ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

DE CHAQUE INSTANT - Ciné Doc - 2025-06-23

Ciné Doc - lundi 23 juin à 20h00

DE CHAQUE INSTANT de Nicolas Philibert

VALEUR SENTIMENTALE - Avant Première - 2025-06-26

Avant Première - jeudi 26 juin à 20h15

VALEUR SENTIMENTALE de Joachim Trier

ENZO - Ciné Cosy - 2025-06-27

Ciné Cosy - vendredi 27 juin à 13h15

ENZO de Laurent Cantet & Robin Campillo

I LOVE PERU - Ciné Cosy - 2025-07-11

Ciné Cosy - vendredi 11 juillet à 13h15

I LOVE PERU de Hugo David & Raphaël Quenard

BRIGHT STAR - Jane Campion

A PROPOS

« C'est un effort de déchiffrer un poème », dit Fanny Brawne, la jeune héroïne de Bright Star. En l'occurrence, elle a raison. Son amoureux est le poète John Keats, dont les vers, puissamment ressentis, n'en sont pas moins entortillés. Le plus mauvais service qu'on puisse rendre à Bright Star est d'en résumer l'intrigue comme suit : l'histoire vraie de la liaison tragique et non consommée entre l'un des plus grands poètes romantiques britanniques du XIXe siècle commençant, incompris de son vivant, et la pure jeune fille qui devint sa muse, au point qu'il lui dédia un poème, Bright Star. De quoi redouter l'académisme du film historique... Ce serait omettre le talent de Jane Campion, experte dans les passions d'époque depuis La Leçon de piano (1993) ou Portrait de femme (1996), à retrouver la vérité frémissante de cet amour-là. A en exprimer la force émotionnelle. Et aussi à explorer à travers lui toutes les facettes, toutes les étapes du sentiment amoureux. Qui commence ici par un marivaudage, une joute verbale où la défiance apparente masque déjà, sans doute, le désir qui monte : voici donc Keats, 23 ans, apprenti poète sans le sou, qui met la littérature au-dessus de tout ; et voilà sa jolie voisine, Fanny, 18 ans à peine, coquette entre toutes les coquettes, s'acharnant à précéder la mode par des amélio­rations vestimentaires de son invention. Poésie contre couture, profondeur contre superficialité, les premiers échanges entre les deux jeunes gens sont savoureusement aigre-doux. Trompe-l'oeil.

Le soin porté au détail, l'intelligence de la mise en scène comme la qualité des acteurs, pourtant débutants (l'Australienne Abbie Cornish et son visage buté, le Britannique Ben Whishaw, beau brun ténébreux), donnent aux premières scènes une intensité peu commune. Les costumes et les moeurs sont ceux du passé, et pourtant, quelle proximité avec ces deux-là ! Une minette et un aspirant écrivain, ou plutôt, pourquoi pas, une « fashion victim » d'aujourd'hui et un chanteur pop torturé - Jane Campion a elle-même cité Nick Drake, parmi d'autres, comme piste d'interprétation pour son jeune person­nage masculin. Leur relation naissante est observée, jolie trouvaille de scénario, par le jeune frère et la petite soeur de Fanny, relais du spectateur à l'écran.

Puisque le film suit fidèlement le rythme des saisons, c'est en hiver que John prend pour la première fois la main de Fanny. C'est un contact électrique, une audace folle. Comme le Werther de Goethe touchant « par mégarde » le doigt de sa Charlotte, tel que le rapporte Roland Barthes dans ses Fragments d'un discours amoureux - qui pourrait être le sous-titre de Bright Star. La première étreinte (chaste), la révélation de l'amour partagé n'auront lieu qu'un peu plus tard, au printemps. Une après-midi au bord de la rivière, une promenade dans les joncs, la douceur d'un sous-bois : comme dans l'idéal romantique, la nature s'accorde aux embrassades des amants. Jane Campion (et son chef-opérateur australien Greig Fraser) filme un paysage rayonnant, à l'image des personnages, éclairé d'une lumière qui n'est jamais mièvre, ou « poétique » au mauvais sens du terme, mais toujours précise.

Rien, pourtant, n'est favorable à cette union. John n'a pas les moyens d'épouser Fanny, et sa pauvreté même rend sa santé chancelante. Il s'éloigne. Jane Campion excelle alors à montrer l'angoisse de celle qui attend désespérément un signe. Fanny a capturé des papillons, comme pour emprisonner le bonheur du printemps. Elle s'enferme avec eux dans sa chambre, mais les insectes meurent, comme privés d'air. Image frappante, allégorie prophétique du chagrin à venir. On n'en dira pas plus, si ce n'est que les poètes n'ont pas forcément une espérance de vie supérieure à celle des papillons.

La force du film est de provoquer chez le spectateur une puissante empathie. S'agit-il pour lui, à la vision de Bright Star, d'éprouver les sentiments contrastés, joie puis désespoir intense, des deux protagonistes ? Ou, plus sûrement encore, de se souvenir à travers eux de son propre vécu, des enthousiasmes affectifs et des chagrins passés, de ces moments précieux d'hypersensibilité qui ont semblé décupler son rapport au monde ? Quel spec­tateur quittera la salle sans rêver de les ­revivre à nouveau ? Bright Star est un film qui rend irrésistiblement amoureux de l'amour.

Aurélien Ferenczi (Télérama)

Printemps des poètes
jeudi 14 mars 2013 à 20h15

présenté par Louis Mathieu, enseignant en cinéma audiovisuel, précédé de la projection des cartes postales filmées des jeunes lauréats du concours sur le thème « Les voix du poème» en présence de leurs réalisateurs

Soirée organisée dans le cadre du Printemps des poètes sur le thème «  Les voix du poème » en collaboration avec la Ville d’Angers et l’Association Cinéma Parlant


BRIGHT STAR

de Jane Campion

avec Abbie Cornish, Ben Whishaw, Paul Schneider
AUSTRALIE - GRANDE BRETAGNE - FRANCE - 1h59 - 2009 - Version originale sous titrée

Londres, 1818. Un jeune poète anglais de 23 ans, John Keats, et sa voisine Fanny Brawne entament une liaison amoureuse secrète.
Pourtant, les premiers contacts entre les deux jeunes gens sont assez froids.
John trouve que Fanny est une jeune fille élégante mais trop effrontée, et elle-même n'est pas du tout impressionnée par la littérature.
C'est la maladie du jeune frère de John qui va les rapprocher. Keats est touché par les efforts que déploie Fanny pour les aider, et il accepte de lui enseigner la poésie.
Lorsque la mère de Fanny et le meilleur ami de Keats, Brown, réalisent l'attachement que se portent les deux jeunes gens, il est trop tard pour les arrêter. Emportés par l'intensité de leurs sentiments, les deux amoureux sont irrémédiablement liés et découvrent sensations et sentiments inconnus. " J'ai l'impression de me dissoudre ", écrira Keats. Ensemble, ils partagent chaque jour davantage une obsédante passion romantique qui résiste aux obstacles de plus en plus nombreux. La maladie de Keats va pourtant tout remettre en cause... 
http://www.brightstar-lefilm.com/

A PROPOS

« C'est un effort de déchiffrer un poème », dit Fanny Brawne, la jeune héroïne de Bright Star. En l'occurrence, elle a raison. Son amoureux est le poète John Keats, dont les vers, puissamment ressentis, n'en sont pas moins entortillés. Le plus mauvais service qu'on puisse rendre à Bright Star est d'en résumer l'intrigue comme suit : l'histoire vraie de la liaison tragique et non consommée entre l'un des plus grands poètes romantiques britanniques du XIXe siècle commençant, incompris de son vivant, et la pure jeune fille qui devint sa muse, au point qu'il lui dédia un poème, Bright Star. De quoi redouter l'académisme du film historique... Ce serait omettre le talent de Jane Campion, experte dans les passions d'époque depuis La Leçon de piano (1993) ou Portrait de femme (1996), à retrouver la vérité frémissante de cet amour-là. A en exprimer la force émotionnelle. Et aussi à explorer à travers lui toutes les facettes, toutes les étapes du sentiment amoureux. Qui commence ici par un marivaudage, une joute verbale où la défiance apparente masque déjà, sans doute, le désir qui monte : voici donc Keats, 23 ans, apprenti poète sans le sou, qui met la littérature au-dessus de tout ; et voilà sa jolie voisine, Fanny, 18 ans à peine, coquette entre toutes les coquettes, s'acharnant à précéder la mode par des amélio­rations vestimentaires de son invention. Poésie contre couture, profondeur contre superficialité, les premiers échanges entre les deux jeunes gens sont savoureusement aigre-doux. Trompe-l'oeil.

Le soin porté au détail, l'intelligence de la mise en scène comme la qualité des acteurs, pourtant débutants (l'Australienne Abbie Cornish et son visage buté, le Britannique Ben Whishaw, beau brun ténébreux), donnent aux premières scènes une intensité peu commune. Les costumes et les moeurs sont ceux du passé, et pourtant, quelle proximité avec ces deux-là ! Une minette et un aspirant écrivain, ou plutôt, pourquoi pas, une « fashion victim » d'aujourd'hui et un chanteur pop torturé - Jane Campion a elle-même cité Nick Drake, parmi d'autres, comme piste d'interprétation pour son jeune person­nage masculin. Leur relation naissante est observée, jolie trouvaille de scénario, par le jeune frère et la petite soeur de Fanny, relais du spectateur à l'écran.

Puisque le film suit fidèlement le rythme des saisons, c'est en hiver que John prend pour la première fois la main de Fanny. C'est un contact électrique, une audace folle. Comme le Werther de Goethe touchant « par mégarde » le doigt de sa Charlotte, tel que le rapporte Roland Barthes dans ses Fragments d'un discours amoureux - qui pourrait être le sous-titre de Bright Star. La première étreinte (chaste), la révélation de l'amour partagé n'auront lieu qu'un peu plus tard, au printemps. Une après-midi au bord de la rivière, une promenade dans les joncs, la douceur d'un sous-bois : comme dans l'idéal romantique, la nature s'accorde aux embrassades des amants. Jane Campion (et son chef-opérateur australien Greig Fraser) filme un paysage rayonnant, à l'image des personnages, éclairé d'une lumière qui n'est jamais mièvre, ou « poétique » au mauvais sens du terme, mais toujours précise.

Rien, pourtant, n'est favorable à cette union. John n'a pas les moyens d'épouser Fanny, et sa pauvreté même rend sa santé chancelante. Il s'éloigne. Jane Campion excelle alors à montrer l'angoisse de celle qui attend désespérément un signe. Fanny a capturé des papillons, comme pour emprisonner le bonheur du printemps. Elle s'enferme avec eux dans sa chambre, mais les insectes meurent, comme privés d'air. Image frappante, allégorie prophétique du chagrin à venir. On n'en dira pas plus, si ce n'est que les poètes n'ont pas forcément une espérance de vie supérieure à celle des papillons.

La force du film est de provoquer chez le spectateur une puissante empathie. S'agit-il pour lui, à la vision de Bright Star, d'éprouver les sentiments contrastés, joie puis désespoir intense, des deux protagonistes ? Ou, plus sûrement encore, de se souvenir à travers eux de son propre vécu, des enthousiasmes affectifs et des chagrins passés, de ces moments précieux d'hypersensibilité qui ont semblé décupler son rapport au monde ? Quel spec­tateur quittera la salle sans rêver de les ­revivre à nouveau ? Bright Star est un film qui rend irrésistiblement amoureux de l'amour.

Aurélien Ferenczi (Télérama)