ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
Le cinéma d’auteur français a décidément de la ressource. Dans la section non compétitive Cannes Première, où furent présentés, en 2022, La Nuit du 12 et Chronique d’une liaison passagère, la réalisatrice Katell Quillévéré (Réparer les vivants) présente un film original et séduisant, qui échappe aux filiations trop repérables. Un mélange de classicisme et de modernité, mariant le romanesque à la lucidité et l’histoire de France à l’imaginaire.
1947. Madeleine (Anaïs Demoustier) fait partie de ces femmes dont les cheveux furent tondus après la dénonciation d’une liaison avec un soldat allemand. Sur une plage normande, devenue serveuse dans un hôtel-restaurant, cette mère célibataire d’un petit garçon fait la connaissance de François (Vincent Lacoste), étudiant riche et insaisissable qu’une légère séquelle de la polio singularise encore. Tous deux ont envie d’oubli et de renouveau et chacun(e) croit les trouver en l’autre. L’avenir leur appartient, même si un secret menace leur amour.
Katell Quillévéré a le goût du feuilleton (elle a cosigné avec Hélier Cisterne la série d’Arte Le Monde de demain, sur la naissance du duo NTM) et des jeux avec la narration. Dans le superbe mélodrame Suzanne (en 2013, avec Sara Forestier), elle remplaçait par des ellipses les temps forts de l’action, dont on découvrait peu à peu les effets et les traces. Ici, elle crée une arythmie palpitante, s’attarde voluptueusement sur certains moments, puis escamote des saisons et des années. Écrite avec Gilles Taurand (ancien collaborateur, notamment, d’André Téchiné), voilà une traversée des âges et des époques qui interroge, entre autres, la parentalité, la transmission, la bisexualité, le déterminisme social et la fidélité.
Au-delà de leurs particularités, les deux héros invitent, surtout, à une réflexion sur le couple, entité à mi-chemin entre le malentendu et le miracle, selon le film. L’aventure au long cours de Madeleine et François repose ainsi sur des déceptions et des trahisons, qui, une fois surmontées, renforcent encore leurs liens, construisent une solidarité puissante, indéfectible. Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste incarnent ces complexités avec panache, lui par une fragilité lunaire et émouvante, elle, en puisant plus profond que dans sa fantaisie naturelle, jusqu’à la transfiguration.
Louis Guichard (Télérama)
Ciné cosy
vendredi 1 décembre
à 13h15
Séance adaptée aux parents avec leur bébé, avec son adouci, mise à disposition d'une table à langer, d'un chauffe biberon...
LE TEMPS D'AIMER
de Katell Quillévéré
Avec Anaïs Demoustier, Vincent Lacoste, Paul Beaurepaire
FRANCE - 2023 - 2h05
1947. Sur une plage, Madeleine, serveuse dans un hôtel-restaurant, mère d'un petit garçon, fait la connaissance de François, étudiant riche et cultivé. Entre eux, c'est comme une évidence. La providence. Si l'on sait ce qu'elle veut laisser derrière elle en suivant ce jeune homme, on découvre avec le temps ce que François tente de fuir en mêlant le destin de Madeleine au sien...
https://www.gaumont.com/fr/fr/film/le-temps-daimer
A PROPOS
Le cinéma d’auteur français a décidément de la ressource. Dans la section non compétitive Cannes Première, où furent présentés, en 2022, La Nuit du 12 et Chronique d’une liaison passagère, la réalisatrice Katell Quillévéré (Réparer les vivants) présente un film original et séduisant, qui échappe aux filiations trop repérables. Un mélange de classicisme et de modernité, mariant le romanesque à la lucidité et l’histoire de France à l’imaginaire.
1947. Madeleine (Anaïs Demoustier) fait partie de ces femmes dont les cheveux furent tondus après la dénonciation d’une liaison avec un soldat allemand. Sur une plage normande, devenue serveuse dans un hôtel-restaurant, cette mère célibataire d’un petit garçon fait la connaissance de François (Vincent Lacoste), étudiant riche et insaisissable qu’une légère séquelle de la polio singularise encore. Tous deux ont envie d’oubli et de renouveau et chacun(e) croit les trouver en l’autre. L’avenir leur appartient, même si un secret menace leur amour.
Katell Quillévéré a le goût du feuilleton (elle a cosigné avec Hélier Cisterne la série d’Arte Le Monde de demain, sur la naissance du duo NTM) et des jeux avec la narration. Dans le superbe mélodrame Suzanne (en 2013, avec Sara Forestier), elle remplaçait par des ellipses les temps forts de l’action, dont on découvrait peu à peu les effets et les traces. Ici, elle crée une arythmie palpitante, s’attarde voluptueusement sur certains moments, puis escamote des saisons et des années. Écrite avec Gilles Taurand (ancien collaborateur, notamment, d’André Téchiné), voilà une traversée des âges et des époques qui interroge, entre autres, la parentalité, la transmission, la bisexualité, le déterminisme social et la fidélité.
Au-delà de leurs particularités, les deux héros invitent, surtout, à une réflexion sur le couple, entité à mi-chemin entre le malentendu et le miracle, selon le film. L’aventure au long cours de Madeleine et François repose ainsi sur des déceptions et des trahisons, qui, une fois surmontées, renforcent encore leurs liens, construisent une solidarité puissante, indéfectible. Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste incarnent ces complexités avec panache, lui par une fragilité lunaire et émouvante, elle, en puisant plus profond que dans sa fantaisie naturelle, jusqu’à la transfiguration.
Louis Guichard (Télérama)