GAGARINE - Fanny Liatard & Jérémy Trouilh

A PROPOS

Au grand écran, la banlieue et ses cités populaires avec leurs interminables barres d’immeubles construites dans les années 60 et désormais décriées pour leur inhumanité terreau de ghetto sociaux, n’échappe quasiment jamais à un traitement réaliste, pour des récits souvent de délinquance ou parfois d’espoir de rédemption avec le désir d’un ailleurs. Mais Gagarine, le premier long de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh, labellisé Sélection Officielle Cannes échappe complètement à ce tableau stéréotypé, s’aventurant avec beaucoup d’audace et de maîtrise dans un très rafraichissant mélange des genres, ouvrant des horizons spatio-temporels totalement inattendus et envoyant des messages codés de résistance à ceux qui perçoivent l’âme des lieux et qui voient loin au-delà des murs.

370 appartements qualifiés d’insalubres par certains des habitants, un bloc compact de dix bâtiments de 13 étages en brique rouge, des ascenseurs en panne chronique, des micro-fissures, des affaissements de terrain, des équipements en eau et électricité obsolescents, etc. Le verdict des services techniques municipaux est sans appel : la cité Gagarine d’Ivry-sur-Seine, aux portes de Paris, inaugurée comme une utopie sociale en 1963 par le célèbre cosmonaute soviétique, doit être démolie. Mais un jeune black âgé de 16 ans, Youri (la charismatique révélation Alséni Bathily) refuse l’évacuation et le relogement après avoir tenté (il est hyper bricoleur) de réparer (avec du matériel de récup) les parties communes de la cité, aidé par son ami Houssam (Jamil Mc Craven) et la jolie Diana (Lyna Khoudri), une Rom vivant dans un campement voisin.

La cité Gagarine se vide, les familles s’en vont, des ouvriers s’installent pour préparer le démantèlement et Youri (sans famille depuis que sa mère s’est évaporée dans une nouvelle vie conjugale) se fait oublier, seul à l’intérieur du gigantesque bâtiment. Passionné d’astronomie, il s’organise alors une existence en autosubsistance semblable à celle d’une capsule spatiale, perçant des murs, redécorant des appartements comme des espaces de science-fiction, équilibrant l’air, l’eau et la terre pour développer des plantations dans une serre, ne croisant plus qu’un dealer du coin (Finnegan Oldfield) également réfractaire au départ et Diana avec qui il ébauche une idylle. Mais l’heure menaçante de la démolition se rapproche, la réalité devient de plus en plus dure et l’esprit de Youri s’évade chaque jour davantage...

Se saisissant avec beaucoup d’à propos d’un événement bien réel (la cité Gagarine a été dynamitée en août 2019), Fanny Liatard et Jérémy Trouilh réussissent la greffe d’un récit très ancré (un jeune totalement de son époque, des câbles, des grues, des couvertures de survie, des néons, des alarmes et de la fumée, des palissades hermétiques, un télescope, le froid glacial, le béton, le toit, la romance, l’amitié) et d’une dimension onirique en apesanteur (Youri le cosmonaute survivant, le dernier des hommes). Un mélange (parsemé d’images d’archives de la naissance de la cité) qui est également une représentation symbolique et résistante de la banlieue, reliant passé, présent et futur, et tournant le dos aux clichés. Et un tout qui respire le cinéma en termes de mise en scène, d’inventivité et d’astuce visuelle et sonore, propulsant Fanny Liatard et Jérémy Trouilh parmi les jeunes talents à suivre de très près.

Fabien Lemercier (cineuropa.org)

Avant-première Festival Télérama
vendredi 11 juin 2021 à 17h45

Pour célébrer le retour en salles, Télérama, avec le soutien de ses partenaires, l’Association Française des Cinémas Art et Essai et BNP Paribas, organise du 9 au 15 juin, un nouveau festival : le Festival Avant-premières Télérama.

5€ la place sur présentation du Pass Télérama disponible dans le numéro spécial cinéma du 26 mai et sur Télérama.fr pour les abonnés.


GAGARINE

de Fanny Liatard & Jérémy Trouilh

avec Alséni Bathily, Lyna Khoudri, Jamil McCraven
FRANCE - 2020 - 1h35 - Sélection Officielle Cannes 2020

Youri, 16 ans, a grandi à Gagarine, immense cité de briques rouges d’Ivry-sur-Seine, où il rêve de devenir cosmonaute. Quand il apprend qu’elle est menacée de démolition, Youri décide de rentrer en résistance. Avec la complicité de Diana, Houssam et des habitants, il se donne pour mission de sauver la cité, devenue son "vaisseau spatial".
https://www.hautetcourt.com/films/gagarine/

A PROPOS

Au grand écran, la banlieue et ses cités populaires avec leurs interminables barres d’immeubles construites dans les années 60 et désormais décriées pour leur inhumanité terreau de ghetto sociaux, n’échappe quasiment jamais à un traitement réaliste, pour des récits souvent de délinquance ou parfois d’espoir de rédemption avec le désir d’un ailleurs. Mais Gagarine, le premier long de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh, labellisé Sélection Officielle Cannes échappe complètement à ce tableau stéréotypé, s’aventurant avec beaucoup d’audace et de maîtrise dans un très rafraichissant mélange des genres, ouvrant des horizons spatio-temporels totalement inattendus et envoyant des messages codés de résistance à ceux qui perçoivent l’âme des lieux et qui voient loin au-delà des murs.

370 appartements qualifiés d’insalubres par certains des habitants, un bloc compact de dix bâtiments de 13 étages en brique rouge, des ascenseurs en panne chronique, des micro-fissures, des affaissements de terrain, des équipements en eau et électricité obsolescents, etc. Le verdict des services techniques municipaux est sans appel : la cité Gagarine d’Ivry-sur-Seine, aux portes de Paris, inaugurée comme une utopie sociale en 1963 par le célèbre cosmonaute soviétique, doit être démolie. Mais un jeune black âgé de 16 ans, Youri (la charismatique révélation Alséni Bathily) refuse l’évacuation et le relogement après avoir tenté (il est hyper bricoleur) de réparer (avec du matériel de récup) les parties communes de la cité, aidé par son ami Houssam (Jamil Mc Craven) et la jolie Diana (Lyna Khoudri), une Rom vivant dans un campement voisin.

La cité Gagarine se vide, les familles s’en vont, des ouvriers s’installent pour préparer le démantèlement et Youri (sans famille depuis que sa mère s’est évaporée dans une nouvelle vie conjugale) se fait oublier, seul à l’intérieur du gigantesque bâtiment. Passionné d’astronomie, il s’organise alors une existence en autosubsistance semblable à celle d’une capsule spatiale, perçant des murs, redécorant des appartements comme des espaces de science-fiction, équilibrant l’air, l’eau et la terre pour développer des plantations dans une serre, ne croisant plus qu’un dealer du coin (Finnegan Oldfield) également réfractaire au départ et Diana avec qui il ébauche une idylle. Mais l’heure menaçante de la démolition se rapproche, la réalité devient de plus en plus dure et l’esprit de Youri s’évade chaque jour davantage...

Se saisissant avec beaucoup d’à propos d’un événement bien réel (la cité Gagarine a été dynamitée en août 2019), Fanny Liatard et Jérémy Trouilh réussissent la greffe d’un récit très ancré (un jeune totalement de son époque, des câbles, des grues, des couvertures de survie, des néons, des alarmes et de la fumée, des palissades hermétiques, un télescope, le froid glacial, le béton, le toit, la romance, l’amitié) et d’une dimension onirique en apesanteur (Youri le cosmonaute survivant, le dernier des hommes). Un mélange (parsemé d’images d’archives de la naissance de la cité) qui est également une représentation symbolique et résistante de la banlieue, reliant passé, présent et futur, et tournant le dos aux clichés. Et un tout qui respire le cinéma en termes de mise en scène, d’inventivité et d’astuce visuelle et sonore, propulsant Fanny Liatard et Jérémy Trouilh parmi les jeunes talents à suivre de très près.

Fabien Lemercier (cineuropa.org)