ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS

Une jolie fable sur la richesse de la différence

La société de distribution française Cinéma Public Films, spécialisée dans le cinéma d’art et essai pour les plus jeunes, a toujours de jolies trouvailles dans sa hotte. Sa nouvelle proposition nous invite à découvrir le travail de l’animatrice slovaque Katarína Kerekesová et de son studio Fool Moon. Composé des six premiers épisodes d’une série diffusée à la télévision slovaque, Mimi et Lisa nous invite à suivre les aventures de deux petites voisines devenues très amies – ce qui n’aurait a priori rien d’original si la discrète Mimi n’était pas non-voyante.

Jamais trop insistante dans sa mise en exergue de la beauté des différences, Katarína Kerekesová propose à travers ces petites histoires un tableau fin et inventif de l’amitié et de la vie ensemble comme art de pallier aux difficultés de l’autre, et de l’aider à déployer ses atouts. Les frustrations et embarras générés par le handicap de Mimi ne sont jamais niés, et toujours affrontés dans la bonne humeur par Lisa. Ainsi, dans le troisième épisode, Le jeu de cartes, cette dernière fait preuve d’une belle astuce pour pouvoir partager avec sa camarade son jeu de cartes favori. Mais la petite Mimi a déjà très bien compris et pris le parti d’apprécier les talents singuliers que le fait de ne pas voir a développé chez elle. Le second épisode, Adieu grisaille ! se construit comme un poème visuel inspiré par la description vibrante que Mimi fait des couleurs telles qu’elles les imagine, description qui amènera Lisa, ainsi que la vieille logeuse acariâtre, à voir le monde autrement.

Visuellement inventif, Mimi et Lisa développe au fil des épisodes une galerie de tableaux étonnants, jouant de multiples effets de collages et de textures, dans lesquels les aventures imaginaires multicolores des petites filles contrastent joyeusement avec la ville un peu grise dans laquelle elles grandissent. Ce gris citadin est cependant modéré : l’enfance sublime les couleurs existantes au lieu de tourner le dos au monde dans ses rêves, et ce beau parti-pris là n’est pas si fréquent. L’écriture fine de la scénariste Katarina Molakova est tout aussi riche de nuances.
Noémie Luciani (LeMonde)