ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Rien ne le prédestinait à devenir cinéaste. Et, quand il a utilisé pour la première fois la caméra abandonnée par l’un de ses amis exilés, il ne se doutait pas que les images tournées par ses soins deviendraient quelques années plus tard un film distribué dans les salles internationales. Abdallah Al-Khatib est né en 1989 dans le quartier de Yarmouk, dans la banlieue de Damas, en Syrie, et il a grandi dans ce camp de réfugiés palestiniens créé en 1957 et devenu le plus important du monde. Étudiant en sociologie à l’université de Damas, il a vu sa vie basculer comme celle de ses « frères » en 2011.
À l’heure de la révolution syrienne, Bachar al-Assad considère Yarmouk comme l’un des principaux foyers d’opposition à son régime et organise méthodiquement son siège à partir de 2013. Privés de nourriture, de médicaments, d’électricité, les habitants de Yarmouk survivent avec les moyens du bord. Ou ne survivent pas. Le siège durera deux ans jusqu’à ce que le camp soit pris d’assaut par les groupes armés de l’État islamique. Une autre horreur.
Durant ces longs mois de siège, avant qu’il quitte Yarmouk pour l’Allemagne où il réside aujourd’hui, Abdallah Al-Khatib a filmé le quotidien effroyable des habitants. Leur combat pour trouver de la nourriture, leur peur des bombardements, leur révolte, leur désespoir et aussi leur instinct vital, malgré tout. Au cœur de chaque scène de Little Palestine, un documentaire implacable, le spectateur est « invité » à découvrir les réalités de l’état de siège et ses conséquences sur les Palestiniens entassés dans cette prison à ciel ouvert : des mômes qui continuent vaille que vaille à étudier, des vieillards qui souffrent mille maux en silence, la propre mère du réalisateur qui s’improvise infirmière pour secourir les uns et les autres. On en passe.
« Le siège a provoqué deux types de changement raconte Abdallah Al-Khatib dans ses notes d’intention. Un changement social bouleversant les relations des gens entre eux et un changement personnel, psychologique, impliquant la relation de chaque personne à elle-même. Sur le plan social, le changement a été radical, faisant ressortir les aspects les plus durs de chacun, les plus sombres et les plus mauvais, mais parfois les plus nobles et les plus généreux. Par exemple, un homme qui vendait clandestinement une boîte de lait en poudre pour cent dollars pouvait également être l’homme qui se précipitait pour sauver une enfant abandonnée par ses parents lorsqu’ils fuyaient leur maison dévastée. L’instinct de survie a prévalu sur nos comportements habituels. Il a dicté qui vivrait et qui mourrait. »
Le cinéaste néophyte, avec une pudeur constante, refuse les surenchères dans ce documentaire qui préfère donner à voir la vie de Yarmouk dans sa sèche brutalité et, parfois, dans sa paradoxale douceur plutôt que de jouer la carte du brûlot politique ou du film à thèse.
« Je ne suis jamais allé filmer les victimes de bombardements ou le cadavre décharné d’une personne morte de faim, explique Abdallah Al-Khatib. Et ce, malgré la portée qu’aurait pu avoir ce genre d’images pour illustrer le quotidien dans le camp : les bombardements, la famine, la mort. J’ai sciemment choisi de ne pas filmer cela et de ne pas vendre mes images aux médias ou aux chaînes d’information. Je ne tournais pas pour devenir cinéaste, je ne savais pas ce que cela signifiait. Je ne suis jamais allé au cinéma. À? Yarmouk, il n’y avait qu’un cinéma, et je me suis frayé un chemin dans ses ruines seulement en 2015 pour fuir l’Était islamique. »
Sept ans plus tard, Little Palestine sort dans les salles françaises et s’impose comme un documentaire majeur sur les réalités effroyables endurées par les habitants de la Syrie. À découvrir d’urgence.
Olivier De Bruyn (Marianne)
Ciné Doc
jeudi 10 février
2022 à 20h00
En présence de l'Association France Palestine Solidarité
LITTLE PALESTINE, JOURNAL D'UN SIEGE
de Abdallah Al-Khatib
Documentaire
FRANCE - LIBAN - QATAR - 2021 - 1h29 - VOST
Suite à la révolution syrienne, le régime de Bachar Al-Assad assiège le quartier de Yarmouk (banlieue de Damas en Syrie), plus grand camp de réfugiés palestiniens au monde. Yarmouk se retrouve alors isolé et le réalisateur témoigne des privations quotidiennes, tout en rendant hommage au courage des enfants et des habitants du quartier.
https://www.dulacdistribution.com/film/little-palestine/173
A PROPOS
Rien ne le prédestinait à devenir cinéaste. Et, quand il a utilisé pour la première fois la caméra abandonnée par l’un de ses amis exilés, il ne se doutait pas que les images tournées par ses soins deviendraient quelques années plus tard un film distribué dans les salles internationales. Abdallah Al-Khatib est né en 1989 dans le quartier de Yarmouk, dans la banlieue de Damas, en Syrie, et il a grandi dans ce camp de réfugiés palestiniens créé en 1957 et devenu le plus important du monde. Étudiant en sociologie à l’université de Damas, il a vu sa vie basculer comme celle de ses « frères » en 2011.
À l’heure de la révolution syrienne, Bachar al-Assad considère Yarmouk comme l’un des principaux foyers d’opposition à son régime et organise méthodiquement son siège à partir de 2013. Privés de nourriture, de médicaments, d’électricité, les habitants de Yarmouk survivent avec les moyens du bord. Ou ne survivent pas. Le siège durera deux ans jusqu’à ce que le camp soit pris d’assaut par les groupes armés de l’État islamique. Une autre horreur.
Durant ces longs mois de siège, avant qu’il quitte Yarmouk pour l’Allemagne où il réside aujourd’hui, Abdallah Al-Khatib a filmé le quotidien effroyable des habitants. Leur combat pour trouver de la nourriture, leur peur des bombardements, leur révolte, leur désespoir et aussi leur instinct vital, malgré tout. Au cœur de chaque scène de Little Palestine, un documentaire implacable, le spectateur est « invité » à découvrir les réalités de l’état de siège et ses conséquences sur les Palestiniens entassés dans cette prison à ciel ouvert : des mômes qui continuent vaille que vaille à étudier, des vieillards qui souffrent mille maux en silence, la propre mère du réalisateur qui s’improvise infirmière pour secourir les uns et les autres. On en passe.
« Le siège a provoqué deux types de changement raconte Abdallah Al-Khatib dans ses notes d’intention. Un changement social bouleversant les relations des gens entre eux et un changement personnel, psychologique, impliquant la relation de chaque personne à elle-même. Sur le plan social, le changement a été radical, faisant ressortir les aspects les plus durs de chacun, les plus sombres et les plus mauvais, mais parfois les plus nobles et les plus généreux. Par exemple, un homme qui vendait clandestinement une boîte de lait en poudre pour cent dollars pouvait également être l’homme qui se précipitait pour sauver une enfant abandonnée par ses parents lorsqu’ils fuyaient leur maison dévastée. L’instinct de survie a prévalu sur nos comportements habituels. Il a dicté qui vivrait et qui mourrait. »
Le cinéaste néophyte, avec une pudeur constante, refuse les surenchères dans ce documentaire qui préfère donner à voir la vie de Yarmouk dans sa sèche brutalité et, parfois, dans sa paradoxale douceur plutôt que de jouer la carte du brûlot politique ou du film à thèse.
« Je ne suis jamais allé filmer les victimes de bombardements ou le cadavre décharné d’une personne morte de faim, explique Abdallah Al-Khatib. Et ce, malgré la portée qu’aurait pu avoir ce genre d’images pour illustrer le quotidien dans le camp : les bombardements, la famine, la mort. J’ai sciemment choisi de ne pas filmer cela et de ne pas vendre mes images aux médias ou aux chaînes d’information. Je ne tournais pas pour devenir cinéaste, je ne savais pas ce que cela signifiait. Je ne suis jamais allé au cinéma. À? Yarmouk, il n’y avait qu’un cinéma, et je me suis frayé un chemin dans ses ruines seulement en 2015 pour fuir l’Était islamique. »
Sept ans plus tard, Little Palestine sort dans les salles françaises et s’impose comme un documentaire majeur sur les réalités effroyables endurées par les habitants de la Syrie. À découvrir d’urgence.
Olivier De Bruyn (Marianne)