ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
C’est à cause d’un mal de ventre anodin que le capitaine Jacob fait le pari d’épouser la première femme qui traversera la porte du café où il prend un verre avec un ami, pour le moins mafieux. Si une dame pas des plus élégantes s’apprête à traverser la porte, c’est finalement la très jolie Lizzy qui pénètre la brasserie, sans doute pour le meilleur ou le pire. Grâce à la magie du cinéma, la jeune femme accepte sur le champ de devenir l’amante puis l’épouse du capitaine. Construit sur sept chapitres aux titres parfois énigmatiques, le long-métrage de plus de deux heures et demie s’engage avec passion dans l’intimité d’un couple, aux prises avec le métier de marin de Jacob, parti sur les mers la plupart du temps et avec l’ambiguïté sensuelle de Lizzy.
L’histoire de ma femme est issu d’un roman. Le long-métrage est élaboré comme une véritable œuvre littéraire. Le scénario s’attache à des dialogues très bien écrits qui prennent le temps de décrire les deux héros enfermés dans leurs propres logiques et en incapacité de se rassurer l’un l’autre. Il y a dans la façon d’appréhender l’univers de ces deux êtres qui s’aiment, autant qu’ils mettent à l’épreuve l’intensité de leur union, quelque chose qui rappelle les grands romans du dix-neuvième siècle. La longueur du film laisse le temps de mettre en lumière la complexité des deux personnages, sans jamais succomber à la caricature ou au maniérisme. Toutefois, Ildiko Enyedi refuse la surenchère romantique en choisissant une mise en scène dépouillée, quasi entomologique, où elle découpe au scalpel psychologique les mystères de la personnalité de ces deux amoureux.
La musique, souvent très belle, l’usage du travelling, le travail sur les prises de vue donnent au récit une étoffe particulièrement sensible et dense. La réalisatrice met en scène son film à la façon d’un ouvrage. Les décors, les paysages marins, les costumes témoignent d’un travail particulièrement minutieux dans la réalisation. Ildiko Enyedi entend ne jamais céder à la vulgarité. L’enfer de la jalousie que vit Jacob, tout en ne se privant pas de relations adultérines, s’affronte avec le désir de liberté de Lizzy qui doit accepter sa condition de femme de marin, contrainte par de longs mois de séparation. Léa Seydoux irradie proprement l’écran. Elle incarne une héroïne d’une très grande épaisseur narrative dont on ne parvient jamais à savoir si elle contribue à la situation de jalousie de son mari, si elle est victime du déterminisme social qui pèse sur les femmes au début du vingtième siècle, ou si elle annonce, pour les décennies à venir, le combat en faveur d’une reconnaissance des droits des femmes. Elle est admirablement filmée, ce qui rajoute au mystère incandescent de cette héroïne. Elle s’oppose au jeu de Gijs Naber qui est tout autant stupéfiant de sincérité et de puissance narrative. On voit l’homme sombre tenter en permanence de trouver un sens à son existence, hantée par la crainte de la solitude et de la mort.
Les presque trois heures de film peuvent d’emblée rebuter le spectateur. En réalité, grâce à cette architecture narrative bâtie sur sept chapitres de longueur équilibrée, on se laisse emporter par le souffle romanesque du film. Le spectateur est littéralement plongé dans l’univers des Années folles qui a suivi la Première Guerre mondiale, où l’on mesure l’esprit de liberté et de joie qui régnait sur les villes. L’histoire de ma femme est peut-être l’une des œuvres les plus abouties et importantes présentées à Cannes en 2021
Laurent Cambon (avoiralire.com)
Avant-première
vendredi 11 mars
2022 à 19h30
En présence de Ildiko Enyedi, réalisatrice
Soirée organisée en collaboration avec l'association Cinéma Parlant
L'HISTOIRE DE MA FEMME
de Ildiko Enyedi
avec Léa Seydoux, Gijs Naber, Louis Garrel
HONGRIE - 2021 - 2h49 - Cannes 2021
Jacob est capitaine au long cours. Un jour, il fait un pari avec un ami dans un café : il épousera la première femme qui en franchira le seuil. C'est alors qu'entre Lizzy...
http://distrib.pyramidefilms.com/pyramide-distribution-catalogue/l-histoire-de-ma-femme.html
A PROPOS
C’est à cause d’un mal de ventre anodin que le capitaine Jacob fait le pari d’épouser la première femme qui traversera la porte du café où il prend un verre avec un ami, pour le moins mafieux. Si une dame pas des plus élégantes s’apprête à traverser la porte, c’est finalement la très jolie Lizzy qui pénètre la brasserie, sans doute pour le meilleur ou le pire. Grâce à la magie du cinéma, la jeune femme accepte sur le champ de devenir l’amante puis l’épouse du capitaine. Construit sur sept chapitres aux titres parfois énigmatiques, le long-métrage de plus de deux heures et demie s’engage avec passion dans l’intimité d’un couple, aux prises avec le métier de marin de Jacob, parti sur les mers la plupart du temps et avec l’ambiguïté sensuelle de Lizzy.
L’histoire de ma femme est issu d’un roman. Le long-métrage est élaboré comme une véritable œuvre littéraire. Le scénario s’attache à des dialogues très bien écrits qui prennent le temps de décrire les deux héros enfermés dans leurs propres logiques et en incapacité de se rassurer l’un l’autre. Il y a dans la façon d’appréhender l’univers de ces deux êtres qui s’aiment, autant qu’ils mettent à l’épreuve l’intensité de leur union, quelque chose qui rappelle les grands romans du dix-neuvième siècle. La longueur du film laisse le temps de mettre en lumière la complexité des deux personnages, sans jamais succomber à la caricature ou au maniérisme. Toutefois, Ildiko Enyedi refuse la surenchère romantique en choisissant une mise en scène dépouillée, quasi entomologique, où elle découpe au scalpel psychologique les mystères de la personnalité de ces deux amoureux.
La musique, souvent très belle, l’usage du travelling, le travail sur les prises de vue donnent au récit une étoffe particulièrement sensible et dense. La réalisatrice met en scène son film à la façon d’un ouvrage. Les décors, les paysages marins, les costumes témoignent d’un travail particulièrement minutieux dans la réalisation. Ildiko Enyedi entend ne jamais céder à la vulgarité. L’enfer de la jalousie que vit Jacob, tout en ne se privant pas de relations adultérines, s’affronte avec le désir de liberté de Lizzy qui doit accepter sa condition de femme de marin, contrainte par de longs mois de séparation. Léa Seydoux irradie proprement l’écran. Elle incarne une héroïne d’une très grande épaisseur narrative dont on ne parvient jamais à savoir si elle contribue à la situation de jalousie de son mari, si elle est victime du déterminisme social qui pèse sur les femmes au début du vingtième siècle, ou si elle annonce, pour les décennies à venir, le combat en faveur d’une reconnaissance des droits des femmes. Elle est admirablement filmée, ce qui rajoute au mystère incandescent de cette héroïne. Elle s’oppose au jeu de Gijs Naber qui est tout autant stupéfiant de sincérité et de puissance narrative. On voit l’homme sombre tenter en permanence de trouver un sens à son existence, hantée par la crainte de la solitude et de la mort.
Les presque trois heures de film peuvent d’emblée rebuter le spectateur. En réalité, grâce à cette architecture narrative bâtie sur sept chapitres de longueur équilibrée, on se laisse emporter par le souffle romanesque du film. Le spectateur est littéralement plongé dans l’univers des Années folles qui a suivi la Première Guerre mondiale, où l’on mesure l’esprit de liberté et de joie qui régnait sur les villes. L’histoire de ma femme est peut-être l’une des œuvres les plus abouties et importantes présentées à Cannes en 2021
Laurent Cambon (avoiralire.com)