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VOYAGE AU PÔLE SUD - Ciné Rencontre - 2024-04-29

Ciné Rencontre - lundi 29 avril à 20h00

VOYAGE AU PÔLE SUD de Luc Jacquet

CASINO - Plans Cultes - 2024-05-14

Plans Cultes - mardi 14 mai à 20h00

CASINO de Martin Scorsese

LE DEUXIÈME ACTE - Avant-première - 2024-05-14

Avant-première - mardi 14 mai à 20h00

LE DEUXIÈME ACTE de Quentin Dupieux

LE DEUXIÈME ACTE - Ciné Cosy - 2024-05-17

Ciné Cosy - vendredi 17 mai à 13h15

LE DEUXIÈME ACTE de Quentin Dupieux

LES CHOSES HUMAINES - Soirée Rencontre - 2024-05-21

Soirée Rencontre - mardi 21 mai à 20h00

LES CHOSES HUMAINES de Yvan Attal

ANGERS, TEXAS : TEN YEARS AFTER - Festival Levitation - 2024-05-25

Festival Levitation - samedi 25 mai à 11h00

ANGERS, TEXAS : TEN YEARS AFTER de Antony Bou

CONG BINH, LA LONGUE NUIT INDOCHINOISE - Lam Lê

A PROPOS

Avant la Seconde Guerre, 20 000 Vietnamiens ont été arrachés à leur famille pour remplacer les ouvriers mobilisés. Une histoire enterrée.
On a forcément l’air un peu stupide lorsque l’on prend connaissance, plus de soixante-dix ans après, d’un drame historique dont la France est responsable mais qu’elle n’a jamais reconnu.

Aussi, le premier effet produit par Công Binh est celui d’un hébétement massif devant les faits : avant la Seconde Guerre mondiale, 20 000 jeunes hommes vietnamiens ont été arrachés à leur famille et déportés en France pour y remplacer, en principe, les ouvriers en partance pour le front. En réalité, ils vont servir de main-d’œuvre corvéable à merci. Il était prévu d’en faire venir quatre fois plus, mais la débâcle a mis un terme à cette ambition. Placés sous la responsabilité d’une structure appelée Main-d’œuvre indigène (MOI), ces «Công Binh», littéralement des «ouvriers-soldats», seront loués à des prix dérisoires, soumis aux tâches les plus difficiles, parqués comme du bétail et finalement oubliés de tous.

Leur sort a ceci de particulièrement tragique qu’ils sont depuis considérés comme des parias en France et comme des traîtres au Vietnam, où on les tient pour des collabos, des sortes de harkis de l’intérieur, alors qu’aucun n’a jamais été volontaire (1).

Pudeur. En retrouvant la trace, ici et là-bas, de certains d’entre eux, en leur donnant in extremis la parole (la moyenne d’âge tourne autour de 94 ans et beaucoup sont déjà disparus), le cinéaste Lam Lê fait beaucoup mieux qu’une œuvre de salubrité publique. Egalement né au Vietnam dont il fut lui aussi exilé par les secousses de l’histoire, Lam Lê non seulement enregistre, pour l’enrichissement de notre mémoire collective, leur inestimable témoignage, mais les fait dialoguer par-dessus les océans par la grâce d’un montage d’une délicatesse insigne.

Le plus troublant, et parfois le plus émouvant, c’est en effet la réserve extrême, la pudeur toujours intacte, avec lesquelles s’expriment ces personnages. Pas la moindre acrimonie ou amertume ne suinte des images de Công Binh, juste le chagrin d’une jeunesse volée et la plaie d’une injustice que la France n’a jamais officiellement admise. Avec émotion mais aussi humour, parfois avec une franche ironie, ils peignent un portrait très peu flatteur de ce pays mais ne semblent jamais réclamer autre chose que de la considération. Sous-titré la Longue nuit indochinoise, ce film en apparence si feutré, si retenu, donne en réalité le sentiment de faire briller les torches de la vérité au cœur même des ténèbres, juste avant la grande nuit de l’oubli.

«Bambou». Nul doute qu’il se trouvera des voix pour accuser un tel film de plonger une nouvelle fois la France dans les affres de la «repentance», ce qu’un témoin anticipe déjà : «Je n’aurais jamais pensé que la France puisse s’intéresser à cette histoire, qui n’est pas glorieuse pour la République des droits de l’homme. C’est comme si elle se donnait un coup de bambou, non ?» Si, mais certaines gifles sont salutaires.

(1) En 2009, le journaliste Pierre Daum a publié la première véritable enquête sur cette page de notre histoire: «Immigrés de force, les travailleurs indochinois en France (1939-1952)», Actes Sud, pp. 278, 23,40 €.

Olivier Séguret (Libération)

Soirée rencontre
jeudi 31 mai 2018 à 20h00

En présence de Béatrice Nguyen Van, fille de travailleurs indochinois


CONG BINH, LA LONGUE NUIT INDOCHINOISE

de Lam Lê

Documentaire
FRANCE - 2012 - 1h56

A la veille de la Seconde Guerre mondiale, 20 000 Vietnamiens étaient recrutés de force dans l’Indochine française pour venir suppléer dans les usines d’armement les ouvriers français partis sur le front allemand. Pris à tort pour des soldats, bloqués en France après la défaite de 1940, livrés à la merci des occupants allemands et des patrons collabos, ces ouvriers civils appelés Cong Binh menaient une vie de parias sous l’Occupation. Ils étaient les pionniers de la culture du riz en Camargue. Considérés injustement comme des traîtres au Viet Nam, ils étaient pourtant tous derrière Ho Chi Minh pour l’Indépendance du pays en 1945.
Le film a retrouvé une vingtaine de survivants au Viet Nam et en France. Cinq sont décédés pendant le montage du film. Ils racontent aujourd’hui le colonialisme vécu au quotidien et témoignent de opprobre qui a touché même leurs enfants. Une page de l’histoire entre la France et le Viet Nam honteusement occultée de la mémoire collective. 
https://www.facebook.com/congbinhlalonguenuitindochinoise?fref=ts

A PROPOS

Avant la Seconde Guerre, 20 000 Vietnamiens ont été arrachés à leur famille pour remplacer les ouvriers mobilisés. Une histoire enterrée.
On a forcément l’air un peu stupide lorsque l’on prend connaissance, plus de soixante-dix ans après, d’un drame historique dont la France est responsable mais qu’elle n’a jamais reconnu.

Aussi, le premier effet produit par Công Binh est celui d’un hébétement massif devant les faits : avant la Seconde Guerre mondiale, 20 000 jeunes hommes vietnamiens ont été arrachés à leur famille et déportés en France pour y remplacer, en principe, les ouvriers en partance pour le front. En réalité, ils vont servir de main-d’œuvre corvéable à merci. Il était prévu d’en faire venir quatre fois plus, mais la débâcle a mis un terme à cette ambition. Placés sous la responsabilité d’une structure appelée Main-d’œuvre indigène (MOI), ces «Công Binh», littéralement des «ouvriers-soldats», seront loués à des prix dérisoires, soumis aux tâches les plus difficiles, parqués comme du bétail et finalement oubliés de tous.

Leur sort a ceci de particulièrement tragique qu’ils sont depuis considérés comme des parias en France et comme des traîtres au Vietnam, où on les tient pour des collabos, des sortes de harkis de l’intérieur, alors qu’aucun n’a jamais été volontaire (1).

Pudeur. En retrouvant la trace, ici et là-bas, de certains d’entre eux, en leur donnant in extremis la parole (la moyenne d’âge tourne autour de 94 ans et beaucoup sont déjà disparus), le cinéaste Lam Lê fait beaucoup mieux qu’une œuvre de salubrité publique. Egalement né au Vietnam dont il fut lui aussi exilé par les secousses de l’histoire, Lam Lê non seulement enregistre, pour l’enrichissement de notre mémoire collective, leur inestimable témoignage, mais les fait dialoguer par-dessus les océans par la grâce d’un montage d’une délicatesse insigne.

Le plus troublant, et parfois le plus émouvant, c’est en effet la réserve extrême, la pudeur toujours intacte, avec lesquelles s’expriment ces personnages. Pas la moindre acrimonie ou amertume ne suinte des images de Công Binh, juste le chagrin d’une jeunesse volée et la plaie d’une injustice que la France n’a jamais officiellement admise. Avec émotion mais aussi humour, parfois avec une franche ironie, ils peignent un portrait très peu flatteur de ce pays mais ne semblent jamais réclamer autre chose que de la considération. Sous-titré la Longue nuit indochinoise, ce film en apparence si feutré, si retenu, donne en réalité le sentiment de faire briller les torches de la vérité au cœur même des ténèbres, juste avant la grande nuit de l’oubli.

«Bambou». Nul doute qu’il se trouvera des voix pour accuser un tel film de plonger une nouvelle fois la France dans les affres de la «repentance», ce qu’un témoin anticipe déjà : «Je n’aurais jamais pensé que la France puisse s’intéresser à cette histoire, qui n’est pas glorieuse pour la République des droits de l’homme. C’est comme si elle se donnait un coup de bambou, non ?» Si, mais certaines gifles sont salutaires.

(1) En 2009, le journaliste Pierre Daum a publié la première véritable enquête sur cette page de notre histoire: «Immigrés de force, les travailleurs indochinois en France (1939-1952)», Actes Sud, pp. 278, 23,40 €.

Olivier Séguret (Libération)