ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Un enseignant livre, appuyé par ses élèves, un plaidoyer contre la course au temps et au profit.
Et si on prenait une heure trente pour réfléchir sur notre course au gain de temps ? Le quotidien de Gilles Vernet, ex-trader, se calait au rythme infernal de la finance moderne, comme il dit. Alors cette course, il la connaît. Il a dû la stopper net, pour raison personnelle. Le trader est devenu enseignant et spectateur du monde en accéléré. En classe, il fut fasciné par ses élèves de CM2 et a décidé de les filmer. La formule Tout s’accélère, choisie pour le titre du documentaire, sort de la bouche de l’un d’entre eux. Là commence l’illustration de la clairvoyance de ces enfants. Jeux vidéo, baskets dernier cri… on a tout, toujours plus vite, disent-ils. Les coupables : les technologies. Elles devancent nos besoins, ou plutôt nos envies, observent-ils face caméra. Entre les murs de l’école, d’un musée ou lors d’ateliers (un peu particuliers), l’enseignant les lance sur la problématique de la croissance à tout prix. Les questions sont ouvertes. Eux trouvent les réponses. Les échanges avec leur référent sont exposés à des sociologues, chercheurs et psychologues. Au fil des arguments, le dialogue se fait.
Chaque propos, qu’il soit illustration ou analyse, se veut complémentaire. Tous questionnent cette recherche de l’accélération, la sensation psychologique qu’elle génère, et plus globalement l’intention économique qui la motive. Celle-ci même qui nous entraîne vers une culpabilité collective, conséquence d’un sentiment de ne pas suivre le rythme, souligne Étienne Klein, physicien. Cette folie à tout rentabiliser nous détourne, trop occupés, d’une question essentielle : quel sens donnons-nous à notre temps, celui-là même que nous avons créé et auquel nous sommes « soumis », souligne un jeune ? Et, au-delà de nos individualités, quelle société voulons-nous ?
Car il serait temps de ralentir, de renoncer à cette « hyperactivité immédiate », selon les termes de la psychologue Nicole Aubert. Nicolas Hulot parle même de « crise de l’excès », qui s’impose à une nature dotée de ses propres rythmes. C’est le fil rouge de ce film. Les élèves se montrent lucides face à cette société, faite de « pression sur la rentabilité » et de consommation à outrance. Un bon espoir quant à leur futur rôle, celui de peser dans le débat sur la performance économique décuplée par la mondialisation. Un film intelligent qui n’ampute aucun aspect de ce sujet ô combien politique, social, économique et environnemental.
Audrey Loussouarn (L'Humanité)
Ciné doc
mardi 25 octobre
2016 à 20h15
en présence de Gilles Vernet, réalisateur
Soirée organisée dans le cadre du 9è Colloque sur l’Autoformation organisé par l’UCO Angers
TOUT S'ACCÉLÈRE
de Gilles Vernet
Film documentaire
FRANCE - 2015 - 1h23
Gilles est un ancien trader devenu instituteur dans le 19ème arrondissement de Paris. Il s'interroge avec ses élèves de CM2 sur l'accélération vertigineuse de notre monde. Fasciné par leurs réflexions sur notre mode de vie et notre rapport au temps, il décide de les filmer puis d'aller à la rencontre d'experts du sujet. Pourquoi nos sociétés recherchent-elles toujours plus de croissance ? A quel impératif obéit cette accélération alors même que ces enfants de 10 ans mettent en évidence ses limites ?
http://toutsaccelere.com/
A PROPOS
Un enseignant livre, appuyé par ses élèves, un plaidoyer contre la course au temps et au profit.
Et si on prenait une heure trente pour réfléchir sur notre course au gain de temps ? Le quotidien de Gilles Vernet, ex-trader, se calait au rythme infernal de la finance moderne, comme il dit. Alors cette course, il la connaît. Il a dû la stopper net, pour raison personnelle. Le trader est devenu enseignant et spectateur du monde en accéléré. En classe, il fut fasciné par ses élèves de CM2 et a décidé de les filmer. La formule Tout s’accélère, choisie pour le titre du documentaire, sort de la bouche de l’un d’entre eux. Là commence l’illustration de la clairvoyance de ces enfants. Jeux vidéo, baskets dernier cri… on a tout, toujours plus vite, disent-ils. Les coupables : les technologies. Elles devancent nos besoins, ou plutôt nos envies, observent-ils face caméra. Entre les murs de l’école, d’un musée ou lors d’ateliers (un peu particuliers), l’enseignant les lance sur la problématique de la croissance à tout prix. Les questions sont ouvertes. Eux trouvent les réponses. Les échanges avec leur référent sont exposés à des sociologues, chercheurs et psychologues. Au fil des arguments, le dialogue se fait.
Chaque propos, qu’il soit illustration ou analyse, se veut complémentaire. Tous questionnent cette recherche de l’accélération, la sensation psychologique qu’elle génère, et plus globalement l’intention économique qui la motive. Celle-ci même qui nous entraîne vers une culpabilité collective, conséquence d’un sentiment de ne pas suivre le rythme, souligne Étienne Klein, physicien. Cette folie à tout rentabiliser nous détourne, trop occupés, d’une question essentielle : quel sens donnons-nous à notre temps, celui-là même que nous avons créé et auquel nous sommes « soumis », souligne un jeune ? Et, au-delà de nos individualités, quelle société voulons-nous ?
Car il serait temps de ralentir, de renoncer à cette « hyperactivité immédiate », selon les termes de la psychologue Nicole Aubert. Nicolas Hulot parle même de « crise de l’excès », qui s’impose à une nature dotée de ses propres rythmes. C’est le fil rouge de ce film. Les élèves se montrent lucides face à cette société, faite de « pression sur la rentabilité » et de consommation à outrance. Un bon espoir quant à leur futur rôle, celui de peser dans le débat sur la performance économique décuplée par la mondialisation. Un film intelligent qui n’ampute aucun aspect de ce sujet ô combien politique, social, économique et environnemental.
Audrey Loussouarn (L'Humanité)