ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
"Compte tes blessures", le remarquable premier film du jeune Morgan Simon, met en scène Kevin Azaïs sous les traits d’un jeune homme en conflit avec son père. Un portrait âpre et percutant qui marque la naissance d’un artiste à suivre de près. Explications.
Il a fait de son épiderme un brouillon. Une immense page vierge sur laquelle il s’est laissé aller, au fil de ses vagues à l’âme, à divers dessins. Des formes et des lettres qui, rassemblées, lui offrent un semblant de réponse et d’éclairage sur sa propre vie, exsangue et monocorde. A 24 ans, Vincent, le moral aussi blême que sa carnation, cherche et se cherche. Allongé une énième fois sur la table du tatoueur, il attend que le visage de son père colonise son cou à l’encre indélébile. Encore un moyen d’attirer l’attention du pater, d’exister à ses yeux et de recevoir ce maudit geste d’affection qui a raté tous les trains de l’amour.
Si sa vie familiale, étoupée par l’absence de la figure maternelle, se résume aux dialogues du silence, le jeune homme crie à pleins poumons dans les salles de concert, en qualité de leader charismatique d’un groupe de hard-rock. C’est dans le tumulte métallique et édénique des ténèbres que son physique angélique, tout comme ses colères et ses frustrations, ont trouvé refuge. Pour sa première réalisation, basée sur son scénario de fin d’études à la Fémis, Morgan Simon a choisi de conter le cheminement intime d’un fragile incandescent, rongé par la solitude et les paradoxes. Un être attachant, transcendé par l’interprétation de Kevin Azaïs.
Après ses solides compositions dans Les Combattants, Ni le ciel ni la terre et le récent Jeunesse, le comédien gravit là un nouvel échelon sur le baromètre de l’excellence. Superbement immortalisé par une forme de caméra-vérité, il disparaît de pied en cap derrière le visage de Vincent. Lequel, dans sa façon de se mouvoir et de s’exprimer, rappelle à bien des égards les héros d’un certain Gus Van Sant, cinéaste qu’adule Morgan Simon, ou de Larry Clark. De ceux qui savent si bien figurer et comprendre cette jeunesse désœuvrée, désenchantée, qui refuse néanmoins, à grand bruit, de se consumer face à l’adversité familiale et sociale.
On pense aussi à Mommy de Xavier Dolan dans cette relation douloureuse entre un grand enfant et son père, rendue encore plus conflictuelle par l’arrivée d’une femme dont ils vont tomber tous deux amoureux. S’il s’avère moins flamboyant que le maestro québécois, Morgan Simon traite ici de l’incommunicabilité avec une force indiscutable. La brièveté de son film, 1h15 environ, le rend encore plus sec et efficace. A l’image d’un mouvement brusque, d’une prise de conscience, d’un réveil. Après tout, Compte tes blessures raconte en premier lieu le sursaut d’un homme qui doit apprendre à "tuer le père" pour être à l’épreuve de la vie. Et il le fait fort bien.
Mehdi Omaïs (lci.fr)
Soirée rencontre
jeudi 2 mars
2017 à 20h15
En présence de Morgan Simon, le réalisateur.
le film a reçu le prix des Activités sociales de l'énergie au Festival Premiers Plans.
Soirée organisée en collaboration avec le Festival Premiers Plan et la Caisse centrale des activité sociales de l'énergie.
COMPTE TES BLESSURES
de Morgan Simon
avec Kévin Azaïs, Monia Chokri, Nathan Willcocks
FRANCE - 2016 - 1h20 - Festival Premiers Plans 2017
Chanteur charismatique d'un groupe de hard rock, Vincent, 24 ans, a déjà tatoué la moitié de son corps. Avec sa gueule d'ange et son regard incandescent, le monde lui appartient. Mais l'arrivée d'une nouvelle femme dans la vie de son père réveille les tensions. Vincent n'entend plus retenir sa colère, ni son désir.
https://www.facebook.com/CompteTesBlessures/
A PROPOS
"Compte tes blessures", le remarquable premier film du jeune Morgan Simon, met en scène Kevin Azaïs sous les traits d’un jeune homme en conflit avec son père. Un portrait âpre et percutant qui marque la naissance d’un artiste à suivre de près. Explications.
Il a fait de son épiderme un brouillon. Une immense page vierge sur laquelle il s’est laissé aller, au fil de ses vagues à l’âme, à divers dessins. Des formes et des lettres qui, rassemblées, lui offrent un semblant de réponse et d’éclairage sur sa propre vie, exsangue et monocorde. A 24 ans, Vincent, le moral aussi blême que sa carnation, cherche et se cherche. Allongé une énième fois sur la table du tatoueur, il attend que le visage de son père colonise son cou à l’encre indélébile. Encore un moyen d’attirer l’attention du pater, d’exister à ses yeux et de recevoir ce maudit geste d’affection qui a raté tous les trains de l’amour.
Si sa vie familiale, étoupée par l’absence de la figure maternelle, se résume aux dialogues du silence, le jeune homme crie à pleins poumons dans les salles de concert, en qualité de leader charismatique d’un groupe de hard-rock. C’est dans le tumulte métallique et édénique des ténèbres que son physique angélique, tout comme ses colères et ses frustrations, ont trouvé refuge. Pour sa première réalisation, basée sur son scénario de fin d’études à la Fémis, Morgan Simon a choisi de conter le cheminement intime d’un fragile incandescent, rongé par la solitude et les paradoxes. Un être attachant, transcendé par l’interprétation de Kevin Azaïs.
Après ses solides compositions dans Les Combattants, Ni le ciel ni la terre et le récent Jeunesse, le comédien gravit là un nouvel échelon sur le baromètre de l’excellence. Superbement immortalisé par une forme de caméra-vérité, il disparaît de pied en cap derrière le visage de Vincent. Lequel, dans sa façon de se mouvoir et de s’exprimer, rappelle à bien des égards les héros d’un certain Gus Van Sant, cinéaste qu’adule Morgan Simon, ou de Larry Clark. De ceux qui savent si bien figurer et comprendre cette jeunesse désœuvrée, désenchantée, qui refuse néanmoins, à grand bruit, de se consumer face à l’adversité familiale et sociale.
On pense aussi à Mommy de Xavier Dolan dans cette relation douloureuse entre un grand enfant et son père, rendue encore plus conflictuelle par l’arrivée d’une femme dont ils vont tomber tous deux amoureux. S’il s’avère moins flamboyant que le maestro québécois, Morgan Simon traite ici de l’incommunicabilité avec une force indiscutable. La brièveté de son film, 1h15 environ, le rend encore plus sec et efficace. A l’image d’un mouvement brusque, d’une prise de conscience, d’un réveil. Après tout, Compte tes blessures raconte en premier lieu le sursaut d’un homme qui doit apprendre à "tuer le père" pour être à l’épreuve de la vie. Et il le fait fort bien.
Mehdi Omaïs (lci.fr)