LE SOMMET DES DIEUX - Patrick Imbert

A PROPOS

Il n’était pas évident de se lancer dans l’adaptation, en France, d’une œuvre japonaise aussi réputée. A l’origine, il existe un roman de Baku Yumemakura, jamais traduit en français. Puis l’adaptation de Jiro Taniguchi en bande dessinée voit le jour et connaît un immense succès en Europe, particulièrement en France.
L’animation se porte bien dans notre pays. Souvent variée et de qualité, elle voit arriver Le Sommet des Dieux comme une nouvelle pépite, aux niveaux de lecture multiples, qui sonne comme un appel à l’aventure autant qu’à la réflexion. Le film, avec poésie et délicatesse, parvient à livrer un discours très profond et développé sur la quête de sens et la recherche de l’inconnu.
Pourquoi aller se perdre dans la montagne ? Pourquoi risquer sa vie ? Après quoi court un alpiniste ? De manière bien plus universelle, que recherche-t-on lors d’un projet en apparence aussi vain ? Finalement, n’est-il pas possible de rapprocher la quête d’un sommet avec la création artistique ?
A toutes ces questions, Le Sommet des Dieux apporte des réponses, jamais trop vagues, jamais trop arrêtées. Ce film, c’est aussi de la poésie qui nous élève à la hauteur de montagnes hostiles, mais terriblement attirantes, recréant l’atmosphère des massifs à la perfection, avec le fracas des avalanches, le bruit de la roche sous nos pieds, ou encore celui du vent contre les parois verticales qui ne demandent qu’à être vaincues. Le travail sur le son est impressionnant, tout comme le soin magnifique accordé à l’ambiance des décors qui prennent vie. La musique pleine d’ampleur d’Amine Bouhafa se marie merveilleusement à l’ensemble, suscite le frisson.
Les personnages, au-delà de leur caractère attachant, nous dévoilent chacun une vision de la montagne, une sensibilité par rapport à ce risque terrible qu’un alpiniste prend lorsqu’il part à l’aventure, devant la quasi-certitude qu’un jour il ne reviendra pas. A ce titre, le protagoniste dont on suit l’ascension, Habu, est parfait de mystère, d’intensité, de détermination. Il évolue aussi pour nous livrer ce qu’on appellera la morale de l’histoire, jamais assénée de manière lourde ou naïve.
Grâce à une direction artistique d’immense qualité, Le Sommet des Dieux dépasse son simple récit, pour toucher à une sensibilité supérieure. Avec quelques séquences fantasmatiques et oniriques, il illustre avec brio les démons des personnages, évoque le danger, la détresse, la violence de la montagne, avec une force qui laisse pantois.
En s’appuyant sur un trait à la frontière du manga et de la bande dessinée européenne version « ligne claire », comme l’aimait le regretté Taniguchi, le film nous amène là où l’on va rarement : à la recherche du sens de toutes nos décisions, de toutes nos entreprises. Le vertige guette, l’oxygène manque, mais chaque spectateur reviendra des cimes enneigées avec ce que le film lui aura permis de trouver au sommet. Une inspiration, une envie, un déclic. Ou simplement un beau moment de cinéma, au sommet des Dieux.
Thomas Bonicel (avoir-alire.com)

Cap ciné / Festival Télérama
vendredi 4 février 2022 à 20h45

Séance en audiodescription, sous-titrée en français présentée par Claire Lambry, de l'association Cinéma Parlant


LE SOMMET DES DIEUX

de Patrick Imbert

Film d'animation
FRANCE - 2021 - 1h30

D'après le manga de Jirô Taniguchi et Baku Yumemakura

A Katmandou, le reporter japonais Fukamachi croit reconnaître Habu Jôji, cet alpiniste que l'on pensait disparu depuis des années. Il semble tenir entre ses mains un appareil photo qui pourrait changer l'histoire de l'alpinisme. Et si George Mallory et Andrew Irvine étaient les premiers hommes à avoir atteint le sommet de l'Everest, le 8 juin 1924 ? Seul le petit Kodak Vest Pocket avec lequel ils devaient se photographier sur le toit du monde pourrait livrer la vérité. 70 ans plus tard, pour tenter de résoudre ce mystère, Fukamachi se lance sur les traces de Habu. Il découvre un monde de passionnés assoiffés de conquêtes impossibles et décide de l'accompagner jusqu'au voyage ultime vers le sommet des dieux.

A PROPOS

Il n’était pas évident de se lancer dans l’adaptation, en France, d’une œuvre japonaise aussi réputée. A l’origine, il existe un roman de Baku Yumemakura, jamais traduit en français. Puis l’adaptation de Jiro Taniguchi en bande dessinée voit le jour et connaît un immense succès en Europe, particulièrement en France.
L’animation se porte bien dans notre pays. Souvent variée et de qualité, elle voit arriver Le Sommet des Dieux comme une nouvelle pépite, aux niveaux de lecture multiples, qui sonne comme un appel à l’aventure autant qu’à la réflexion. Le film, avec poésie et délicatesse, parvient à livrer un discours très profond et développé sur la quête de sens et la recherche de l’inconnu.
Pourquoi aller se perdre dans la montagne ? Pourquoi risquer sa vie ? Après quoi court un alpiniste ? De manière bien plus universelle, que recherche-t-on lors d’un projet en apparence aussi vain ? Finalement, n’est-il pas possible de rapprocher la quête d’un sommet avec la création artistique ?
A toutes ces questions, Le Sommet des Dieux apporte des réponses, jamais trop vagues, jamais trop arrêtées. Ce film, c’est aussi de la poésie qui nous élève à la hauteur de montagnes hostiles, mais terriblement attirantes, recréant l’atmosphère des massifs à la perfection, avec le fracas des avalanches, le bruit de la roche sous nos pieds, ou encore celui du vent contre les parois verticales qui ne demandent qu’à être vaincues. Le travail sur le son est impressionnant, tout comme le soin magnifique accordé à l’ambiance des décors qui prennent vie. La musique pleine d’ampleur d’Amine Bouhafa se marie merveilleusement à l’ensemble, suscite le frisson.
Les personnages, au-delà de leur caractère attachant, nous dévoilent chacun une vision de la montagne, une sensibilité par rapport à ce risque terrible qu’un alpiniste prend lorsqu’il part à l’aventure, devant la quasi-certitude qu’un jour il ne reviendra pas. A ce titre, le protagoniste dont on suit l’ascension, Habu, est parfait de mystère, d’intensité, de détermination. Il évolue aussi pour nous livrer ce qu’on appellera la morale de l’histoire, jamais assénée de manière lourde ou naïve.
Grâce à une direction artistique d’immense qualité, Le Sommet des Dieux dépasse son simple récit, pour toucher à une sensibilité supérieure. Avec quelques séquences fantasmatiques et oniriques, il illustre avec brio les démons des personnages, évoque le danger, la détresse, la violence de la montagne, avec une force qui laisse pantois.
En s’appuyant sur un trait à la frontière du manga et de la bande dessinée européenne version « ligne claire », comme l’aimait le regretté Taniguchi, le film nous amène là où l’on va rarement : à la recherche du sens de toutes nos décisions, de toutes nos entreprises. Le vertige guette, l’oxygène manque, mais chaque spectateur reviendra des cimes enneigées avec ce que le film lui aura permis de trouver au sommet. Une inspiration, une envie, un déclic. Ou simplement un beau moment de cinéma, au sommet des Dieux.
Thomas Bonicel (avoir-alire.com)