ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
Il y a deux mouvements dans l’œuvre de Renoir, aussi distincts que complémentaires.
En schématisant, le premier serait composé de films tels que La Chienne ou Boudu : la noirceur des sentiments, le cynisme voire le pessimisme prennent le dessus. Dans le second mouvement figureraient les films qui ressembleraient à priori le plus à Renoir, à savoir philanthrope et profondément humaniste au sens strict du terme (mettre l’homme au-dessus de tout) : La Grande illusion ; Vivre Libre.
La Bête humaine est un film passionnant car il est à l’embouchure des deux axes précités. Dans les films de la première catégorie, si le Mal ne faisait que côtoyer le Bien, dans La Bête humaine, il le contamine progressivement. Le "positif" et "le négatif" finissant par se mêler et se confondre.
La maladie de Jean Gabin qui le ronge ou son impossibilité progressive d’aimer sont autant d’indices de ce mal (littéralement la bête humaine du film) prenant le dessus sur le bien.
C’est dans ce sens que vont les plus belles scènes du film : les fois où Simone Simon et Jean Gabin s’enlacent, croisent leurs regards et finissent par regarder dans la même direction : Regard commun appuyé par un mince filet de lumière.
C’est cet aspect inédit du cinéma de Renoir qui rend La Bête humaine précieux.
Le générique du film annonce un film inspiré de l’œuvre de Zola.
Inspiré est bien le mot qui convient. Certaines sources affirment que Renoir avait lu le livre jeune et qu’il ne voulait pas le relire de peur d’être influencé dans son travail.
D’autres disent qu’il aurait lu le livre juste avant le tournage.
Quelle que soit la vérité, il est évident que le film perd en noirceur et en pessimisme "Zolaïen" ce qu’il gagne en humanisme, et par ce biais en beauté. Comme si le film ne s’était bâti que sur des bribes de mémoire, de souvenirs et que le cinéaste n’en avait retenu que ce qu’il jugeait bon, émouvant et intéressant.
A la fois peinture sociale d’une époque, oeuvre moderne de par son sujet et son traitement, La Bête humaine est tout simplement un film indispensable, "à recommander fortement" comme l’indique la bande-annonce du film de l’époque.
Leopold Saroyan (DVD Classik)
Ciné classique
dimanche 12 janvier
2014 à 18h00
présenté par Jean-Pierre Bleys, spécialiste en histoire du cinéma
LA BÊTE HUMAINE
de Jean Renoir
avec Jean Gabin, Simone Simon, Fernand Ledoux
France - 19h38 - 1h40 - Version restaurée et numérisée
Témoin d’un meurtre commis par Roubaud, chef de gare au Havre, Jacques Lantier, mécanicien de locomotive, devient l’amant de Séverine, la femme de l’assassin. Ce secret les rapproche et Séverine incite Lantier à tuer Roubaud qu’elle déteste. Mais Lantier souffre d’un terrible mal qui l’empêche de vivre ses passions amoureuses...
A PROPOS
Il y a deux mouvements dans l’œuvre de Renoir, aussi distincts que complémentaires.
En schématisant, le premier serait composé de films tels que La Chienne ou Boudu : la noirceur des sentiments, le cynisme voire le pessimisme prennent le dessus. Dans le second mouvement figureraient les films qui ressembleraient à priori le plus à Renoir, à savoir philanthrope et profondément humaniste au sens strict du terme (mettre l’homme au-dessus de tout) : La Grande illusion ; Vivre Libre.
La Bête humaine est un film passionnant car il est à l’embouchure des deux axes précités. Dans les films de la première catégorie, si le Mal ne faisait que côtoyer le Bien, dans La Bête humaine, il le contamine progressivement. Le "positif" et "le négatif" finissant par se mêler et se confondre.
La maladie de Jean Gabin qui le ronge ou son impossibilité progressive d’aimer sont autant d’indices de ce mal (littéralement la bête humaine du film) prenant le dessus sur le bien.
C’est dans ce sens que vont les plus belles scènes du film : les fois où Simone Simon et Jean Gabin s’enlacent, croisent leurs regards et finissent par regarder dans la même direction : Regard commun appuyé par un mince filet de lumière.
C’est cet aspect inédit du cinéma de Renoir qui rend La Bête humaine précieux.
Le générique du film annonce un film inspiré de l’œuvre de Zola.
Inspiré est bien le mot qui convient. Certaines sources affirment que Renoir avait lu le livre jeune et qu’il ne voulait pas le relire de peur d’être influencé dans son travail.
D’autres disent qu’il aurait lu le livre juste avant le tournage.
Quelle que soit la vérité, il est évident que le film perd en noirceur et en pessimisme "Zolaïen" ce qu’il gagne en humanisme, et par ce biais en beauté. Comme si le film ne s’était bâti que sur des bribes de mémoire, de souvenirs et que le cinéaste n’en avait retenu que ce qu’il jugeait bon, émouvant et intéressant.
A la fois peinture sociale d’une époque, oeuvre moderne de par son sujet et son traitement, La Bête humaine est tout simplement un film indispensable, "à recommander fortement" comme l’indique la bande-annonce du film de l’époque.
Leopold Saroyan (DVD Classik)