ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

RAFIKI - Wanuri Kahiu

A PROPOS

Elles sont jeunes, habitent Nairobi, flirtent et le cachent… Révélé à Cannes, un hymne grave et coloré à la liberté d’aimer.

Elle s’appelle Ziki, elle ressemble à une poupée : des nattes multicolores, des jupes qui dansent, et un délicat coquillage sur le front. Elle traîne avec ses copines dans le quartier où habite Kena, à Nairobi. Kena, c’est tout le contraire : une brindille un peu garçon manqué, de cette gaucherie brusque qui confine à la grâce. Tout oppose les deux jeunes filles, à commencer par leurs pères respectifs, candidats rivaux dans une élection locale. Et pourtant, elles se tournent autour. Elles se cherchent. Echange de regards, sourires furtifs, désir, fascination.

Adaptée d’un livre de l’Ougandaise Monica Arac de Nyeko, cette romance à la fois solaire et maudite a beaucoup fait parler d’elle au dernier Festival de Cannes : premier film kényan à investir la Croisette (dans la section Un certain regard), Rafiki était, en même temps, censuré dans son propre pays. Là-bas, l’homosexualité est bannie, passible de prison. Et oser la représenter à l’écran est à peine moins dangereux. Vus d’ici, les émois de Kena et Ziki n’ont pourtant rien de révolutionnaire. On y retrouve le charme naïf et impétueux d’un premier amour : une histoire fraîche, sensuelle et touchante comme ses deux jeunes interprètes. La réalisatrice Wanuri Kahiu cherche constamment à échapper à l’imagerie habituelle d’une Afrique misérabiliste, uniquement préoccupée de sa survie. Chaque plan déborde de couleurs acidulées, chaque mouvement est un hommage aux élans de la jeunesse. Du moins jusqu’à ce que la violence du monde rattrape les deux amantes, comme elle a rattrapé le film. De la ­lumière de Cannes à l’intolérance de Nairobi, de la passion partagée à l’étouffement, même punition. Wanuri Kahiu l’a dit et répété : elle n’a jamais souhaité réaliser un brûlot militant. En l’interdisant, ce sont les autorités kényanes qui ont fait de l’amour une cause à défendre, coûte que coûte.

Cécile Mury (Télérama)

Soirée rencontre
jeudi 11 avril 2019 à 20h00

en présence de Yvelin Ducotey, doctorant en études filmiques, Université d'Angers

Séance organisée en collaboration avec le Collectif Lucioles
L’un des objets du Collectif Lucioles est de d’organiser des événements culturels sur les enjeux de genre et d’orientation sexuelle sous divers formats afin d’informer les étudiant.e.s de la pluralité et de lutter contre les discriminations LGBTphobes, qui découlent souvent d’une méconnaissance et de stéréotypes.


RAFIKI

de Wanuri Kahiu

avec Samantha Mugatsia, Sheila Munyiva, Dennis Musyoka
KENYA - 2018 - 1h23 - VOST

À Nairobi, Kena et Ziki mènent deux vies de jeunes lycéennes bien différentes, mais cherchent chacune à leur façon à poursuivre leurs rêves. Leurs chemins se croisent en pleine campagne électorale au cours de laquelle s'affrontent leurs pères respectifs. Attirées l'une vers l'autre dans une société kenyane conservatrice, les deux jeunes femmes vont être contraintes de choisir entre amour et sécurité...

A PROPOS

Elles sont jeunes, habitent Nairobi, flirtent et le cachent… Révélé à Cannes, un hymne grave et coloré à la liberté d’aimer.

Elle s’appelle Ziki, elle ressemble à une poupée : des nattes multicolores, des jupes qui dansent, et un délicat coquillage sur le front. Elle traîne avec ses copines dans le quartier où habite Kena, à Nairobi. Kena, c’est tout le contraire : une brindille un peu garçon manqué, de cette gaucherie brusque qui confine à la grâce. Tout oppose les deux jeunes filles, à commencer par leurs pères respectifs, candidats rivaux dans une élection locale. Et pourtant, elles se tournent autour. Elles se cherchent. Echange de regards, sourires furtifs, désir, fascination.

Adaptée d’un livre de l’Ougandaise Monica Arac de Nyeko, cette romance à la fois solaire et maudite a beaucoup fait parler d’elle au dernier Festival de Cannes : premier film kényan à investir la Croisette (dans la section Un certain regard), Rafiki était, en même temps, censuré dans son propre pays. Là-bas, l’homosexualité est bannie, passible de prison. Et oser la représenter à l’écran est à peine moins dangereux. Vus d’ici, les émois de Kena et Ziki n’ont pourtant rien de révolutionnaire. On y retrouve le charme naïf et impétueux d’un premier amour : une histoire fraîche, sensuelle et touchante comme ses deux jeunes interprètes. La réalisatrice Wanuri Kahiu cherche constamment à échapper à l’imagerie habituelle d’une Afrique misérabiliste, uniquement préoccupée de sa survie. Chaque plan déborde de couleurs acidulées, chaque mouvement est un hommage aux élans de la jeunesse. Du moins jusqu’à ce que la violence du monde rattrape les deux amantes, comme elle a rattrapé le film. De la ­lumière de Cannes à l’intolérance de Nairobi, de la passion partagée à l’étouffement, même punition. Wanuri Kahiu l’a dit et répété : elle n’a jamais souhaité réaliser un brûlot militant. En l’interdisant, ce sont les autorités kényanes qui ont fait de l’amour une cause à défendre, coûte que coûte.

Cécile Mury (Télérama)