ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

LE SILENCE DES AGNEAUX - Plans Cultes - 2025-05-06

Plans Cultes - mardi 06 mai à 19h45

LE SILENCE DES AGNEAUX de Jonathan Demme

SEVEN de David Fincher

PARTIR UN JOUR - Avant Première - 2025-05-13

Avant Première - mardi 13 mai à 20h00

PARTIR UN JOUR de Amélie Bonnin

PARTIR UN JOUR - Ciné Cosy - 2025-05-16

Ciné Cosy - vendredi 16 mai à 13h15

PARTIR UN JOUR de Amélie Bonnin

LE CADEAU - Festival Cinémas d'Afrique - 2025-05-17

Festival Cinémas d'Afrique - samedi 17 mai à 10h45

LE CADEAU de Ismaël Diallo

PEAU DE COLLE de Kaouther Ben Hania

UN MÉDECIN POUR LA PAIX - Ciné Doc - 2025-05-19

Ciné Doc - lundi 19 mai à 20h00

UN MÉDECIN POUR LA PAIX de Tal Barda

TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ - Ciné Doc - 2025-05-21

Ciné Doc - mercredi 21 mai à 17h00

TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ de Laura Poitras

GOSSES DE TOKYO - Ciné concert - 2025-05-28

Ciné concert - mercredi 28 mai à 20h00

GOSSES DE TOKYO de Yasujiro Ozu

LA CHANCE SOURIT A MADAME NIKUKO - Ciné Manga - 2025-06-02

Ciné Manga - lundi 02 juin à 20h15

LA CHANCE SOURIT A MADAME NIKUKO de Ayumu Watanabe

LA PETITE LILI - Claude Miller

A PROPOS

Ce jour-là, Julien (Robinson Stévenin) va montrer aux autres, à ses proches, le premier film qu'il a réalisé. Une vidéo tournée avec Lili (Ludivine Sagnier), la fille qu'il aime, en qui il croit. Sans doute parce qu'elle est la seule qui lui permette de croire en lui. En son talent. En l'avenir. Dans la grange, métamorphosée en salle de spectacle, ils sont venus, ils sont tous là. Sa mère, Mado (Nicole Garcia), actrice renommée depuis longtemps : c'est même ce «longtemps» qui la tracasse. Brice (Bernard Giraudeau), l'homme avec lequel elle vit : un cinéaste reconnu, lui aussi, beau, calme séducteur, tout ce que Julien hait de toutes ses forces. Il y a aussi Simon (Jean-Pierre Marielle), le frère de Mado, vieil homme qui ne sait que râler avec drôlerie sur le peu de temps qui lui reste à vivre et sur celui qu'il a perdu sans même s'en rendre compte. Et puis, Jeanne-Marie (Julie Depardieu), la fille des domestiques, amoureuse de Julien. Crevant d'amour pour Julien. Noyant dans l'alcool cet amour pour Julien, que tout le monde devine, sauf lui. Sur l'écran télé, au ralenti, apparaît le visage sensuel de Lili, ses yeux perdus dans le vague, ses lèvres murmurant des mots inaudibles. Un commentaire semble lier l'origine du monde au sort de l'homme... Sur sa chaise, Mado s'agite. Une fois. Deux fois. Une fois de trop. Fou de rage, Julien interrompt la projection. Une explication éclate, où chacun semble jouer son rôle : Mado est parfaite en actrice et mère, également agacées par la prétention de son fils. Julien est un écorché vif idéal. Et Brice n'est pas mal non plus en metteur en scène célèbre, donc indulgent devant les outrances visuelles et verbales du jeune débutant. Chacun est à sa place. Chacun est dans sa bulle. Sauf Lili, qui, insensiblement, va changer de rôle. On la croyait ingénue et fragile. On la croyait l'âme et l'amour de Julien. Très vite, elle pactise, elle bascule. Elle se noie dans l'oeil de Brice, qui, en quelques phrases, en quelques silences, en quelques regards, l'aura fascinée, séduite et, en un sens, perdue... Dans cette adaptation libre de La Mouette, de Tchekhov, c'est Lili qui hérite du mauvais rôle, du sale boulot. Nina, dans la pièce, était un être pantelant, constamment dans l'erreur. Mais, si elle finissait théâtreuse provinciale dans une troupe médiocre, elle restait bouleversante par la douleur que l'on sentait en elle, cette nostalgie d'une innocence perdue. Lili, aussi, commence par être une victime. Si ce n'est que, dupée par les autres, elle se révèle, elle, capable de les duper avec la même indifférence. Proche, en définitive, d'Eve, la célèbre ambitieuse du film de Joseph Mankiewicz, elle devient un petit monstre à l'état pur, corps offert et coeur en berne. Capable de mendier un rôle qu'elle croit lui revenir de droit à celui-là même qu'elle aura trahi. Cette jeune femme que l'on croyait fragile comme un oiseau, cette « mouette » si différente de l'original rend le film désespéré. Et cruel. Claude Miller est un mélancolique doux. Un idéaliste sombre. Depuis La Meilleure Façon de marcher jusqu'à Betty Fisher et autres histoires, en passant par La Petite Voleuse ou La Classe de neige, il n'a eu de cesse de filmer l'innocence souillée, la déraison menaçante, la cruauté impardonnable. Gorki disait de Tchekhov qu'il portait sur ses contemporains un regard qui semblait constamment leur dire : « Messieurs, vous vivez mal ! » Chez Miller, on survit et c'est presque pire. A l'image de Julien, qui ne se tue pas, comme le héros de la pièce, mais devient cinéaste. Ce pourrait être vaguement pitoyable si Miller ne préservait constamment son honnêteté : c'est en recréant son passé que Julien trouve instinctivement la force et l'intransigeance qui lui auront manqué, jadis. Seul l'irréel est vrai. L'art explique la vie, quand il ne la justifie pas. Miller est un moraliste qui ne moralise pas. Ses films reflètent plus le doute que la certitude. Si les êtres humains l'étonnent, il ne les juge jamais. D'où, dans la première heure de La Petite Lili, ces portraits doux de solitaires blessés, cherchant désespérément de l'aide. Moment cruel : la mère et le fils, abandonnés tous deux, se retrouvent, la nuit, réunis, un instant, mais rien qu'un instant, dans une même douleur. Moment tendre : un après-midi, non loin de la propriété aux volets bleus, le vieux Simon (Marielle, au sommet de son talent) s'est endormi dans un champ. A son réveil, il trouve un mot, griffonné à la hâte, nostalgique et apaisé : « On t'a laissé dormir. Tu avais l'air heureux. »
Pierre Murat Télérama

Soirée rencontre
lundi 5 novembre 2012 à 20h15

en présence de Nicole Garcia et Frédéric Bélier-Garcia


La petite Lili  transpose La Mouette de Tchekhov dans le monde du cinéma français. Dans le film, Mado est jouée par Nicole Garcia qui jouera Arkadina la mère de Treplev dans le spectacle du NTA mis en scène par Frédéric Bélier-Garcia

La petite Lili de Claude Miller transpose La Mouette de Tchekhov dans le monde du cinéma français. Les relations de Mado, une actrice célèbre, et de son fils Julien sont tumultueuses. Le garçon est fou amoureux de Lili, une jeune voisine qui rêve d’être comédienne. Dans le film, Mado est jouée par Nicole Garcia qui jouera Arkadina la mère de Treplev dans le spectacle du NTA mis en scène par Frédéric Bélier-Garcia.

Dates de représentations :
-au Théâtre Le Quai :
du mercredi 14 au samedi 24 novembre 2012 (à 19h30 le lundi, mardi et mercredi, à 20h30 le jeudi et vendredi, à 17h00 le samedi, relâche le dimanche 18)
-au Grand Théâtre, Place du Ralliement :
du jeudi 14 au lundi 18 février 2013 à 20h30 (à 19h30 le lundi, à 20h30 le jeudi vendredi et samedi et 16h00 le dimanche)


LA PETITE LILI

de Claude Miller

avec Ludivine Sagnier, Nicole Garcia, Bernard Giraudeau...
France - 2002 - 1h44

Mado, une actrice célèbre, passe ses vacances d'été dans sa propriété de Bretagne, en compagnie de son frère Simon, de son fils Julien qui veut devenir cinéaste et de Brice, son amant du moment, réalisateur de ses derniers films. Entre la mère et le fils, les relations sont tumultueuses. Julien est fou amoureux de Lili, une jeune fille de la région qui ambitionne d'être comédienne. Celle-ci est davantage fascinée par Brice, un metteur en scène reconnu qui ne semble pas insensible à son charme. Il l'emmène bientôt à Paris. Cinq ans plus tard, Lili a réussi et est devenu une actrice célèbre. Elle a quitté Brice. Par hasard, elle apprend que Julien va tourner son premier long métrage et qu'il parle d'elle.

A PROPOS

Ce jour-là, Julien (Robinson Stévenin) va montrer aux autres, à ses proches, le premier film qu'il a réalisé. Une vidéo tournée avec Lili (Ludivine Sagnier), la fille qu'il aime, en qui il croit. Sans doute parce qu'elle est la seule qui lui permette de croire en lui. En son talent. En l'avenir. Dans la grange, métamorphosée en salle de spectacle, ils sont venus, ils sont tous là. Sa mère, Mado (Nicole Garcia), actrice renommée depuis longtemps : c'est même ce «longtemps» qui la tracasse. Brice (Bernard Giraudeau), l'homme avec lequel elle vit : un cinéaste reconnu, lui aussi, beau, calme séducteur, tout ce que Julien hait de toutes ses forces. Il y a aussi Simon (Jean-Pierre Marielle), le frère de Mado, vieil homme qui ne sait que râler avec drôlerie sur le peu de temps qui lui reste à vivre et sur celui qu'il a perdu sans même s'en rendre compte. Et puis, Jeanne-Marie (Julie Depardieu), la fille des domestiques, amoureuse de Julien. Crevant d'amour pour Julien. Noyant dans l'alcool cet amour pour Julien, que tout le monde devine, sauf lui. Sur l'écran télé, au ralenti, apparaît le visage sensuel de Lili, ses yeux perdus dans le vague, ses lèvres murmurant des mots inaudibles. Un commentaire semble lier l'origine du monde au sort de l'homme... Sur sa chaise, Mado s'agite. Une fois. Deux fois. Une fois de trop. Fou de rage, Julien interrompt la projection. Une explication éclate, où chacun semble jouer son rôle : Mado est parfaite en actrice et mère, également agacées par la prétention de son fils. Julien est un écorché vif idéal. Et Brice n'est pas mal non plus en metteur en scène célèbre, donc indulgent devant les outrances visuelles et verbales du jeune débutant. Chacun est à sa place. Chacun est dans sa bulle. Sauf Lili, qui, insensiblement, va changer de rôle. On la croyait ingénue et fragile. On la croyait l'âme et l'amour de Julien. Très vite, elle pactise, elle bascule. Elle se noie dans l'oeil de Brice, qui, en quelques phrases, en quelques silences, en quelques regards, l'aura fascinée, séduite et, en un sens, perdue... Dans cette adaptation libre de La Mouette, de Tchekhov, c'est Lili qui hérite du mauvais rôle, du sale boulot. Nina, dans la pièce, était un être pantelant, constamment dans l'erreur. Mais, si elle finissait théâtreuse provinciale dans une troupe médiocre, elle restait bouleversante par la douleur que l'on sentait en elle, cette nostalgie d'une innocence perdue. Lili, aussi, commence par être une victime. Si ce n'est que, dupée par les autres, elle se révèle, elle, capable de les duper avec la même indifférence. Proche, en définitive, d'Eve, la célèbre ambitieuse du film de Joseph Mankiewicz, elle devient un petit monstre à l'état pur, corps offert et coeur en berne. Capable de mendier un rôle qu'elle croit lui revenir de droit à celui-là même qu'elle aura trahi. Cette jeune femme que l'on croyait fragile comme un oiseau, cette « mouette » si différente de l'original rend le film désespéré. Et cruel. Claude Miller est un mélancolique doux. Un idéaliste sombre. Depuis La Meilleure Façon de marcher jusqu'à Betty Fisher et autres histoires, en passant par La Petite Voleuse ou La Classe de neige, il n'a eu de cesse de filmer l'innocence souillée, la déraison menaçante, la cruauté impardonnable. Gorki disait de Tchekhov qu'il portait sur ses contemporains un regard qui semblait constamment leur dire : « Messieurs, vous vivez mal ! » Chez Miller, on survit et c'est presque pire. A l'image de Julien, qui ne se tue pas, comme le héros de la pièce, mais devient cinéaste. Ce pourrait être vaguement pitoyable si Miller ne préservait constamment son honnêteté : c'est en recréant son passé que Julien trouve instinctivement la force et l'intransigeance qui lui auront manqué, jadis. Seul l'irréel est vrai. L'art explique la vie, quand il ne la justifie pas. Miller est un moraliste qui ne moralise pas. Ses films reflètent plus le doute que la certitude. Si les êtres humains l'étonnent, il ne les juge jamais. D'où, dans la première heure de La Petite Lili, ces portraits doux de solitaires blessés, cherchant désespérément de l'aide. Moment cruel : la mère et le fils, abandonnés tous deux, se retrouvent, la nuit, réunis, un instant, mais rien qu'un instant, dans une même douleur. Moment tendre : un après-midi, non loin de la propriété aux volets bleus, le vieux Simon (Marielle, au sommet de son talent) s'est endormi dans un champ. A son réveil, il trouve un mot, griffonné à la hâte, nostalgique et apaisé : « On t'a laissé dormir. Tu avais l'air heureux. »
Pierre Murat Télérama