FILMMAKERS - Julie Gayet & Mathieu Busson

A PROPOS

Dans le documentaire, ce qui frappe, ce sont les paroles de ces femmes aux cultures et pays différents qui résonnent dans le même sens. Elles relatent toutes les mêmes difficultés à se faire accepter en tant que réalisatrices de films.
Cela commence d’abord par un entourage familial qui rejette l’idée qu’une femme puisse exercer dans ce milieu. Il est par exemple très mal vu en Afrique ou en Inde qu’une femme passe derrière la caméra. On considère que ce n’est pas sa place.
La désapprobation de la famille passée, la réalisatrice en devenir va alors devoir se battre avec la misogynie du milieu du cinéma. Sa créativité et son professionnalisme sont mis à l’épreuve. On questionnera toujours sa crédibilité.
Cela peut commencer dès les bancs des écoles de cinéma comme le relate la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner. Elle se souvient de remarques misogynes de certains de ses professeurs lors de cours sur la technique de la caméra.
Un peu plus tard, c’est le regard de la société qu’il faut affronter. Comment être mère de famille, s’occuper d’un foyer et être réalisatrice de films en même temps ? A ce sujet, la réalisatrice espagnole Isabel Coixet relate une anecdote amusante : lors d’un tournage sur une plateforme pétrolière, son téléphone portable sonne. Au bout du fil son mari qui, paniqué, lui explique que le lave-linge est tombé en panne !
Plus sérieusement, il faut aussi se confronter à la difficulté de recevoir des financements pour monter son film. Financements qui sont souvent plus difficilement accordés qu’à un homme.
La misogynie ne s’arrête pas là. Même quand une femme réussit à lancer la production de son film, il peut lui rester à convaincre les membres mêmes de son équipe de tournage. Le témoignage de la réalisatrice indoue Farah Khan est édifiant. Elle nous explique que, lors du tournage d’un de ses films, elle a dû prendre à part un membre de l’équipe qui l’ignorait et ne parlait qu’à son frère. « C’est moi la réalisatrice », a-t-elle dû lui rappeler.
Julie Gayet a rappelé qu’en France les femmes ne s’en sortent pas si mal : « on a 27% de femmes réalisatrices ». Cela semble peu mais c’est un taux important comparé aux autres pays.
Pour elle, le dénominateur commun de toutes ces réalisatrices c’est l’audace qu’elles ont eu à un moment donné pour s’autoriser à devenir ce qu’elles sont et de vivre de leurs passions.
Braver les regards, les cultures, la pression familiale, la misogynie et se relever en tant que réalisatrice à part entière pour raconter des histoires et montrer le monde à travers son propre regard.
Le combat des réalisatrices à exister résonne bien sûr avec celui des actrices du monde entier qui se battent pour que leur parole soit entendue et respectée. Les actrices s’unissent pour que les femmes aient une place à part entière auprès des hommes et des actrices comme Nicole Kidman ou Jessica Chastaing se sont plusieurs fois exprimées à ce sujet pour la défense et la reconnaissance de la femme dans l’industrie du cinéma.
Sur une note plus gaie et optimiste, « FilmmakErs » se termine par le témoignage de la regrettée Agnès Varda et pour elle pas de doute : « c’est en filmant qu’on devient filmeronne… » !

Karina Bordier (www.fragil.org)

Soirée rencontre
jeudi 10 décembre 2020 à 20h00

en présence de Julie Gayet, co-réalisatrice


FILMMAKERS

de Julie Gayet & Mathieu Busson

Documentaire
FRANCE - 2020 - 1h06

Est-il plus difficile pour une femme de réaliser ? De trouver les financements ? D’être respectée par son équipe ? Son regard est-il différent ? Le cinéma a-t-il un sexe ? Ces questions, terriblement dans l’air du temps, nous les avions posées à 20 réalisatrices puis à 20 réalisateurs en France, à travers deux documentaires. Mais, depuis longtemps, il nous brûlait d’élargir nos frontières, pour interroger les cinéastes femmes à travers le monde. C’est chose faite aujourd’hui, et de l’Asie à l’Afrique en passant par l’Europe, toutes celles que nous avons rencontrées ont joué le jeu face à notre caméra. Toutes drôles, sincères, investies, concernées, toutes cherchant les meilleurs moyens d’exister dans un milieu régi de tout temps par les hommes.  Toutes FilmmakErs, et témoins vivantes des dysfonctionnements toujours prégnant dans l’industrie du cinéma.
https://www.rouge-distribution.com/2020/06/19/filmmakers.html

A PROPOS

Dans le documentaire, ce qui frappe, ce sont les paroles de ces femmes aux cultures et pays différents qui résonnent dans le même sens. Elles relatent toutes les mêmes difficultés à se faire accepter en tant que réalisatrices de films.
Cela commence d’abord par un entourage familial qui rejette l’idée qu’une femme puisse exercer dans ce milieu. Il est par exemple très mal vu en Afrique ou en Inde qu’une femme passe derrière la caméra. On considère que ce n’est pas sa place.
La désapprobation de la famille passée, la réalisatrice en devenir va alors devoir se battre avec la misogynie du milieu du cinéma. Sa créativité et son professionnalisme sont mis à l’épreuve. On questionnera toujours sa crédibilité.
Cela peut commencer dès les bancs des écoles de cinéma comme le relate la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner. Elle se souvient de remarques misogynes de certains de ses professeurs lors de cours sur la technique de la caméra.
Un peu plus tard, c’est le regard de la société qu’il faut affronter. Comment être mère de famille, s’occuper d’un foyer et être réalisatrice de films en même temps ? A ce sujet, la réalisatrice espagnole Isabel Coixet relate une anecdote amusante : lors d’un tournage sur une plateforme pétrolière, son téléphone portable sonne. Au bout du fil son mari qui, paniqué, lui explique que le lave-linge est tombé en panne !
Plus sérieusement, il faut aussi se confronter à la difficulté de recevoir des financements pour monter son film. Financements qui sont souvent plus difficilement accordés qu’à un homme.
La misogynie ne s’arrête pas là. Même quand une femme réussit à lancer la production de son film, il peut lui rester à convaincre les membres mêmes de son équipe de tournage. Le témoignage de la réalisatrice indoue Farah Khan est édifiant. Elle nous explique que, lors du tournage d’un de ses films, elle a dû prendre à part un membre de l’équipe qui l’ignorait et ne parlait qu’à son frère. « C’est moi la réalisatrice », a-t-elle dû lui rappeler.
Julie Gayet a rappelé qu’en France les femmes ne s’en sortent pas si mal : « on a 27% de femmes réalisatrices ». Cela semble peu mais c’est un taux important comparé aux autres pays.
Pour elle, le dénominateur commun de toutes ces réalisatrices c’est l’audace qu’elles ont eu à un moment donné pour s’autoriser à devenir ce qu’elles sont et de vivre de leurs passions.
Braver les regards, les cultures, la pression familiale, la misogynie et se relever en tant que réalisatrice à part entière pour raconter des histoires et montrer le monde à travers son propre regard.
Le combat des réalisatrices à exister résonne bien sûr avec celui des actrices du monde entier qui se battent pour que leur parole soit entendue et respectée. Les actrices s’unissent pour que les femmes aient une place à part entière auprès des hommes et des actrices comme Nicole Kidman ou Jessica Chastaing se sont plusieurs fois exprimées à ce sujet pour la défense et la reconnaissance de la femme dans l’industrie du cinéma.
Sur une note plus gaie et optimiste, « FilmmakErs » se termine par le témoignage de la regrettée Agnès Varda et pour elle pas de doute : « c’est en filmant qu’on devient filmeronne… » !

Karina Bordier (www.fragil.org)