ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
Un héros ordinaire d'Oliver Hirschbiegel, projeté hors-compétition à Berlin, se présente comme un film sur "les 13 minutes qui auraient pu changer l'Histoire", car son personnage principal, Georg Elser (Christian Friedel, le poète d'Amour fou de Jessica Hausner), est ce simple artisan allemand qui a organisé un attentat à la bombe contre Hitler en 1938, à Munich, mais a manqué sa cible à 13 minutes près, le programme du Führer ayant légèrement changé ce jour-là. Hirschbiegel, connu sur la scène internationale pour La Chute (2004), sur les derniers jours d'Hitler dans son bunker, continue ici, comme dans la plupart de ses films, d'enquêter sur une des plus infectes figures que l'Histoire ait jamais connues, et il le fait à nouveau sous cet angle très intéressant qui lui est propre, entrant dans le grand récit historique par la petite porte.
Il renoue aussi avec le dispositif qui consiste à faire raconter l'histoire par un narrateur et témoin des faits, ici rendu d'autant plus ingénieux que ce narrateur n'est autre qu'Elsner lui-même, tout au long d'un interminable interrogatoire pendant lequel ses lèvres n'ont pas parlé. Malgré ce silence maintenu devant les agents du IIIème Reich, c'est bien son point de vue qu'on adopte en parcourant son histoire et son passé, jusqu'au moment où seul, tremblant comme une feuille, il plaça sa bombe à l'endroit où Hitler aurait dû se tenir.
On découvre au cours de ces flashbacks un Georg Elser certes plutôt "rouge" (bien que l'étroitesse de ses liens avec les communistes et l'implication de ceux-là dans son acte restent vagues), mais qui est avant tout un bon vivant, un musicien au bon coeur, un amateur de femmes, surtout une qui s'appelle Elsa... Ces souvenirs font l'effet d'une pastorale, car on a adopté le point de vue de ce "héros ordinaire" accusé d'un crime qu'il n'a pas réussi à commettre, or de sa cellule de prison et de sa salle de torture, il embellit forcément un peu les bons moments passés avec ses amis et sa compagne, à tel point que l'histoire d'amour avec elle vient presque détrôner dans le film la fascinante histoire de l'homme qui aurait pu tout changer mais qui à quelques minutes près, est resté dans l'anonymat.
L'intérêt du film de Hirschbiegel est justement cette insistance sur le contraste entre la banalité de l'histoire du héros et la dimension extraordinaire de ce qu'il a tenté, seul, guidé par aucune idéologie, et sans se percevoir lui-même comme ces "combattants" qu'Hitler essaie de galvaniser autour du Reich. Elser était bel et bien un pacifiste convaincu qui a eu le courage d'assumer l'acte entrepris et d'en payer le prix sans parler, c'était un homme du peuple qui voulait simplement être libre, sans grandes démonstrations de bravoure et sans s'auréoler d'un dogme. C'était un résistant allemand.
Bénédicte Prot (Cineuropa)
Avant première
vendredi 9 octobre
2015 à 20h15
ELSER UN HÉROS ORDINAIRE
de Oliver Hirschbiegel
avec Christian Friedel, Katharina Schüttler, Burghart Klaußner
ALLEMAGNE - 1h54 - 2015 - VOST
Allemagne, 8 Novembre 1939. Adolf Hitler prononce une allocution devant les dirigeants du parti nazi dans la brasserie Bürgerbräu à Munich. Une bombe explose, mais Hitler ainsi que Joseph Goebbels, Heinrich Himmler, Martin Bormann et d’autres ont quitté les lieux quelques minutes plus tôt. L’attentat est un échec. Rattrapé à la frontière suisse alors qu’il tentait de s’enfuir, Georg Elser est arrêté puis transféré à Munich pour être interrogé. Pour les Nazis, il s’agit d’un complot et on le soupçonne d’être un pion entre les mains d’une puissance étrangère. Rien ne prédestinait Georg Elser, modeste menuisier, à commettre cet acte insensé ; mais son indignation face à la brutalité croissante du régime aura réveillé en lui un héros ordinaire…
http://www.zerodeconduite.net/elser/dossier_pedagogique.html
A PROPOS
Un héros ordinaire d'Oliver Hirschbiegel, projeté hors-compétition à Berlin, se présente comme un film sur "les 13 minutes qui auraient pu changer l'Histoire", car son personnage principal, Georg Elser (Christian Friedel, le poète d'Amour fou de Jessica Hausner), est ce simple artisan allemand qui a organisé un attentat à la bombe contre Hitler en 1938, à Munich, mais a manqué sa cible à 13 minutes près, le programme du Führer ayant légèrement changé ce jour-là. Hirschbiegel, connu sur la scène internationale pour La Chute (2004), sur les derniers jours d'Hitler dans son bunker, continue ici, comme dans la plupart de ses films, d'enquêter sur une des plus infectes figures que l'Histoire ait jamais connues, et il le fait à nouveau sous cet angle très intéressant qui lui est propre, entrant dans le grand récit historique par la petite porte.
Il renoue aussi avec le dispositif qui consiste à faire raconter l'histoire par un narrateur et témoin des faits, ici rendu d'autant plus ingénieux que ce narrateur n'est autre qu'Elsner lui-même, tout au long d'un interminable interrogatoire pendant lequel ses lèvres n'ont pas parlé. Malgré ce silence maintenu devant les agents du IIIème Reich, c'est bien son point de vue qu'on adopte en parcourant son histoire et son passé, jusqu'au moment où seul, tremblant comme une feuille, il plaça sa bombe à l'endroit où Hitler aurait dû se tenir.
On découvre au cours de ces flashbacks un Georg Elser certes plutôt "rouge" (bien que l'étroitesse de ses liens avec les communistes et l'implication de ceux-là dans son acte restent vagues), mais qui est avant tout un bon vivant, un musicien au bon coeur, un amateur de femmes, surtout une qui s'appelle Elsa... Ces souvenirs font l'effet d'une pastorale, car on a adopté le point de vue de ce "héros ordinaire" accusé d'un crime qu'il n'a pas réussi à commettre, or de sa cellule de prison et de sa salle de torture, il embellit forcément un peu les bons moments passés avec ses amis et sa compagne, à tel point que l'histoire d'amour avec elle vient presque détrôner dans le film la fascinante histoire de l'homme qui aurait pu tout changer mais qui à quelques minutes près, est resté dans l'anonymat.
L'intérêt du film de Hirschbiegel est justement cette insistance sur le contraste entre la banalité de l'histoire du héros et la dimension extraordinaire de ce qu'il a tenté, seul, guidé par aucune idéologie, et sans se percevoir lui-même comme ces "combattants" qu'Hitler essaie de galvaniser autour du Reich. Elser était bel et bien un pacifiste convaincu qui a eu le courage d'assumer l'acte entrepris et d'en payer le prix sans parler, c'était un homme du peuple qui voulait simplement être libre, sans grandes démonstrations de bravoure et sans s'auréoler d'un dogme. C'était un résistant allemand.
Bénédicte Prot (Cineuropa)