ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

GUERRE ET PAIX - GUERRE ET PAIX - L' INTÉGRALE - 2024-05-12

GUERRE ET PAIX - L' INTÉGRALE - dimanche 12 mai à 10h45

GUERRE ET PAIX de Sergueï Bondartchouk

CASINO - Plans Cultes - 2024-05-14

Plans Cultes - mardi 14 mai à 20h00

CASINO de Martin Scorsese

LE DEUXIÈME ACTE - Avant-première - 2024-05-14

Avant-première - mardi 14 mai à 20h00

LE DEUXIÈME ACTE de Quentin Dupieux

LE DEUXIÈME ACTE - Ciné Cosy - 2024-05-17

Ciné Cosy - vendredi 17 mai à 13h15

LE DEUXIÈME ACTE de Quentin Dupieux

LES CHOSES HUMAINES - Soirée Rencontre - 2024-05-21

Soirée Rencontre - mardi 21 mai à 20h00

LES CHOSES HUMAINES de Yvan Attal

ANGERS, TEXAS : TEN YEARS AFTER - Festival Levitation - 2024-05-25

Festival Levitation - samedi 25 mai à 11h00

ANGERS, TEXAS : TEN YEARS AFTER de Antony Bou

NOS QUARTIERS ONT DE LA GUEULE ! - Ciné Doc - 2024-05-28

Ciné Doc - mardi 28 mai à 20h00

NOS QUARTIERS ONT DE LA GUEULE ! de Mohand Koroghli

LA MÈRE DE TOUS LES MENSONGES - Ciné Doc - 2024-05-28

Ciné Doc - mardi 28 mai à 20h00

LA MÈRE DE TOUS LES MENSONGES de Asmae El Moudir

POURQUOI TU SOURIS ? - Avant-Première / Rencontre - 2024-06-03

Avant-Première / Rencontre - lundi 03 juin à 20h00

POURQUOI TU SOURIS ? de Christine Paillard & Chad Chenouga

20 JOURS A MARIOUPOL - Ciné Doc - 2024-06-04

Ciné Doc - mardi 04 juin à 20h00

20 JOURS A MARIOUPOL de Mstyslav Tchernov

A L'ABORDAGE ! - Guillaume Brac

A PROPOS

C’est avec le moyen métrage, Un monde sans femmes en 2011 que s’imposaient sur grand écran tout à la fois son réalisateur, Guillaume Brac et ses deux interprètes : Laure Calamy et Vincent Macaigne. Avec ce film, Brac, passé par HEC puis la Femis, utilisait des motifs (le bord de mer, les vacances, les rencontres amoureuses...) qui le plaçaient d’emblée sur un territoire bien spécifique du cinéma d’auteur français dont Jacques Rozier et Eric Rohmer seraient les totems. Un cinéma ludique, vivifiant où les rapports de forces entre des personnages redistribuent en permanence l’énergie du récit. Brac a depuis signé Tonnerre (thriller ombrageux avec Macaigne et Bernard Ménez) puis Contes de Juillet et L’île au trésor. Voici donc A l’abordage ! qui poursuit sa trajectoire festivalière après la Berlinale en février, il est passé par le Champs-Elysées Film Festival et le Festival du Film Romantique de Cabourg. Sous son injonction « pirate », cet abordage raconte la trajectoire de deux compères parisiens, Félix et Chérif, qui pour l’amour d’une jeune fille décident de traverser la France. Pluie, bitume, co-voiturage, panne, camping, rivière, soleil et baignade...

A l’abordage séduit immédiatement par sa fraîcheur. Pas de name dropping ici, que des nouvelles têtes (toutes issues du Conservatoire National Supérieur d’Art dramatique avec lequel Brac a organisé des ateliers) et une manière d’appréhender le jeu sans calcul, ni pose. Dans un cinéma français ultra cartographié, les terres vierges sont trop peu nombreuses. Cet « abordage », c’est donc d’abord celui-là, la conquête d’un espace où les objets, les choses et les corps, dévoilent quelque chose d’inédit d’où émane inévitablement une pureté sauvage. Le mot « conquête » n’est pas à prendre dans son acceptation guerrière, mais dans ce désir constant et profondément touchant d’aller vers l’autre. Aborder, c’est-à-dire accoster, prémices d’un échange, d'une relation.  

Félix, le protagoniste n’a d’ailleurs soif que de rencontres. C’est un corps en mouvement, intrépide, tout entier tourné vers les autres, qui se découvre dès les premières minutes du film. Cette énergie charnelle lance le récit et permet l’aventure. Il part ainsi sur un coup de coeur rejoindre par surprise l’être aimé à l’autre bout de la France. Félix entraîne son ami Chérif. Ce dernier peut se voir comme son parfait contretype (rond, prudent, ralenti...) A ce duo va s’adjoindre, un troisième larron, croisé presque par hasard, sorte de clown angoissé et maladroit. A partir de ces caractères à priori désaccordés, Brac va construire un émouvant voyage où les audaces des uns incitent les craintifs à s’élancer à leur tour. Les vacances permettent ces assauts répétés où l’horizon a le temps de s’éclaircir pour peu qu’on ose le contact.

Brac n’est pas Kechiche. Il ne cherche pas à sonder jusqu’à épuisement la fièvre qui régit les corps entre eux. Il est plus chaste, c’est un observateur qui intervient très peu – du moins ne revendique rien - à l’opposé de l’auteur de Mektoub, My love : Canto Uno, dont on sent en permanence le désir irrépressible de pénétrer le cadre pour tout embraser. On retrouve cependant, chez l’un et l’autre, cette façon d’interroger la société à travers un brassage social qui dessine en creux le visage d’une France encore prisonnière de ses préjugés. Des individus que rien ou presque ne prédestinaient à se rencontrer, trouvent un point d’accroche sans avoir de compte à rendre à personne. Et surtout pas au film lui-même, délimité par des frontières que les cinéastes ont voulu perméables. Tout est naturel. La nature environnante, omniprésente, reste indomptée même si les hommes ont tenté de la posséder. Elle seule est souveraine. L’eau de la rivière comme de mer, purifie les corps, les englobe dans toute leur grâce éphémère et primordiale. A l’abordage, donc. Après des mois de confinement forcé, il convient en effet, plus que jamais, de se jeter à l’eau.

Thomas Baurez (Première)

Avant-première / Les ateliers d'Angers
vendredi 28 août 2020 à 20h30

en présence de Guillaume Brac, réalisateur

À l’abordage ! été sélectionné cette année au Festival de Berlin. Guillaume Brac est venu à plusieurs reprises à Angers, présenter ses courts métrages Le Naufragé (2010) et Un monde sans femmes (2012) et son premier long métrage Tonnerre (2014).

Soirée organisée dans le cadre des Ateliers d'Angers en collaboration avec l'association "Premiers Plans"


A L'ABORDAGE !

de Guillaume Brac

avec Éric Nantchouang, Salif Cissé, Édouard Sulpice
FRANCE - 2020 - 1h35

Paris, un soir au mois d'août. Un garçon rencontre une fille. Ils ont le même âge, mais n'appartiennent pas au même monde. Félix travaille, Alma part en vacances le lendemain. Qu'à cela ne tienne. Félix décide de rejoindre Alma à l'autre bout de la France. Par surprise. Il embarque son ami Chérif, parce qu'à deux c'est plus drôle. Et comme ils n'ont pas de voiture, ils font le voyage avec Edouard. Evidemment, rien ne se passe comme prévu. Peut-il en être autrement quand on prend ses rêves pour la réalité ?
            

A PROPOS

C’est avec le moyen métrage, Un monde sans femmes en 2011 que s’imposaient sur grand écran tout à la fois son réalisateur, Guillaume Brac et ses deux interprètes : Laure Calamy et Vincent Macaigne. Avec ce film, Brac, passé par HEC puis la Femis, utilisait des motifs (le bord de mer, les vacances, les rencontres amoureuses...) qui le plaçaient d’emblée sur un territoire bien spécifique du cinéma d’auteur français dont Jacques Rozier et Eric Rohmer seraient les totems. Un cinéma ludique, vivifiant où les rapports de forces entre des personnages redistribuent en permanence l’énergie du récit. Brac a depuis signé Tonnerre (thriller ombrageux avec Macaigne et Bernard Ménez) puis Contes de Juillet et L’île au trésor. Voici donc A l’abordage ! qui poursuit sa trajectoire festivalière après la Berlinale en février, il est passé par le Champs-Elysées Film Festival et le Festival du Film Romantique de Cabourg. Sous son injonction « pirate », cet abordage raconte la trajectoire de deux compères parisiens, Félix et Chérif, qui pour l’amour d’une jeune fille décident de traverser la France. Pluie, bitume, co-voiturage, panne, camping, rivière, soleil et baignade...

A l’abordage séduit immédiatement par sa fraîcheur. Pas de name dropping ici, que des nouvelles têtes (toutes issues du Conservatoire National Supérieur d’Art dramatique avec lequel Brac a organisé des ateliers) et une manière d’appréhender le jeu sans calcul, ni pose. Dans un cinéma français ultra cartographié, les terres vierges sont trop peu nombreuses. Cet « abordage », c’est donc d’abord celui-là, la conquête d’un espace où les objets, les choses et les corps, dévoilent quelque chose d’inédit d’où émane inévitablement une pureté sauvage. Le mot « conquête » n’est pas à prendre dans son acceptation guerrière, mais dans ce désir constant et profondément touchant d’aller vers l’autre. Aborder, c’est-à-dire accoster, prémices d’un échange, d'une relation.  

Félix, le protagoniste n’a d’ailleurs soif que de rencontres. C’est un corps en mouvement, intrépide, tout entier tourné vers les autres, qui se découvre dès les premières minutes du film. Cette énergie charnelle lance le récit et permet l’aventure. Il part ainsi sur un coup de coeur rejoindre par surprise l’être aimé à l’autre bout de la France. Félix entraîne son ami Chérif. Ce dernier peut se voir comme son parfait contretype (rond, prudent, ralenti...) A ce duo va s’adjoindre, un troisième larron, croisé presque par hasard, sorte de clown angoissé et maladroit. A partir de ces caractères à priori désaccordés, Brac va construire un émouvant voyage où les audaces des uns incitent les craintifs à s’élancer à leur tour. Les vacances permettent ces assauts répétés où l’horizon a le temps de s’éclaircir pour peu qu’on ose le contact.

Brac n’est pas Kechiche. Il ne cherche pas à sonder jusqu’à épuisement la fièvre qui régit les corps entre eux. Il est plus chaste, c’est un observateur qui intervient très peu – du moins ne revendique rien - à l’opposé de l’auteur de Mektoub, My love : Canto Uno, dont on sent en permanence le désir irrépressible de pénétrer le cadre pour tout embraser. On retrouve cependant, chez l’un et l’autre, cette façon d’interroger la société à travers un brassage social qui dessine en creux le visage d’une France encore prisonnière de ses préjugés. Des individus que rien ou presque ne prédestinaient à se rencontrer, trouvent un point d’accroche sans avoir de compte à rendre à personne. Et surtout pas au film lui-même, délimité par des frontières que les cinéastes ont voulu perméables. Tout est naturel. La nature environnante, omniprésente, reste indomptée même si les hommes ont tenté de la posséder. Elle seule est souveraine. L’eau de la rivière comme de mer, purifie les corps, les englobe dans toute leur grâce éphémère et primordiale. A l’abordage, donc. Après des mois de confinement forcé, il convient en effet, plus que jamais, de se jeter à l’eau.

Thomas Baurez (Première)