ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

GUERRE ET PAIX - GUERRE ET PAIX - L' INTÉGRALE - 2024-05-12

GUERRE ET PAIX - L' INTÉGRALE - dimanche 12 mai à 10h45

GUERRE ET PAIX de Sergueï Bondartchouk

CASINO - Plans Cultes - 2024-05-14

Plans Cultes - mardi 14 mai à 20h00

CASINO de Martin Scorsese

LE DEUXIÈME ACTE - Avant-première - 2024-05-14

Avant-première - mardi 14 mai à 20h00

LE DEUXIÈME ACTE de Quentin Dupieux

LE DEUXIÈME ACTE - Ciné Cosy - 2024-05-17

Ciné Cosy - vendredi 17 mai à 13h15

LE DEUXIÈME ACTE de Quentin Dupieux

LES CHOSES HUMAINES - Soirée Rencontre - 2024-05-21

Soirée Rencontre - mardi 21 mai à 20h00

LES CHOSES HUMAINES de Yvan Attal

ANGERS, TEXAS : TEN YEARS AFTER - Festival Levitation - 2024-05-25

Festival Levitation - samedi 25 mai à 11h00

ANGERS, TEXAS : TEN YEARS AFTER de Antony Bou

JIA ZHANG-KE, UN GARS DE FENYANG - Walter Salles

A PROPOS

Walter Salles est revenu aux sources, c’est-à-dire aux racines du réalisateur chinois, sa ville natale Fenyang, dans le Shanxi, d’où le titre : « Jia Zhangke : un gars de Fenyang » (《汾阳小子贾樟柯》).    

Walter Salles est un spécialiste du road movie, et son film en a quelques aspects. Mais la ville qu’il redécouvre avec Jia Zhangke semble une ville fantôme, d’où les souvenirs du passé ont peu ou prou disparu : bien des bâtiments sont fermés, les fenêtres murées, et les karaokés de « Xiao Wu » ont été rasés.
Restent les gens. Walter Salles a rencontré, filmé et interviewé la mère et la sœur du réalisateur, Zhao Tao bien sûr, mais aussi ses collaborateurs et amis, indissociables de son œuvre : les acteurs Wang Hongwei (王宏伟) et Han Sanming (韩三明), le chef opérateur Yu Lik-wai (余力为) et l’ingénieur du son Zhang Yang (张阳).
Chacun égrène des souvenirs et anecdotes de tournage, mais le plus intéressant restent les séquences où la caméra s’efface devant Jia Zhangke et le laisse rapporter ses propres souvenirs. Il dit que ce retour dans sa ville lui a fait sentir le passage du temps : quand il a fait son premier film il avait 27 ans, maintenant il en a 43, et il peut dire, déclare-t-il, qu’il n’a jamais trahi le cinéma…
Il dit que la Chine vit un temps de perte de valeurs et de malaise national, mais on sent bien que le malaise est d’abord le sien. Et il se fait poignant quand il évoque le souvenir de son père, et laisse percer combien il fut difficile de grandir pendant la Révolution culturelle. On pense alors à ce film qu’il prépare depuis si longtemps et n’achèvera peut-être jamais, et qui en serait comme un écho : « The Age of Tattoo » (《刺青时代》).

Le documentaire de Walter Salles est un portrait de l’intérieur, réalisé en osmose avec l’univers du réalisateur chinois, qui n’a pourtant pas grand-chose à voir avec le sien, mais c’est aussi bien ainsi, justement. Sa qualité essentielle n’est pas tellement de brosser une image complète de l’œuvre (d’ailleurs, le film pourrait être raccourci en supprimant quelques extraits sans en altérer la valeur).L’intérêt majeur de ce documentaire est de faire ressortir – et ressentir - à quel point cette œuvre est unique dans sa peinture de l’évolution de la société chinoise contemporaine, sous des aspects très divers, et à quel point Jia Zhangke aura exercé une influence primordiale sur le cinéma chinois de la fin du 20ème siècle, en sortant des schémas établis, et en formant toute une génération par la profondeur de sa démarche et la fascination qu’il exerce.
Brigitte Duzan (Chinesemovies.com)

Soirée Jia Zhang Ke
lundi 3 octobre 2016 à 18h00

en présence de Jean-Michel Frodon, critique de cinéma, notamment pour Le Monde, écrivain, enseignant, auteur du livre Le Monde de Jia Zhang-ke (Yellow Now / Côté cinéma)

18h : JIA ZHANG-KE, UN GARS DE FENYANG
20h00 :  Signature par Jean-Michel Frodon de son livre Le Monde de Jia Zhang-ke
20h30 : AU-DELÀ DES MONTAGNES

Tarif spécial soirée : 9€ les 2 films sinon tarifs habituels


JIA ZHANG-KE, UN GARS DE FENYANG

de Walter Salles

Documentaire
BRESIL - 2014 - 1H34 - VOST

Le cinéaste brésilien Walter Salles dit son admiration pour le cinéaste chinois et le suit dans sa ville natale, Fenyang : portrait intime et inédit, aux racines même de ce réalisateur passionnant, présenté par Walter Salles lui-même et en collaboration avec Jean-Michel Frodon.


Jean-Michel Frodon est critique et journaliste de cinéma, il a notamment dirigé la rubrique « cinéma » du Monde et été directeur de la rédaction des Cahiers du cinéma, il publie à présent sur le site Slate.fr. Il est par ailleurs enseignant à Sciences-Po et l’université de Saint Andrews (Écosse). Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma, dont La Projection nationale, Conversation avec Woody Allen, Hou Hsiao-hsien, Le Cinéma chinois, Le cinéma et la Shoah, Robert Bresson, Le Cinéma d’Edward Yang, Le Cinéma français de la Nouvelle Vague à nos jours, Assayas par Assayas, Que fait le cinéma ? 

A PROPOS

Walter Salles est revenu aux sources, c’est-à-dire aux racines du réalisateur chinois, sa ville natale Fenyang, dans le Shanxi, d’où le titre : « Jia Zhangke : un gars de Fenyang » (《汾阳小子贾樟柯》).    

Walter Salles est un spécialiste du road movie, et son film en a quelques aspects. Mais la ville qu’il redécouvre avec Jia Zhangke semble une ville fantôme, d’où les souvenirs du passé ont peu ou prou disparu : bien des bâtiments sont fermés, les fenêtres murées, et les karaokés de « Xiao Wu » ont été rasés.
Restent les gens. Walter Salles a rencontré, filmé et interviewé la mère et la sœur du réalisateur, Zhao Tao bien sûr, mais aussi ses collaborateurs et amis, indissociables de son œuvre : les acteurs Wang Hongwei (王宏伟) et Han Sanming (韩三明), le chef opérateur Yu Lik-wai (余力为) et l’ingénieur du son Zhang Yang (张阳).
Chacun égrène des souvenirs et anecdotes de tournage, mais le plus intéressant restent les séquences où la caméra s’efface devant Jia Zhangke et le laisse rapporter ses propres souvenirs. Il dit que ce retour dans sa ville lui a fait sentir le passage du temps : quand il a fait son premier film il avait 27 ans, maintenant il en a 43, et il peut dire, déclare-t-il, qu’il n’a jamais trahi le cinéma…
Il dit que la Chine vit un temps de perte de valeurs et de malaise national, mais on sent bien que le malaise est d’abord le sien. Et il se fait poignant quand il évoque le souvenir de son père, et laisse percer combien il fut difficile de grandir pendant la Révolution culturelle. On pense alors à ce film qu’il prépare depuis si longtemps et n’achèvera peut-être jamais, et qui en serait comme un écho : « The Age of Tattoo » (《刺青时代》).

Le documentaire de Walter Salles est un portrait de l’intérieur, réalisé en osmose avec l’univers du réalisateur chinois, qui n’a pourtant pas grand-chose à voir avec le sien, mais c’est aussi bien ainsi, justement. Sa qualité essentielle n’est pas tellement de brosser une image complète de l’œuvre (d’ailleurs, le film pourrait être raccourci en supprimant quelques extraits sans en altérer la valeur).L’intérêt majeur de ce documentaire est de faire ressortir – et ressentir - à quel point cette œuvre est unique dans sa peinture de l’évolution de la société chinoise contemporaine, sous des aspects très divers, et à quel point Jia Zhangke aura exercé une influence primordiale sur le cinéma chinois de la fin du 20ème siècle, en sortant des schémas établis, et en formant toute une génération par la profondeur de sa démarche et la fascination qu’il exerce.
Brigitte Duzan (Chinesemovies.com)

AU-DELÀ DES MONTAGNES - Jia Zhang Ke

A PROPOS

En 1999, ils sont jeunes, désirants et pleins d'espérance. Ils dansent à l'unisson sur Go west, le tube des Pet Shop Boys, et c'est, pour eux, davantage qu'une chanson : un irrésistible appel d'air, un rêve d'ouverture au monde occidental et à ses merveilles supposées. Dans une atmosphère post-maoïste, ces filles et garçons de la Chine profonde, électrisés par la culture pop anglo-saxonne, se sentent à l'aube d'une nouvelle ère, plus belle et plus libre. A la fin du film, soit vingt-cinq plus tard, on réentendra cette chanson, Go west, mais chargée d'un tout autre sens.

Quel cinéaste est assez fou pour vouloir, et pouvoir, montrer un changement de civilisation dans son pays et au-delà, sur un quart de siècle ? Actuellement, on n'en voit qu'un seul : Jia Zhang-ke, le plus grand réalisateur chinois en activité, l'auteur de Still life et d'A touch of sin. Agé de 45 ans, il fit partie de cette jeunesse aimantée par l'Ouest, mais rattachée, organiquement, à la Chine traditionnelle. Les trois personnages principaux évoquent, d'ailleurs, les jeunes gens déboussolés de ses premiers films, tournés à cette époque, comme Xiao Wu, artisan pickpocket et Platform. A Fen­yang, ville natale du cinéaste, la gracieuse Tao, issue de la classe moyenne, est aimée par deux jeunes hommes très différents : un mineur humble, comme elle en a toujours connu, et un affairiste nouveau genre, en plein fantasme américain. Hésitante, déchirée, elle se marie avec le second, comme si elle s'obligeait à suivre le sens de l'Histoire.

Pour mieux éclairer le destin de ces trois héros, et le faire résonner avec celui de toute une génération, Jia Zhang-ke sort, cette fois, le grand jeu. L'expressivité de certains détails vire à l'outrance sarcastique : le fils de l'héroïne est prénommé Dollar par son père, l'homme d'affaires décomplexé. Des ellipses spectaculaires nous propulsent de la fin du xxe siècle à 2014, puis à 2025. Ce troisième et dernier chapitre se déroule en Australie, eldorado d'une diaspora chinoise richissime, déployant à perte de vue des paysages grandioses tels que le cinéaste en n'avait jamais filmés. Et la taille de l'écran change deux fois, passant du carré au scope, pour accompagner la dispersion des personnages au fil des années. Ces choix donnent le cap, apportent l'ampleur et le souffle, même si le jeu de l'actrice Zhao Tao, muse de Jia Zhang-ke, émouvante à trois âges différents, préserve la finesse originelle de ce cinéma jadis artisanal.

Particules égarées dans un monde agrandi, endurci, l'héroïne, son époux, son ancien soupirant, malade, mais aussi son fils se perdent de vue, au point de devenir indifférents les uns aux autres, sauf par bouffées de culpabilité ou de nostalgie dérisoires. Voir la tocade amoureuse de l'adolescent Dollar, loin de chez lui et ne parlant qu'en anglais, pour une maîtresse-maman chinoise, bien vite repoussée. Comme Antonioni en son temps, Jia Zhang-ke met en scène une glaciation progressive des rapports humains, une « éclipse » des sentiments, sur fond de matérialisme, de technologie et de migrations sans fin. Mais sa fougue romanesque, son énergie pop et ses talents d'artificier conjurent la froideur du constat : cette fresque somptueuse nous donne moins le bourdon que le frisson.

Louis Guichard (Télérama)

AU-DELÀ DES MONTAGNES

de Jia Zhang Ke

avec Zhao Tao, Sylvia Chang, Dong Zijian
CHINE - FRANCE - JAPON - 2015 - 2h11 - Cannes 2015

Chine, fin 1999. Tao, une jeune  fille de Fenyang est courtisée par ses deux amis d'enfance, Zhang et Lianzi.Zhang, propriétaire d'une station-service, se destine à un avenir prometteur tandis que Liang travaille dans une mine de charbon. Le coeur entre les deux hommes, Tao va devoir faire un choix qui scellera le reste de sa vie et de celle de son futur fils, Dollar.
Sur un quart de siècle, entre une Chine en profonde mutation et l'Australie comme promesse d'une vie meilleure, les espoirs, les amours et les désillusions de ces personnages face à leur destin
http://www.advitamdistribution.com/wp-content/uploads/2012/04/DP_DEFWEB_AU-DELA-DES-MONTAGNES.pdf

A PROPOS

En 1999, ils sont jeunes, désirants et pleins d'espérance. Ils dansent à l'unisson sur Go west, le tube des Pet Shop Boys, et c'est, pour eux, davantage qu'une chanson : un irrésistible appel d'air, un rêve d'ouverture au monde occidental et à ses merveilles supposées. Dans une atmosphère post-maoïste, ces filles et garçons de la Chine profonde, électrisés par la culture pop anglo-saxonne, se sentent à l'aube d'une nouvelle ère, plus belle et plus libre. A la fin du film, soit vingt-cinq plus tard, on réentendra cette chanson, Go west, mais chargée d'un tout autre sens.

Quel cinéaste est assez fou pour vouloir, et pouvoir, montrer un changement de civilisation dans son pays et au-delà, sur un quart de siècle ? Actuellement, on n'en voit qu'un seul : Jia Zhang-ke, le plus grand réalisateur chinois en activité, l'auteur de Still life et d'A touch of sin. Agé de 45 ans, il fit partie de cette jeunesse aimantée par l'Ouest, mais rattachée, organiquement, à la Chine traditionnelle. Les trois personnages principaux évoquent, d'ailleurs, les jeunes gens déboussolés de ses premiers films, tournés à cette époque, comme Xiao Wu, artisan pickpocket et Platform. A Fen­yang, ville natale du cinéaste, la gracieuse Tao, issue de la classe moyenne, est aimée par deux jeunes hommes très différents : un mineur humble, comme elle en a toujours connu, et un affairiste nouveau genre, en plein fantasme américain. Hésitante, déchirée, elle se marie avec le second, comme si elle s'obligeait à suivre le sens de l'Histoire.

Pour mieux éclairer le destin de ces trois héros, et le faire résonner avec celui de toute une génération, Jia Zhang-ke sort, cette fois, le grand jeu. L'expressivité de certains détails vire à l'outrance sarcastique : le fils de l'héroïne est prénommé Dollar par son père, l'homme d'affaires décomplexé. Des ellipses spectaculaires nous propulsent de la fin du xxe siècle à 2014, puis à 2025. Ce troisième et dernier chapitre se déroule en Australie, eldorado d'une diaspora chinoise richissime, déployant à perte de vue des paysages grandioses tels que le cinéaste en n'avait jamais filmés. Et la taille de l'écran change deux fois, passant du carré au scope, pour accompagner la dispersion des personnages au fil des années. Ces choix donnent le cap, apportent l'ampleur et le souffle, même si le jeu de l'actrice Zhao Tao, muse de Jia Zhang-ke, émouvante à trois âges différents, préserve la finesse originelle de ce cinéma jadis artisanal.

Particules égarées dans un monde agrandi, endurci, l'héroïne, son époux, son ancien soupirant, malade, mais aussi son fils se perdent de vue, au point de devenir indifférents les uns aux autres, sauf par bouffées de culpabilité ou de nostalgie dérisoires. Voir la tocade amoureuse de l'adolescent Dollar, loin de chez lui et ne parlant qu'en anglais, pour une maîtresse-maman chinoise, bien vite repoussée. Comme Antonioni en son temps, Jia Zhang-ke met en scène une glaciation progressive des rapports humains, une « éclipse » des sentiments, sur fond de matérialisme, de technologie et de migrations sans fin. Mais sa fougue romanesque, son énergie pop et ses talents d'artificier conjurent la froideur du constat : cette fresque somptueuse nous donne moins le bourdon que le frisson.

Louis Guichard (Télérama)