ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

ANASTASIA - Don Bluth & Gary Goldman

A PROPOS

1997, alors que les productions Disney tentent désespérément de rattraper un public de plus en plus distancié avec le délirant Hercule, le tout jeune Fox Animation Studio revient aux fondamentaux en plongeant dans l'histoire pour donner corps à sa propre « princesse » qui fait rêver les petites filles.  

Il est amusant de noter que lorsque Walt Disney produisit son premier long-métrage d'animation, il alla piocher le jeu scénique et pictural du côté des codes du cinéma muet. Bien des années plus tard, lorsque la 20th Century Fox créa son propre studio d'animation avec le projet Anastasia, l'influence majeure fut celle des grands classiques romantiques des années 50, en particulier dans l'utilisation des ombres et la mise en scène des séquences chantées rappelant les comédies musicales de Gene Kelly et Vicente Minelli. Comme si le dessin animé se devait constamment de s'emparer des grilles de lecture d'autrefois pour être parfaitement lisible. L'exercice est d'autant plus étonnant dans le cas d'Anastasia que les réalisateurs aux commandes sont Don Bluth et Gary Goldman, deux artisans reconnus pour avoir quitté le studio Disney au début des années 1980, lassés par son immobilisme. Car si visuellement le long-métrage porte définitivement la patte des créateurs de Brisby et le secret de NIMH, Fievel et le nouveau monde ou Charlie, le contenu lui rappelle clairement les romances féeriques des princesses de la concurrence. S'inspirant des mystères qui entourent le massacre de la famille Romanov et la disparition de la petite dernière (Anastasia, donc), qui symbolisa l'heure de gloire de la révolution russe, la trame historique est méchamment malmenée d'un bout à l'autre du récit, les auteurs préférant donner à l'oeuvre des atours plus charmeurs, voire carrément magiques.

Cette liberté n'excuse pas forcément la propension du film à donner le beau rôle à l'ancien grand empire tout en soulignant la décadence communiste, mais réussit cependant à donner une tonalité étrange à ce long-métrage qui aurait pu au final être tourné avec de vrais acteurs. Une donnée que l'on retrouve justement dans le travail d'animation, entièrement calqué sur le jeu d'acteurs spécialisés et les performances vocales de quelques stars (Meg Ryan parfaite, Angela Lansbury idéale), qui donnent au film une interprétation à échelle humaine, et une finition des plus réalistes. Et c'est justement là le principal atout d'Anastasia (outre les yeux de chat de la demoiselle) : le contraste provoqué avec l'apparition du merveilleux et d'un méchant des plus expansifs. Le magicien Raspoutine, prisonnier des enfers, affiche ainsi un design moins propret que la moyenne et opte clairement pour une hystérie quasi-constante (merci à l'extraordinaire Christopher « Doc » Lloyd), passant de la pose inquiétante au pathétique larmoyant alors que son corps se décompose à chaque mouvement brusque.  Un personnage délicieusement too much compensé par la petite chauve-souris Bartok, sidekick carrément gonflé par la folie des grandeurs de son maître. Anastasia repose sur un grand savoir-faire et fait naître une magie qui lui est propre.

Nathanaël Bouton-Drouard
Nathanaël Bouton-Drouard (freneticarts.com)

Avant première
vendredi 17 février 2017 à 13h30

avant-première + quizz et karaoké

à partir de 7 ans

3,50 euros la séance pour tous avec le PASS dans Télérama et sur Télérama.fr


ANASTASIA

de Don Bluth & Gary Goldman

Film d'animation
USA - 1997 - 1h25 - version française

Saint-Pétersbourg, 1917. Comment l'impératrice Marie et sa petite fille Anastasia vont être sauvées du funeste sort, provoqué par la revolution, qui s'abat sur la famille impériale, par un jeune employé de cuisine : Dimitri. Mais le destin les sépare une nouvelle fois. Dix ans après la chute des Romanov, une rumeur persistante se propage : la fille cadette de l'empereur serait encore en vie...

A PROPOS

1997, alors que les productions Disney tentent désespérément de rattraper un public de plus en plus distancié avec le délirant Hercule, le tout jeune Fox Animation Studio revient aux fondamentaux en plongeant dans l'histoire pour donner corps à sa propre « princesse » qui fait rêver les petites filles.  

Il est amusant de noter que lorsque Walt Disney produisit son premier long-métrage d'animation, il alla piocher le jeu scénique et pictural du côté des codes du cinéma muet. Bien des années plus tard, lorsque la 20th Century Fox créa son propre studio d'animation avec le projet Anastasia, l'influence majeure fut celle des grands classiques romantiques des années 50, en particulier dans l'utilisation des ombres et la mise en scène des séquences chantées rappelant les comédies musicales de Gene Kelly et Vicente Minelli. Comme si le dessin animé se devait constamment de s'emparer des grilles de lecture d'autrefois pour être parfaitement lisible. L'exercice est d'autant plus étonnant dans le cas d'Anastasia que les réalisateurs aux commandes sont Don Bluth et Gary Goldman, deux artisans reconnus pour avoir quitté le studio Disney au début des années 1980, lassés par son immobilisme. Car si visuellement le long-métrage porte définitivement la patte des créateurs de Brisby et le secret de NIMH, Fievel et le nouveau monde ou Charlie, le contenu lui rappelle clairement les romances féeriques des princesses de la concurrence. S'inspirant des mystères qui entourent le massacre de la famille Romanov et la disparition de la petite dernière (Anastasia, donc), qui symbolisa l'heure de gloire de la révolution russe, la trame historique est méchamment malmenée d'un bout à l'autre du récit, les auteurs préférant donner à l'oeuvre des atours plus charmeurs, voire carrément magiques.

Cette liberté n'excuse pas forcément la propension du film à donner le beau rôle à l'ancien grand empire tout en soulignant la décadence communiste, mais réussit cependant à donner une tonalité étrange à ce long-métrage qui aurait pu au final être tourné avec de vrais acteurs. Une donnée que l'on retrouve justement dans le travail d'animation, entièrement calqué sur le jeu d'acteurs spécialisés et les performances vocales de quelques stars (Meg Ryan parfaite, Angela Lansbury idéale), qui donnent au film une interprétation à échelle humaine, et une finition des plus réalistes. Et c'est justement là le principal atout d'Anastasia (outre les yeux de chat de la demoiselle) : le contraste provoqué avec l'apparition du merveilleux et d'un méchant des plus expansifs. Le magicien Raspoutine, prisonnier des enfers, affiche ainsi un design moins propret que la moyenne et opte clairement pour une hystérie quasi-constante (merci à l'extraordinaire Christopher « Doc » Lloyd), passant de la pose inquiétante au pathétique larmoyant alors que son corps se décompose à chaque mouvement brusque.  Un personnage délicieusement too much compensé par la petite chauve-souris Bartok, sidekick carrément gonflé par la folie des grandeurs de son maître. Anastasia repose sur un grand savoir-faire et fait naître une magie qui lui est propre.

Nathanaël Bouton-Drouard
Nathanaël Bouton-Drouard (freneticarts.com)