EO - Jerzy Skolimowski

A PROPOS

Dix ans après son dernier film, 11 minutes, le polonais Jerzy Skolimowski< revient en compétition cannoise avec un projet qui a tout pour intriguer cinéphiles et festivaliers. Son nouveau-né, EO, a en effet été annoncé comme une relecture contemporaine d’Au hasard Balthazar, classique parmi les classiques, signé Robert Bresson. Fervent admirateur de l’homme derrière Pickpocket et Journal d’un curé de campagne, Skolimowski louait il y a quelques années l’approche « dénuée de tout sentimentalisme » de Bresson, tout en confessant qu’Au Hasard Balthazar demeurait « le seul film qui [l’]ait vraiment ému, profondément touché ». EO se veut alors tout autant hommage que réinterprétation moderne. Après tout, l’œuvre originelle réservait son lot de thématiques universelles, qu’on imagine assez aisément transposées dans le monde de 2022…
Le rôle principal est donc de nouveau dévolu à un âne, EO, dont le spectateur suit le parcours sur les routes de Pologne, au gré de ses rencontres avec différents personnages. A la différence du film de Bresson qui faisait du quadrupède le témoin mutique des changements sociétaux alors en marche dans la France des années 60, Skolimowski adopte un regard spécifiquement centré son héros à 4 pattes, faisant de l’âne, et plus globalement de l’espèce animale, le véritable sujet du film. ?EO (dont la prononciation polonaise est l’équivalent du Hi-Han français) est un âne de cirque qu’une jeune artiste – lointain écho personnage d’Anne Wiazemsky dans Au Hasard Balthazar – tente de protéger au mieux des maltraitances infligées par le reste de la troupe. Très vite évincé de son lieu de vie, EO n’aura de cesse que de vouloir retrouver la seule personne lui ayant témoigné un tant soit peu d’affection. Et en dépit de rares caresses glanées sur son passage, l’animal se retrouvera la plupart du temps confronté uniquement aux pires bassesses de l’être human.
Le rapport d’annihilation qu’entretient l’homme à la nature et à la faune est évidemment au cœur du récit. Représentant d’un monde animal exploité et sacrifié, EO est le témoin d’une violence humaine gratuite et totalement absurde à son égard et celle de ses congénères. Si un tel discours ne révolutionne rien en soit, il permet malgré tout au réalisateur d’offrir une variation de regard plutôt pertinente sur les maux qui animent les consciences au XXIème siècle, surtout lorsqu’on les place en comparaison des problématiques soulevées par Bresson il y a plus de cinquante ans.
Pour traiter son sujet, Skolimowski multiplie les audaces et expérimentations visuelles, prenant constamment son spectateur de revers avec de nouvelles idées de cinéma toutes les cinq minutes. D’une peinture faussement naturaliste de la campagne polonaise à des élans malickiens pour filmer la nature, le long métrage propose quantité d’images fortes et fulgurances (à la fois visuelles, sonores et musicales) et n’hésite jamais à opérer des ruptures de ton pour faire avancer son récit vers des contrées inconnues. On sent que les travaux en peinture sur lesquels le cinéaste s’est concentré ces dix dernières années ont considérablement influencé la gestation de EO. Ainsi, le film se permet de glisser sans crier gare dans une pure imagerie de conte horrifique lors d’une escapade nocturne en forêt, avant de basculer dans des visions de terreur stroboscopique sous acide qui prennent subitement le spectateur à la gorge et aux tripes.
Fable animiste, conte métaphysique et cauchemar onirique, EO est un peu tout cela à fois. C’est avant tout une expérience de cinéma hallucinée et hallucinante dans laquelle Skolimowski démontre une vivacité cinématographique rare, sur une durée ultra resserrée d’une heure vingt-six ! Un trip viscéral, immersif et total qui ne trouve que peu d’équivalent dans le paysage cinématographique actuel, et qui par conséquent fait un bien fou.
Antoine Rousseau (lebleudumiroir.fr)

Avant-première
vendredi 26 août 2022 à 20h00

La présentation par Claude-Eric Poiroux, fondateur et exploitant des 400 coups.

Soirée organisée en partenariat avec le Festival Premiers Plans


EO

de Jerzy Skolimowski

avec Sandra Drzymalska, Isabelle Huppert, Lorenzo Zurzolo
POLOGNE - 2022 - 1h26 - VOST - Prix du Jury Cannes 2022

Le monde est un lieu mystérieux, surtout vu à travers les yeux d'un animal. Sur son chemin, EO, un âne gris aux yeux mélancoliques, rencontre des gens bien et d'autres mauvais et fait l'expérience de la joie et de la peine, mais jamais, à aucun instant, il ne perd son innocence. .

http://www.arpselection.com/category/prochainement/eo--516.html#team

A PROPOS

Dix ans après son dernier film, 11 minutes, le polonais Jerzy Skolimowski< revient en compétition cannoise avec un projet qui a tout pour intriguer cinéphiles et festivaliers. Son nouveau-né, EO, a en effet été annoncé comme une relecture contemporaine d’Au hasard Balthazar, classique parmi les classiques, signé Robert Bresson. Fervent admirateur de l’homme derrière Pickpocket et Journal d’un curé de campagne, Skolimowski louait il y a quelques années l’approche « dénuée de tout sentimentalisme » de Bresson, tout en confessant qu’Au Hasard Balthazar demeurait « le seul film qui [l’]ait vraiment ému, profondément touché ». EO se veut alors tout autant hommage que réinterprétation moderne. Après tout, l’œuvre originelle réservait son lot de thématiques universelles, qu’on imagine assez aisément transposées dans le monde de 2022…
Le rôle principal est donc de nouveau dévolu à un âne, EO, dont le spectateur suit le parcours sur les routes de Pologne, au gré de ses rencontres avec différents personnages. A la différence du film de Bresson qui faisait du quadrupède le témoin mutique des changements sociétaux alors en marche dans la France des années 60, Skolimowski adopte un regard spécifiquement centré son héros à 4 pattes, faisant de l’âne, et plus globalement de l’espèce animale, le véritable sujet du film. ?EO (dont la prononciation polonaise est l’équivalent du Hi-Han français) est un âne de cirque qu’une jeune artiste – lointain écho personnage d’Anne Wiazemsky dans Au Hasard Balthazar – tente de protéger au mieux des maltraitances infligées par le reste de la troupe. Très vite évincé de son lieu de vie, EO n’aura de cesse que de vouloir retrouver la seule personne lui ayant témoigné un tant soit peu d’affection. Et en dépit de rares caresses glanées sur son passage, l’animal se retrouvera la plupart du temps confronté uniquement aux pires bassesses de l’être human.
Le rapport d’annihilation qu’entretient l’homme à la nature et à la faune est évidemment au cœur du récit. Représentant d’un monde animal exploité et sacrifié, EO est le témoin d’une violence humaine gratuite et totalement absurde à son égard et celle de ses congénères. Si un tel discours ne révolutionne rien en soit, il permet malgré tout au réalisateur d’offrir une variation de regard plutôt pertinente sur les maux qui animent les consciences au XXIème siècle, surtout lorsqu’on les place en comparaison des problématiques soulevées par Bresson il y a plus de cinquante ans.
Pour traiter son sujet, Skolimowski multiplie les audaces et expérimentations visuelles, prenant constamment son spectateur de revers avec de nouvelles idées de cinéma toutes les cinq minutes. D’une peinture faussement naturaliste de la campagne polonaise à des élans malickiens pour filmer la nature, le long métrage propose quantité d’images fortes et fulgurances (à la fois visuelles, sonores et musicales) et n’hésite jamais à opérer des ruptures de ton pour faire avancer son récit vers des contrées inconnues. On sent que les travaux en peinture sur lesquels le cinéaste s’est concentré ces dix dernières années ont considérablement influencé la gestation de EO. Ainsi, le film se permet de glisser sans crier gare dans une pure imagerie de conte horrifique lors d’une escapade nocturne en forêt, avant de basculer dans des visions de terreur stroboscopique sous acide qui prennent subitement le spectateur à la gorge et aux tripes.
Fable animiste, conte métaphysique et cauchemar onirique, EO est un peu tout cela à fois. C’est avant tout une expérience de cinéma hallucinée et hallucinante dans laquelle Skolimowski démontre une vivacité cinématographique rare, sur une durée ultra resserrée d’une heure vingt-six ! Un trip viscéral, immersif et total qui ne trouve que peu d’équivalent dans le paysage cinématographique actuel, et qui par conséquent fait un bien fou.
Antoine Rousseau (lebleudumiroir.fr)