ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
En France, plus d’un million de personnes est atteint de la maladie d’Alzheimer, une pathologie presque honteuse, décrite négativement dans le grand public, les médias et même le monde médical qui ne fait qu’isoler les malades de toute vie sociale. Émergent depuis quelque temps des rapports insistant sur la nécessité de poser un autre regard sur cette maladie. Passionné de sociologie autant que de création, Bertrand Hagenmüller nous incite, lui aussi, à nous interroger sur la meilleure manière de sortir d’un système institutionnel sclérosé.
Sa formation de sociologue l’amène à rencontrer bon nombre de soignants et de travailleurs sociaux et de recueillir des témoignages. Ce qui lui permet de documenter ses films essentiellement tournés vers l’accompagnement des plus vulnérables, qu’il s’agisse du grand âge, de l’enfance en danger ou des personnes handicapées. Les Esprits Libres est le dernier volet d’une trilogie sur l’accompagnement de la maladie d’Alzheimer, démarré en 2019 avec Prendre soin, puis Première ligne (2022). Ce troisième chapitre, installé dans un lieu ouvert et créatif, intergénérationnel et sans blouse blanche, se veut porteur d’espoirs et de possibles.
Dans le parc d’un manoir dansent des personnes âgées, des jeunes, en couples ou seuls, et même des enfants. Là où la société ne propose qu’enfermement, notre récit invite à l’ouverture, à travers l’expression corporelle, poétique ou théâtrale. Bien sûr, prétendre initier au théâtre des personnes en perte de mémoire peut sembler anachronique. Pourtant, le théâtre (tout comme le cinéma), qui se joue de la frontière et imaginaire et réalité, n’est-il pas le meilleur écrin pour recevoir en toute liberté les paroles de ceux qui ne savent plus précisément à quel temps se conjugue leur vie. Au tout début, le spectateur lui-même a du mal à démêler la part d’improvisation et la vérité. À ce jeu-là, Anne-Marie, dotée d’un humour féroce, est la meilleure pour faire côtoyer désespoir et splendeur. On s’amuse de l’obstination de Didier à vouloir regagner Paris, éloigné de cinq cents kilomètres, à pied. On fond face à Nicole qui évoque ses souvenirs de petite fille et convoque ses parents comme s’ils étaient encore à ses côtés. On s’émeut de la douceur de l’éternel romantique qu’est Antoine.
Les présentant parfois avec une certaine crudité, la caméra ne cache rien des crises des patients, pas plus que des doutes des soignants. Psychologues, infirmiers, éducateurs sportifs, agents d’accueil, animateurs tournent radicalement le dos aux méthodes habituellement prônées et, malgré l’évolution positive des conditions de vie des malades qui leur sont confiés, s’interrogent sur le bien-fondé de leur démarche et particulièrement sur leur capacité à la diffuser plus largement. Certains d’entre eux sont venus en famille. C’est là l’occasion d’instants merveilleusement suspendus où enfants et personnes âgées, unis par une même faculté d’émerveillement, se rejoignent dans un univers de tendresse et d’évasion.
À l’heure où nos aînés sont souvent réduits à l’image du vieillard, placé en EHPAD et devenu inutile à la société, Les Esprits Libres est un film joyeux et poétique qui tombe à pic pour leur rendre leur dignité. À saluer !
Claudine Levanneur (avoiralire.com)
Ciné Doc
jeudi 5 juin
à 20h00
suivi d'une rencontre avec Bertrand Hagenmüller, réalisateur et sociologue, Emanuela Barbone, art thérapeute dans le film et des membres de France Alzheimer 49
Soirée en collaboration avec le Département de Maine et Loire et l'association France Alzheimer 49
LES ESPRITS LIBRES
de Bertrand Hagenmüller
Documentaire
FRANCE - 2025 - 1h34
L’histoire d’une folle aventure où patients atteints de la maladie d’Alzheimer et soignants se rejoignent pour vivre une expérience thérapeutique unique faite de théâtre, de musique et de poésie. Dans cette grande maison ouverte, l’accompagnement prend une tout autre forme : plus de blouses blanches ni de couloirs aseptisés mais des esprits libres et bien vivants.
A PROPOS
En France, plus d’un million de personnes est atteint de la maladie d’Alzheimer, une pathologie presque honteuse, décrite négativement dans le grand public, les médias et même le monde médical qui ne fait qu’isoler les malades de toute vie sociale. Émergent depuis quelque temps des rapports insistant sur la nécessité de poser un autre regard sur cette maladie. Passionné de sociologie autant que de création, Bertrand Hagenmüller nous incite, lui aussi, à nous interroger sur la meilleure manière de sortir d’un système institutionnel sclérosé.
Sa formation de sociologue l’amène à rencontrer bon nombre de soignants et de travailleurs sociaux et de recueillir des témoignages. Ce qui lui permet de documenter ses films essentiellement tournés vers l’accompagnement des plus vulnérables, qu’il s’agisse du grand âge, de l’enfance en danger ou des personnes handicapées. Les Esprits Libres est le dernier volet d’une trilogie sur l’accompagnement de la maladie d’Alzheimer, démarré en 2019 avec Prendre soin, puis Première ligne (2022). Ce troisième chapitre, installé dans un lieu ouvert et créatif, intergénérationnel et sans blouse blanche, se veut porteur d’espoirs et de possibles.
Dans le parc d’un manoir dansent des personnes âgées, des jeunes, en couples ou seuls, et même des enfants. Là où la société ne propose qu’enfermement, notre récit invite à l’ouverture, à travers l’expression corporelle, poétique ou théâtrale. Bien sûr, prétendre initier au théâtre des personnes en perte de mémoire peut sembler anachronique. Pourtant, le théâtre (tout comme le cinéma), qui se joue de la frontière et imaginaire et réalité, n’est-il pas le meilleur écrin pour recevoir en toute liberté les paroles de ceux qui ne savent plus précisément à quel temps se conjugue leur vie. Au tout début, le spectateur lui-même a du mal à démêler la part d’improvisation et la vérité. À ce jeu-là, Anne-Marie, dotée d’un humour féroce, est la meilleure pour faire côtoyer désespoir et splendeur. On s’amuse de l’obstination de Didier à vouloir regagner Paris, éloigné de cinq cents kilomètres, à pied. On fond face à Nicole qui évoque ses souvenirs de petite fille et convoque ses parents comme s’ils étaient encore à ses côtés. On s’émeut de la douceur de l’éternel romantique qu’est Antoine.
Les présentant parfois avec une certaine crudité, la caméra ne cache rien des crises des patients, pas plus que des doutes des soignants. Psychologues, infirmiers, éducateurs sportifs, agents d’accueil, animateurs tournent radicalement le dos aux méthodes habituellement prônées et, malgré l’évolution positive des conditions de vie des malades qui leur sont confiés, s’interrogent sur le bien-fondé de leur démarche et particulièrement sur leur capacité à la diffuser plus largement. Certains d’entre eux sont venus en famille. C’est là l’occasion d’instants merveilleusement suspendus où enfants et personnes âgées, unis par une même faculté d’émerveillement, se rejoignent dans un univers de tendresse et d’évasion.
À l’heure où nos aînés sont souvent réduits à l’image du vieillard, placé en EHPAD et devenu inutile à la société, Les Esprits Libres est un film joyeux et poétique qui tombe à pic pour leur rendre leur dignité. À saluer !
Claudine Levanneur (avoiralire.com)