce microcosme imparfait et envoûtant, une analyse élégante de la complexité des rapports humains, éternellement entravés par la soif du pouvoir et la suprématie de l’argent. Un premier film soigné, qui laisse entrevoir tout le talent d’une jeune réalisatrice prometteuse.

Claudine Levanneur