ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
Et si la grande force de Maman est en Amérique… était en fin de
compte le fait de se poser en rempart face au sarcasme ? C’est que l’on
serait bien tenté de moquer sa propension à vouloir offrir de l’ampleur à
certains moments clés du récit sur la seule base d’un passage au format
scope et de personnages grimés en fonction du point de vue du petit
Jean. Tentés seulement, dans la mesure où il s’agirait de passer
malhonnêtement outre l’univers visuel d’un film que l’on peut
allègrement qualifier de mental et qui opère avant tout dans une
simplicité qui se veut reflet d’une vision enfantine du monde, lequel
est vu à travers les yeux d’un écolier dont l’environnement se
circonscrit à ses seuls faits et gestes. En témoigne une tendance à
l’uniformisation des décors, épurés en terme de détails et de textures
et mettant de fait les personnages en évidence pour souligner
l’importance de leurs actes (les teintes de brun pour les extérieurs ou
de bleu pour l’école, par exemple, participant là aussi de cette même
logique). C’est là que se joue, thématiquement parlant, le film de Marc
Boréal et Thibaut Chatel, adaptation de la BD éponyme de Jean Regnaud et
Emile Bravo. Car au-delà du caractère anodin de bien des séquences
axées sur la banalité du quotidien de son jeune personnage (et
fatalement presque longuettes puisque précisément considérées comme
anecdotiques de prime abord), il s’agit avant tout de plonger dans la
psyché de celui-ci pour mettre en exergue sa gestion d’une absence bien
pesante pour un si petit être. Le choix d’une animation fondamentalement
très simple (formes géométriques, points en guise d’yeux, jeux d’ombres
et de lumières minimalistes) est par ailleurs cohérent en ce sens.
Jean
est en CP est il est bien embêté lorsque sa maîtresse (très rigolote au
passage) lui demande la profession de ses parents. Comme il le lui
répondra, son père est patron, sa maman est secrétaire. Problème, il n’a
en réalité pas vu sa mère depuis longtemps et ignore où elle se trouve.
L’intelligence de Boréal et Chatel, voire très probablement de Regnaud
et Bravo, est de considérer celle du spectateur/lecteur qu’ils devinent
tout à fait conscient de l’issue du récit. Le duo ne recherche
d’ailleurs jamais à orchestrer un faux suspense qui aurait paru bien
fortuit et, accessoirement, de mauvais goût. Ce n’est pas comme si le
titre lui-même n’était pas le plus clair des indices.
C’est alors
logiquement qu’en dépit de sa présence permanente dans l’esprit du
public, la mère n’est au final que peu évoquée au sein du récit. Et tout
l’enjeu du film (Jean va-t-il découvrir la vérité, et comment) de
s’incarner non pas en tant que simple aboutissement d’une suite
d’événements mais au contraire de définir chacun d’eux. En d’autres
termes, chaque micro instant de vie du petit Jean sera vu par le prisme
de cette mère prétendument partie en Amérique, nous faisant ainsi
partager la perception d’un gamin en apparence on ne peut plus… gamin.
L’occasion de voir d’un autre œil un film a priori mignon tout plein
mais qui se pare du coup d’une certaine cruauté lorsqu’il évoque des
problèmes typiquement enfantins. Jusqu’à un humour parfois bien senti
envers des stéréotypes (le QI du rebelle de la classe) ou, évidemment,
la douleur du passage à une vision plus concrète du monde (la métaphore
du père Noël, le déguisement d’indien). Ma maman est en Amérique… est
donc avant tout un film qui contribue à redonner toute leur importance
et leur symbolique aux plus insignifiants de nos actes, lesquels se
révèlent intimement liés et finissent par nous définir. Ce sont les
fabulations de sa copine Michèle qui influenceront Jean dans sa manière
d’appréhender les conflits (et qui offriront ses scènes les plus
sympathiques au film, tel le duel de billes) autant qu’elles seront le
moteur de son évolution (le fait de penser à sa mère n’empêche pas son
absence et le manque qui en découle).
Au fond donc, peu importe
que son humour se révèle souvent peu inspiré, qu’il lui manque un léger
supplément d’âme ici synonyme d’ambition dans sa mise en scène et autres
petits soucis indésirables : si Ma maman est en Amérique… est un
charmant petit
film, ce n’est pas parce qu’il a quelque chose à dire. C’est parce qu’il le dit bien.
Par Courte-Focalefr
Ciné Ma Différence
dimanche 3 novembre
2013 à 11h15
séance ouverte à tous et adaptée pour enfants et adultes handicapés avec
présence de bénévoles aidant à l'accompagnement des personnes
handicapées.
Pendant la projection du film, son moins fort et lumière s'éteignant progressivement
Tarif unique : 4,70 euros
séance organisée en collaboration avec les associations Cinéma différence, Autisme 49 et les copains d'Elsa
MA MAMAN EST EN AMÉRIQUE, ELLE A RENCONTRÉ BUFFALO BILL
de Marc Boreal & Thibaut Chatel
Film d'animation
FRANCE - 2013 - 1h15
Une petite ville de province. Les années 70. Jean a six ans, il fait sa
rentrée à la grande école. Quand la maîtresse demande à chaque enfant la
profession de son père et de sa mère, Jean réalise qu'il n'est pas
comme les autres, s'inquiète et invente une réponse : "ma maman est
secrétaire". En fait, elle est tout le temps en voyage sa maman, alors
elle envoie des cartes postales à Michèle. Cette petite voisine, qui
sait déjà lire, les lit à Jean et celui-ci se prend à rêver. A moins que
la réalité ne soit toute autre. Et ça, entre septembre et Noël de cette
année-là, Jean commence tout juste à le comprendre...
https://www.facebook.com/pages/Ma-maman-est-en-Am%C3%A9rique-elle-a-rencontr%C3%A9-Buffalo-Bill-Le-Film/289391151078640?fref=ts
A PROPOS
Et si la grande force de Maman est en Amérique… était en fin de
compte le fait de se poser en rempart face au sarcasme ? C’est que l’on
serait bien tenté de moquer sa propension à vouloir offrir de l’ampleur à
certains moments clés du récit sur la seule base d’un passage au format
scope et de personnages grimés en fonction du point de vue du petit
Jean. Tentés seulement, dans la mesure où il s’agirait de passer
malhonnêtement outre l’univers visuel d’un film que l’on peut
allègrement qualifier de mental et qui opère avant tout dans une
simplicité qui se veut reflet d’une vision enfantine du monde, lequel
est vu à travers les yeux d’un écolier dont l’environnement se
circonscrit à ses seuls faits et gestes. En témoigne une tendance à
l’uniformisation des décors, épurés en terme de détails et de textures
et mettant de fait les personnages en évidence pour souligner
l’importance de leurs actes (les teintes de brun pour les extérieurs ou
de bleu pour l’école, par exemple, participant là aussi de cette même
logique). C’est là que se joue, thématiquement parlant, le film de Marc
Boréal et Thibaut Chatel, adaptation de la BD éponyme de Jean Regnaud et
Emile Bravo. Car au-delà du caractère anodin de bien des séquences
axées sur la banalité du quotidien de son jeune personnage (et
fatalement presque longuettes puisque précisément considérées comme
anecdotiques de prime abord), il s’agit avant tout de plonger dans la
psyché de celui-ci pour mettre en exergue sa gestion d’une absence bien
pesante pour un si petit être. Le choix d’une animation fondamentalement
très simple (formes géométriques, points en guise d’yeux, jeux d’ombres
et de lumières minimalistes) est par ailleurs cohérent en ce sens.
Jean
est en CP est il est bien embêté lorsque sa maîtresse (très rigolote au
passage) lui demande la profession de ses parents. Comme il le lui
répondra, son père est patron, sa maman est secrétaire. Problème, il n’a
en réalité pas vu sa mère depuis longtemps et ignore où elle se trouve.
L’intelligence de Boréal et Chatel, voire très probablement de Regnaud
et Bravo, est de considérer celle du spectateur/lecteur qu’ils devinent
tout à fait conscient de l’issue du récit. Le duo ne recherche
d’ailleurs jamais à orchestrer un faux suspense qui aurait paru bien
fortuit et, accessoirement, de mauvais goût. Ce n’est pas comme si le
titre lui-même n’était pas le plus clair des indices.
C’est alors
logiquement qu’en dépit de sa présence permanente dans l’esprit du
public, la mère n’est au final que peu évoquée au sein du récit. Et tout
l’enjeu du film (Jean va-t-il découvrir la vérité, et comment) de
s’incarner non pas en tant que simple aboutissement d’une suite
d’événements mais au contraire de définir chacun d’eux. En d’autres
termes, chaque micro instant de vie du petit Jean sera vu par le prisme
de cette mère prétendument partie en Amérique, nous faisant ainsi
partager la perception d’un gamin en apparence on ne peut plus… gamin.
L’occasion de voir d’un autre œil un film a priori mignon tout plein
mais qui se pare du coup d’une certaine cruauté lorsqu’il évoque des
problèmes typiquement enfantins. Jusqu’à un humour parfois bien senti
envers des stéréotypes (le QI du rebelle de la classe) ou, évidemment,
la douleur du passage à une vision plus concrète du monde (la métaphore
du père Noël, le déguisement d’indien). Ma maman est en Amérique… est
donc avant tout un film qui contribue à redonner toute leur importance
et leur symbolique aux plus insignifiants de nos actes, lesquels se
révèlent intimement liés et finissent par nous définir. Ce sont les
fabulations de sa copine Michèle qui influenceront Jean dans sa manière
d’appréhender les conflits (et qui offriront ses scènes les plus
sympathiques au film, tel le duel de billes) autant qu’elles seront le
moteur de son évolution (le fait de penser à sa mère n’empêche pas son
absence et le manque qui en découle).
Au fond donc, peu importe
que son humour se révèle souvent peu inspiré, qu’il lui manque un léger
supplément d’âme ici synonyme d’ambition dans sa mise en scène et autres
petits soucis indésirables : si Ma maman est en Amérique… est un
charmant petit
film, ce n’est pas parce qu’il a quelque chose à dire. C’est parce qu’il le dit bien.
Par Courte-Focalefr