ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

LE BEL ANTONIO - Mauro Bolognini

A PROPOS

La collaboration fructueuse entre le cinéaste Mauro Bolognini et le jeune scénariste Pier Paolo Pasolini trouve son accomplissement le plus total avec cette adaptation d’un roman de Vitaliano Brancati qui a connu en 1960 les honneurs de la critique en emportant haut la main le Léopard d’Or au festival de Locarno. Avec une audace peu commune pour l’époque, les auteurs osent casser l’image du macho italien, ici frappé d’impuissance. Interprété de manière magistrale par un Marcello Mastroianni visiblement très heureux de mettre à mal son statut de latin lover, le bel Antonio se révèle incapable de satisfaire son épouse qu’il aime pourtant follement. Avec une grande finesse, Bolognini évoque ce drame de l’impuissance masculine à travers le destin d’un personnage tragique, trop sensible à la beauté solaire de sa compagne pour pouvoir consommer leur union.

Loin de juger son personnage principal, le cinéaste insiste sur les dommages collatéraux suscités par un problème pourtant très personnel dans une société italienne phallocrate. Tel un rebelle malgré lui, le pauvre Antonio bouleverse son entourage en n’accomplissant pas son « devoir » conjugal. Critiquant tour à tour une certaine bourgeoisie arriviste, ainsi qu’une aristocratie exsangue cherchant à tout prix à transmettre ses biens par des unions pas toujours consenties, les auteurs dénoncent l’implacable emprise de la société sur les êtres. Prisonniers de normes sociales imposées par une Eglise catholique toute-puissante, les personnages se débattent pour atteindre leur vérité intérieure. En cela, la dernière scène où Antonio capitule, allant à l’encontre de ses sentiments profonds, est tout simplement bouleversante. Le tout est souligné par une réalisation gracieuse et jamais racoleuse, mettant en valeur le jeu d’acteurs tous plus brillants les uns que les autres : Pierre Brasseur nous gratifie d’une prestation impressionnante, tandis que Claudia Cardinale et Tomas Milian, tous deux dans la retenue, sont au diapason. De quoi faire du Bel Antonio (1960) une œuvre sensible et délicate sur un sujet finalement pas si souvent traité au cinéma.

Virgile Dumez (Avoiralire.com)

Ciné classique
dimanche 18 novembre 2018 à 17h45

présenté par Jean Pierre Bleys, spécialiste en histoire du cinéma

Soirée organisée en collaboration avec l'Université d'Angers et Cinéma Parlant dans le cadre de la semaine de cinéma de langue italienne


LE BEL ANTONIO

de Mauro Bolognini

avec Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale, Pierre Brasseur
ITALIE - 1960 - 1h45 - VOST - Réédition - Version restaurée

Après avoir longtemps vécu à Rome, le séduisant Antonio Magnano revient dans sa ville natale, à Catalane. Là, sa beauté lui vaut une réputation de véritable Don Juan. Ses parents ont décidé de le marier à Barbara Puglisi, la fille d'un riche notaire. Antonio tombe aussitôt éperdûment amoureux d'elle qui est belle, douce, pure et amoureuse. Le jour de leur mariage, nombre de femmes sont inconsolables. Les jeunes époux se rendent à la campagne où ils sont heureux. Mais un an après, les parents de Barbara demandent l'annulation du mariage, car il n'est pas consommé...

A PROPOS

La collaboration fructueuse entre le cinéaste Mauro Bolognini et le jeune scénariste Pier Paolo Pasolini trouve son accomplissement le plus total avec cette adaptation d’un roman de Vitaliano Brancati qui a connu en 1960 les honneurs de la critique en emportant haut la main le Léopard d’Or au festival de Locarno. Avec une audace peu commune pour l’époque, les auteurs osent casser l’image du macho italien, ici frappé d’impuissance. Interprété de manière magistrale par un Marcello Mastroianni visiblement très heureux de mettre à mal son statut de latin lover, le bel Antonio se révèle incapable de satisfaire son épouse qu’il aime pourtant follement. Avec une grande finesse, Bolognini évoque ce drame de l’impuissance masculine à travers le destin d’un personnage tragique, trop sensible à la beauté solaire de sa compagne pour pouvoir consommer leur union.

Loin de juger son personnage principal, le cinéaste insiste sur les dommages collatéraux suscités par un problème pourtant très personnel dans une société italienne phallocrate. Tel un rebelle malgré lui, le pauvre Antonio bouleverse son entourage en n’accomplissant pas son « devoir » conjugal. Critiquant tour à tour une certaine bourgeoisie arriviste, ainsi qu’une aristocratie exsangue cherchant à tout prix à transmettre ses biens par des unions pas toujours consenties, les auteurs dénoncent l’implacable emprise de la société sur les êtres. Prisonniers de normes sociales imposées par une Eglise catholique toute-puissante, les personnages se débattent pour atteindre leur vérité intérieure. En cela, la dernière scène où Antonio capitule, allant à l’encontre de ses sentiments profonds, est tout simplement bouleversante. Le tout est souligné par une réalisation gracieuse et jamais racoleuse, mettant en valeur le jeu d’acteurs tous plus brillants les uns que les autres : Pierre Brasseur nous gratifie d’une prestation impressionnante, tandis que Claudia Cardinale et Tomas Milian, tous deux dans la retenue, sont au diapason. De quoi faire du Bel Antonio (1960) une œuvre sensible et délicate sur un sujet finalement pas si souvent traité au cinéma.

Virgile Dumez (Avoiralire.com)