ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
On a rarement l’occasion de découvrir des films boliviens. Utama : La Terre oubliée est une expérience inédite au cœur des étendues désertiques de ce pays d’Amérique du Sud. Un couple âgé vit là, malgré la sécheresse qui appauvrit les terres, au milieu de ses lamas. Il se contente de patates et de haricots pour seul déjeuner, sauf lorsqu’une de leur bête succombe à la soif ou la maladie. Autour d’eux, les habitants abandonnent. Ils fuient vers la ville, à la recherche d’un accès à de l’eau et un confort moins rudimentaire. Avec leur départ certes, c’est toute la tradition rurale qui s’épuise peu à peu ; mais pour eux, c’est une question de survie. Puis, arrive le petit-fils, Clever. Le garçon est venu avec un message à transmettre à ses grands-parents. Deux mondes s’opposent : celui du jeune homme équipé de son smartphone et de ses écouteurs, et celui de ce couple vieillissant qui doit marcher de plus en plus loin chaque jour pour trouver de l’eau.
Alejandro Loayza Grisi réalise un premier film d’une très grande maîtrise. Le cinéaste est photographe avant tout. Cela est d’autant plus lisible que les images de la Bolivie sont somptueuses. Le long-métrage s’attache à montrer des paysages désertiques d’une incroyable splendeur. On suit la transformation des contrées désertiques dès le matin jusqu’au soir, avec cette terre sombre qui étouffe de manque d’eau. Le cri des lamas se mêle au râle maladif de Virginio qui, chaque matin, emmène ses bêtes toujours plus loin vers les pâturages arides. Pendant près d’une heure et demi, le spectateur a le souffle coupé, à l’instar du héros, devant la beauté des étendues désertiques et l’existence pénible que subit le couple âgé. Un condor s’invite soudain au milieu du récit qui se transforme en un poème spirituel.
Le long-métrage est porté par trois formidables comédiens : José Calcina, Luisa Quispe et Santos Choque. Les deux acteurs âgés permettent de donner vie à un couple agraire, isolé, qui tente de survivre à leurs traditions ancestrales. Le troisième interprète le petit-fils, tout aussi aimant que révolté par la difficulté de vie de ses aînés. Toute la magie du film s’incarne dans ces trois personnages attachants et complexes, au milieu de paysages magnifiques. La conduite d’acteurs est précise. Elle s’accommode avec aisance aux lumières qui suivent le soleil et au rythme lent de cette forme d’existence.
Mais ne s’y trompons pas, Utama : La Terre oubliée n’a rien du film de carte postale ou du mélodrame familial. C’est une œuvre profonde et vivante qui décline la complexité du vivre-ensemble, au sein d’une planète qui s’abîme avec le réchauffement et fait craindre à terme des exils massifs des populations du monde. Le long-métrage interroge la disparition des traditions ancestrales, bouleversées par les mouvements migratoires et les conflits intergénérationnels. Il n’est pas inutile de nous rappeler que l’informatique, le téléphone portable, Internet ne sont pas accessibles à nombre d’êtres humaines sur Terre, qui continuent de survivre de leur travail d’agriculteur, dans une économie circulaire et un souci pour les choses simples absolument admirables.
Laurent Cambon avoiralire.com)
Ciné fac
mardi 21 novembre
2023 à 20h00
Présenté par Pablo Virguetti, enseignant à l'Université d'Angers au sein du Département d'études hispaniques
Séance organisée en collaboration avec l'Université d'Angers et Cinéma Parlant dans le cadre de la semaine de cinéma de langue espagnole
UTAMA : LA TERRE OUBLIÉE
de Alejandro Loayza Grisi
avec José Calcina , Luisa Quisle , Santos Choque
BOLIVIE - 2022 - 1h28 - VOST
Dans l'immensité des hauts plateaux boliviens, Virginio et Sisa veillent sur leur troupeau de lamas. Jusqu'ici, rien n'a pu les détourner de cette vie âpre, héritée des traditions : ni leur âge avancé, ni le départ des habitants de la région, chassés par la sécheresse. Aussi accueillent-ils avec méfiance la visite de Clever, leur petit-fils de 19 ans, venu les convaincre de s'installer en ville avec le reste de la famille. Réticent à l'idée de quitter sa terre, Virginio se montre inflexible. A tel point que le jour où il tombe gravement malade, il décide de le cacher à Sisa et Clever…
https://www.condor-films.fr/film/utama/
A PROPOS
On a rarement l’occasion de découvrir des films boliviens. Utama : La Terre oubliée est une expérience inédite au cœur des étendues désertiques de ce pays d’Amérique du Sud. Un couple âgé vit là, malgré la sécheresse qui appauvrit les terres, au milieu de ses lamas. Il se contente de patates et de haricots pour seul déjeuner, sauf lorsqu’une de leur bête succombe à la soif ou la maladie. Autour d’eux, les habitants abandonnent. Ils fuient vers la ville, à la recherche d’un accès à de l’eau et un confort moins rudimentaire. Avec leur départ certes, c’est toute la tradition rurale qui s’épuise peu à peu ; mais pour eux, c’est une question de survie. Puis, arrive le petit-fils, Clever. Le garçon est venu avec un message à transmettre à ses grands-parents. Deux mondes s’opposent : celui du jeune homme équipé de son smartphone et de ses écouteurs, et celui de ce couple vieillissant qui doit marcher de plus en plus loin chaque jour pour trouver de l’eau.
Alejandro Loayza Grisi réalise un premier film d’une très grande maîtrise. Le cinéaste est photographe avant tout. Cela est d’autant plus lisible que les images de la Bolivie sont somptueuses. Le long-métrage s’attache à montrer des paysages désertiques d’une incroyable splendeur. On suit la transformation des contrées désertiques dès le matin jusqu’au soir, avec cette terre sombre qui étouffe de manque d’eau. Le cri des lamas se mêle au râle maladif de Virginio qui, chaque matin, emmène ses bêtes toujours plus loin vers les pâturages arides. Pendant près d’une heure et demi, le spectateur a le souffle coupé, à l’instar du héros, devant la beauté des étendues désertiques et l’existence pénible que subit le couple âgé. Un condor s’invite soudain au milieu du récit qui se transforme en un poème spirituel.
Le long-métrage est porté par trois formidables comédiens : José Calcina, Luisa Quispe et Santos Choque. Les deux acteurs âgés permettent de donner vie à un couple agraire, isolé, qui tente de survivre à leurs traditions ancestrales. Le troisième interprète le petit-fils, tout aussi aimant que révolté par la difficulté de vie de ses aînés. Toute la magie du film s’incarne dans ces trois personnages attachants et complexes, au milieu de paysages magnifiques. La conduite d’acteurs est précise. Elle s’accommode avec aisance aux lumières qui suivent le soleil et au rythme lent de cette forme d’existence.
Mais ne s’y trompons pas, Utama : La Terre oubliée n’a rien du film de carte postale ou du mélodrame familial. C’est une œuvre profonde et vivante qui décline la complexité du vivre-ensemble, au sein d’une planète qui s’abîme avec le réchauffement et fait craindre à terme des exils massifs des populations du monde. Le long-métrage interroge la disparition des traditions ancestrales, bouleversées par les mouvements migratoires et les conflits intergénérationnels. Il n’est pas inutile de nous rappeler que l’informatique, le téléphone portable, Internet ne sont pas accessibles à nombre d’êtres humaines sur Terre, qui continuent de survivre de leur travail d’agriculteur, dans une économie circulaire et un souci pour les choses simples absolument admirables.
Laurent Cambon avoiralire.com)