ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
C’était l’époque où Jack Nicholson était encore un acteur et pas simplement un sourire inquiétant et une paire de sourcils circonflexes, l’époque où Milos Forman était encore un malicieux cinéaste tchèque réfugié aux Etats-Unis et non un moraliste paradoxal se souvenir de Larry Flynt, film qui vantait un des héros de la liberté d’expression mais s’offusquait dès qu’il fallait montrer à l’écran cette même liberté. Il y a plus de vingt ans donc, Vol au-dessus d’un nid de coucous parvenait à se jouer de tout le monde et brouillait toutes les pistes. D’abord en falsifiant le film de genre : l’asile d’aliénés n’est qu’un prétexte, ou plutôt une déclinaison. On est ici autant en plein film de prison que sur les terres du western, avec des personnages codés s’opposant en un long duel. McMurphy (Nicholson) a tout du cowboy renégat, nourri à l’instinct. Miss Ratched (la méconnue Louise Fletcher), l’infirmière/matonne, est un shérif chargé de faire respecter l’ordre dans sa communauté. Il y a même un Indien, véritable fil rouge de la dramaturgie et finalement héros du film lorsque le meurtre rituel final lui permet de retrouver la liberté et les terres de ses aïeux (le choix de l’Oregon, terre mythique du western, pour lieu de tournage ne peut pas être innocent).
Par ailleurs, Forman fait de Vol au-dessus… une allégorie du système sociopolitique des pays de l’Est : autant que les méthodes psychiatriques, c’est surtout une société répressive qui est ici épluchée, un système oppressif appelant à une inquiétante normalisation qui est pointé du doigt et contre lequel il faut lutter. Ce que fait McMurphy avec une ironie amère, quand à chaque retour de séance d’électrochocs il pose la question : "Je voudrais savoir pourquoi on ne m’a pas prévenu que ma liberté dépendait de votre bon vouloir." Vision renforcée par une photographie qui passe son temps à chasser les couleurs, tendant vers un noir et blanc peu coutumier dans les productions hollywoodiennes du début des années 70.
C’était l’époque où Roman Polanski (Rosemary’s baby), Ivan Passer (Cutter’s way) et Forman avec ce film pouvaient être des cinéastes émigrés à Hollywood sans renoncer à leur personnalité, réussissaient à imposer leur vision à leur pays adoptif. Les temps ont bien changé.
Alex Masson (Les inrocks.com)
Ciné Légende
mardi 16 octobre
2012 à 20h15
Présentation et débat en présence de Dominique Robert, médecin psychiatre, chef de service au CESAME
Soirée organisée en collaboration avec l'association Ciné Légende
VOL AU-DESSUS D'UN NID DE COUCOU
de Milos Forman
avec Jack Nicholson, Louise Fletcher, William Redfield...
USA - 1975 - 2h13 - Version originale sous-titrée
Pour échapper à la prison, Randle McMurphy est prêt à tout… même à se faire passer pour un malade mental. Interné dans un hôpital psychiatrique, il découvre, au-delà de leur folie, des êtres fragiles et attachants, soumis à l'autorité oppressive de l'infirmière Ratched. S'insurgeant alors contre les règles établies, il décide de révolutionner ce petit monde...
A PROPOS
C’était l’époque où Jack Nicholson était encore un acteur et pas simplement un sourire inquiétant et une paire de sourcils circonflexes, l’époque où Milos Forman était encore un malicieux cinéaste tchèque réfugié aux Etats-Unis et non un moraliste paradoxal se souvenir de Larry Flynt, film qui vantait un des héros de la liberté d’expression mais s’offusquait dès qu’il fallait montrer à l’écran cette même liberté. Il y a plus de vingt ans donc, Vol au-dessus d’un nid de coucous parvenait à se jouer de tout le monde et brouillait toutes les pistes. D’abord en falsifiant le film de genre : l’asile d’aliénés n’est qu’un prétexte, ou plutôt une déclinaison. On est ici autant en plein film de prison que sur les terres du western, avec des personnages codés s’opposant en un long duel. McMurphy (Nicholson) a tout du cowboy renégat, nourri à l’instinct. Miss Ratched (la méconnue Louise Fletcher), l’infirmière/matonne, est un shérif chargé de faire respecter l’ordre dans sa communauté. Il y a même un Indien, véritable fil rouge de la dramaturgie et finalement héros du film lorsque le meurtre rituel final lui permet de retrouver la liberté et les terres de ses aïeux (le choix de l’Oregon, terre mythique du western, pour lieu de tournage ne peut pas être innocent).
Par ailleurs, Forman fait de Vol au-dessus… une allégorie du système sociopolitique des pays de l’Est : autant que les méthodes psychiatriques, c’est surtout une société répressive qui est ici épluchée, un système oppressif appelant à une inquiétante normalisation qui est pointé du doigt et contre lequel il faut lutter. Ce que fait McMurphy avec une ironie amère, quand à chaque retour de séance d’électrochocs il pose la question : "Je voudrais savoir pourquoi on ne m’a pas prévenu que ma liberté dépendait de votre bon vouloir." Vision renforcée par une photographie qui passe son temps à chasser les couleurs, tendant vers un noir et blanc peu coutumier dans les productions hollywoodiennes du début des années 70.
C’était l’époque où Roman Polanski (Rosemary’s baby), Ivan Passer (Cutter’s way) et Forman avec ce film pouvaient être des cinéastes émigrés à Hollywood sans renoncer à leur personnalité, réussissaient à imposer leur vision à leur pays adoptif. Les temps ont bien changé.
Alex Masson (Les inrocks.com)