LE SERMENT DE PAMFIR - Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk

A PROPOS

Réalisateur et scénariste ukrainien, Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk a été formé à l’Université de Kyiv. Remarqué à Berlinale Talents et à la Locarno Film Academy, il a créé la plateforme de développement ukrainienne Terrarium. Son court métrage Weightlifter (2018) a obtenu le Grand Prix du Festival Premiers plans d’Angers. Pamfir, son premier long, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, a été soutenu par la Cinéfondation de Cannes, leTorinoFilmLab et Midpoint. Si le film a été tourné en Ukraine avant la guerre, il s’agit d’une coproduction avec la France, le Chili et la Pologne. Le récit, efficace et fluide, relate le retour mouvementé de Pamfir, ouvrier rentré au pays après avoir travaillé dans l’Union européenne. Le scénario n’évoque pas trop cette expérience mais on comprend aisément qu’elle ne lui a pas permis d’augmenter sensiblement son niveau de vie. Aussi a-t-on l’impression qu’il doit quasiment repartir à zéro. Si les retrouvailles avec son épouse aimante, son fils ado adepte des quatre cents coups, son frère farceur et ses parents vieillissants se passent plutôt bien, Pamfir est rattrapé par son passé de petit trafiquant lorsque son fils commet un acte malveillant dans l’église locale.

Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk filme une région, l’Ouest de l’Ukraine, qui avait été jusqu’à aujourd’hui tenue à l’écart des projecteurs de l’actualité. Partagés entre la tentation de chercher un meilleur avenir en s’expatriant dans l’Union européenne et le désir de rester dans leur pays en tentant de joindre les deux bouts, les habitants, majoritairement ruraux, semblent les membres d’un microcosme replié sur lui-même, et particulièrement aigri. Le cinéaste adopte donc bien une démarche politique, sans céder pour autant au didactisme, tout en cernant la psychologie d’un père de famille dépassé par les événements. Il a ainsi déclaré : « Je voudrais poser la question de l’émigration ukrainienne et du fossé qui sépare l’Union européenne des pays de l’Est. Je veux raconter le récit existentiel d’un être humain et de son combat, d’un homme désespéré qui, pour en arriver au système idéalisé, enfreint un certain nombre de normes éthiques et de lois humaines ». Pamfir est ainsi une réflexion intéressante sur les limites du libre arbitre et l’influence de variables aussi diverses que la corruption, la religion, ou l’honneur familial. Mais le cinéaste évite la tonalité dramatique, optant avec bonheur pour un mélange des genres : chronique familiale, comédie de mœurs, polar, et même tragédie grecque et film de yakuza.

Le spectateur sera également saisi par la force visuelle de certaines séquences, comme celle où un carnaval traditionnel, loin d’apaiser les tensions, est au centre d’un suspense narratif. On regrettera juste la lourdeur de certains passages humoristiques et la vocifération des personnages, un péché mignon qu’avaient certes commis de grands cinéastes, tels Kontchalovski et Kusturica. Mais les acteurs ne sont pas en cause et brillent par leur professionnalisme, à l’instar d’Oleksandr Yatsentyuk dans le rôle-titre et Solomiya Kyrylova dans celui de son épouse. Le jeune Stanislav Potiak qui incarne le fils est en outre une révélation. L’actualité de l’intervention russe en Ukraine donne également un éclairage particulier à l’ensemble du long métrage, qui peut faire écho au documentaire Mariupolis 2 de Mantas Kvedaravi?ius, présenté en séance spéciale officielle à Cannes 2022, même si les deux films n’adoptent pas le même registre. Depuis le déclenchement de la guerre, Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk n’a pas cessé d’être actif. Après avoir fait de l’humanitaire, il s’est mis à filmer des personnes dont la vie a été bouleversée depuis mars 2022. On attend avec intérêt son second long métrage, après ce Pamfir qui est un candidat sérieux à la Caméra d’or.

Gérard Crespo (Avoiralire.com)

Avant-première
lundi 10 octobre 2022 à 20h00

en présence de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, réalisateur

Soirée organisée en collaboration avec l'association Cinéma Parlant


LE SERMENT DE PAMFIR

de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk

avec Oleksandr Yatsentyuk, Stanislav Potiak, Solomiya Kyrylova
UKRAINE - 2022 - 1h48 - VOST - Cannes 2022

Dans une région rurale aux confins de l'Ukraine, Pamfir, véritable force de la nature, retrouve femme et enfant après de longs mois d'absence. Lorsque son fils se trouve mêlé à un incendie criminel, Pamfir se voit contraint de réparer le préjudice. Mais devant les sommes en jeu, il n'a d'autre choix que de renouer avec son passé trouble. Au risque de tout perdre.
https://www.condor-films.fr/film/pamfir/

A PROPOS

Réalisateur et scénariste ukrainien, Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk a été formé à l’Université de Kyiv. Remarqué à Berlinale Talents et à la Locarno Film Academy, il a créé la plateforme de développement ukrainienne Terrarium. Son court métrage Weightlifter (2018) a obtenu le Grand Prix du Festival Premiers plans d’Angers. Pamfir, son premier long, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, a été soutenu par la Cinéfondation de Cannes, leTorinoFilmLab et Midpoint. Si le film a été tourné en Ukraine avant la guerre, il s’agit d’une coproduction avec la France, le Chili et la Pologne. Le récit, efficace et fluide, relate le retour mouvementé de Pamfir, ouvrier rentré au pays après avoir travaillé dans l’Union européenne. Le scénario n’évoque pas trop cette expérience mais on comprend aisément qu’elle ne lui a pas permis d’augmenter sensiblement son niveau de vie. Aussi a-t-on l’impression qu’il doit quasiment repartir à zéro. Si les retrouvailles avec son épouse aimante, son fils ado adepte des quatre cents coups, son frère farceur et ses parents vieillissants se passent plutôt bien, Pamfir est rattrapé par son passé de petit trafiquant lorsque son fils commet un acte malveillant dans l’église locale.

Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk filme une région, l’Ouest de l’Ukraine, qui avait été jusqu’à aujourd’hui tenue à l’écart des projecteurs de l’actualité. Partagés entre la tentation de chercher un meilleur avenir en s’expatriant dans l’Union européenne et le désir de rester dans leur pays en tentant de joindre les deux bouts, les habitants, majoritairement ruraux, semblent les membres d’un microcosme replié sur lui-même, et particulièrement aigri. Le cinéaste adopte donc bien une démarche politique, sans céder pour autant au didactisme, tout en cernant la psychologie d’un père de famille dépassé par les événements. Il a ainsi déclaré : « Je voudrais poser la question de l’émigration ukrainienne et du fossé qui sépare l’Union européenne des pays de l’Est. Je veux raconter le récit existentiel d’un être humain et de son combat, d’un homme désespéré qui, pour en arriver au système idéalisé, enfreint un certain nombre de normes éthiques et de lois humaines ». Pamfir est ainsi une réflexion intéressante sur les limites du libre arbitre et l’influence de variables aussi diverses que la corruption, la religion, ou l’honneur familial. Mais le cinéaste évite la tonalité dramatique, optant avec bonheur pour un mélange des genres : chronique familiale, comédie de mœurs, polar, et même tragédie grecque et film de yakuza.

Le spectateur sera également saisi par la force visuelle de certaines séquences, comme celle où un carnaval traditionnel, loin d’apaiser les tensions, est au centre d’un suspense narratif. On regrettera juste la lourdeur de certains passages humoristiques et la vocifération des personnages, un péché mignon qu’avaient certes commis de grands cinéastes, tels Kontchalovski et Kusturica. Mais les acteurs ne sont pas en cause et brillent par leur professionnalisme, à l’instar d’Oleksandr Yatsentyuk dans le rôle-titre et Solomiya Kyrylova dans celui de son épouse. Le jeune Stanislav Potiak qui incarne le fils est en outre une révélation. L’actualité de l’intervention russe en Ukraine donne également un éclairage particulier à l’ensemble du long métrage, qui peut faire écho au documentaire Mariupolis 2 de Mantas Kvedaravi?ius, présenté en séance spéciale officielle à Cannes 2022, même si les deux films n’adoptent pas le même registre. Depuis le déclenchement de la guerre, Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk n’a pas cessé d’être actif. Après avoir fait de l’humanitaire, il s’est mis à filmer des personnes dont la vie a été bouleversée depuis mars 2022. On attend avec intérêt son second long métrage, après ce Pamfir qui est un candidat sérieux à la Caméra d’or.

Gérard Crespo (Avoiralire.com)