ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
Que savons-nous ? Telle est la question centrale du film de Stéphane Demoustier. Hormis cette scène introductive d’appréhension policière, l’intégralité de La Fille au bracelet se passe au présent du procès. À l’épineuse question : « Lise a-t-elle assassiné sa meilleure amie ? », seule la justice donnera la réponse. N’offrant ni flash-back ni scène de confession intime, le film déroule son intrigue au fur et à mesure qu’apparaissent devant la cour les pièces à conviction et les témoignages. Aux jurés de faire leur opinion. Au spectateur aussi, juré désigné dans cette fiction judiciaire aussi réaliste que haletante. La Fille au bracelet est un authentique « film de procès », un genre si rare en France – alors qu’on sait depuis longtemps, à la faveur des fictions américaines, la puissance des histoires judiciaires. Il est rafraîchissant de voir ce type de récit dans un univers français. Dans le film de Stéphane Demoustier, pas d’ « Objection, Votre Honneur ! » et autres rites américains qu’on connaît pourtant par cœur. Nous sommes tellement habitués à suivre des histoires de procès aux États-Unis que nous en connaissons tous les codes, au point de croire parfois qu’ils sont aussi les nôtres. Heureusement, Stéphane Demoustier offre à la justice française la fiction qui lui manquait.
Le décorum de ce tribunal est sobre, moderne, fonctionnel, bien loin des ors de la République, comme le sont souvent en France les palais de justice. L’essentiel du film s’y déroule. Le reste suit le couple des parents (interprétés avec sobriété et intelligence par Roschdy Zem et Chiara Mastroianni) s’efforçant de soutenir leur fille, malgré l’inquiétude et le doute. Un doute, omniprésent pour le spectateur, qui est l’une des forces du film. Alors qu’ils sont pourtant habituels dans ce type de récit, il n’y a dans La Fille au bracelet aucune séquence entre l’inculpée (la révélation Mellisa Guers) et son avocate, les montrant élaborer une stratégie – qui pourrait donner au spectateur un statut omniscient. Au contraire, on ne sait rien, ou guère plus que les autres. Et pourtant il faudra trancher. Et si le film ne donne pas une réponse claire, puisqu’il n’y a pas de flash-back nous montrant la scène, il décide tout de même. La justice se prononce, la décision sera rendue, établissant une vérité indiscutable en l’état, c’est-à-dire en l’absence de preuves ou d’éléments supplémentaires. Une vérité peut-être imparfaite, car le doute subsiste, mais une vérité nécessaire.
Pierre Charpilloz (Bande à part)
Soirée Rencontre
jeudi 24 mars
2022 à 20h00
En présence de Maître Isabelle Oger-Ombredane, avocate spécialiste en Droit Pénal et Droit du travail, Carol Dugast, procureure de la République adjointe au Tribunal d’Angers et Laurent Rieuneau, ancien président de la Cour d’assises
Soirée organisée dans le cadre du "Festival du Film Judiciaire - 1ère édition" en collaboration avec Cinéma Parlant, le CDAD 49, le Point Justice 49, le Barreau d’Angers, la DSDEN 49 et la délégation diocésaine 49
LA FILLE AU BRACELET
de Stéphane Demoustier
avec Melissa Guers, Chiara Mastroianni, Roschdy Zem
FRANCE - 2020 - 1h36
Lise, 18 ans, vit dans un quartier résidentiel sans histoire et vient d'avoir son bac. Mais depuis deux ans, Lise porte un bracelet car elle est accusée d'avoir assassiné sa meilleure amie.
https://le-pacte.com/france/film/la-fille-au-bracelet
A PROPOS
Que savons-nous ? Telle est la question centrale du film de Stéphane Demoustier. Hormis cette scène introductive d’appréhension policière, l’intégralité de La Fille au bracelet se passe au présent du procès. À l’épineuse question : « Lise a-t-elle assassiné sa meilleure amie ? », seule la justice donnera la réponse. N’offrant ni flash-back ni scène de confession intime, le film déroule son intrigue au fur et à mesure qu’apparaissent devant la cour les pièces à conviction et les témoignages. Aux jurés de faire leur opinion. Au spectateur aussi, juré désigné dans cette fiction judiciaire aussi réaliste que haletante. La Fille au bracelet est un authentique « film de procès », un genre si rare en France – alors qu’on sait depuis longtemps, à la faveur des fictions américaines, la puissance des histoires judiciaires. Il est rafraîchissant de voir ce type de récit dans un univers français. Dans le film de Stéphane Demoustier, pas d’ « Objection, Votre Honneur ! » et autres rites américains qu’on connaît pourtant par cœur. Nous sommes tellement habitués à suivre des histoires de procès aux États-Unis que nous en connaissons tous les codes, au point de croire parfois qu’ils sont aussi les nôtres. Heureusement, Stéphane Demoustier offre à la justice française la fiction qui lui manquait.
Le décorum de ce tribunal est sobre, moderne, fonctionnel, bien loin des ors de la République, comme le sont souvent en France les palais de justice. L’essentiel du film s’y déroule. Le reste suit le couple des parents (interprétés avec sobriété et intelligence par Roschdy Zem et Chiara Mastroianni) s’efforçant de soutenir leur fille, malgré l’inquiétude et le doute. Un doute, omniprésent pour le spectateur, qui est l’une des forces du film. Alors qu’ils sont pourtant habituels dans ce type de récit, il n’y a dans La Fille au bracelet aucune séquence entre l’inculpée (la révélation Mellisa Guers) et son avocate, les montrant élaborer une stratégie – qui pourrait donner au spectateur un statut omniscient. Au contraire, on ne sait rien, ou guère plus que les autres. Et pourtant il faudra trancher. Et si le film ne donne pas une réponse claire, puisqu’il n’y a pas de flash-back nous montrant la scène, il décide tout de même. La justice se prononce, la décision sera rendue, établissant une vérité indiscutable en l’état, c’est-à-dire en l’absence de preuves ou d’éléments supplémentaires. Une vérité peut-être imparfaite, car le doute subsiste, mais une vérité nécessaire.
Pierre Charpilloz (Bande à part)