ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

LE SILENCE DES AGNEAUX - Plans Cultes - 2025-05-06

Plans Cultes - mardi 06 mai à 19h45

LE SILENCE DES AGNEAUX de Jonathan Demme

SEVEN de David Fincher

PARTIR UN JOUR - Avant Première - 2025-05-13

Avant Première - mardi 13 mai à 20h00

PARTIR UN JOUR de Amélie Bonnin

PARTIR UN JOUR - Ciné Cosy - 2025-05-16

Ciné Cosy - vendredi 16 mai à 13h15

PARTIR UN JOUR de Amélie Bonnin

LE CADEAU - Festival Cinémas d'Afrique - 2025-05-17

Festival Cinémas d'Afrique - samedi 17 mai à 10h45

LE CADEAU de Ismaël Diallo

PEAU DE COLLE de Kaouther Ben Hania

UN MÉDECIN POUR LA PAIX - Ciné Doc - 2025-05-19

Ciné Doc - lundi 19 mai à 20h00

UN MÉDECIN POUR LA PAIX de Tal Barda

TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ - Ciné Doc - 2025-05-21

Ciné Doc - mercredi 21 mai à 17h00

TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ de Laura Poitras

GOSSES DE TOKYO - Ciné concert - 2025-05-28

Ciné concert - mercredi 28 mai à 20h00

GOSSES DE TOKYO de Yasujiro Ozu

LA CHANCE SOURIT A MADAME NIKUKO - Ciné Manga - 2025-06-02

Ciné Manga - lundi 02 juin à 20h15

LA CHANCE SOURIT A MADAME NIKUKO de Ayumu Watanabe

USUAL SUSPECTS - Bryan Singer

A PROPOS

I l n'y a pas de hasard : ce serait trop beau. Il n'y a pas de hasard : ce serait trop facile. On croit faire ce que l'on veut, on s'imagine être libre de ses actes. Et puis, l'on se retrouve, fait aux pattes, piégé dans une histoire qui n'a pas de sens et qui devient encore pire dès qu'on cherche à lui en trouver un. Ils sont cinq. Cinq petits gangsters, ramassés par la police pour un détournement d'un camion d'armes qu'ils n'ont pas commis. Le plus barge, c'est sûrement McManus (Stephen Baldwin), qui travaille ­ et vit, peut-être ­ avec Fenster (Benicio del Toro). Un élégant, vaguement dédaigneux, qui parle un sabir amerloque que personne ne comprend. Parmi les cinq, Hockney (Kevin Pollak) : lui n'en a vraiment rien à foutre, mais vraiment rien de rien, de ce qui lui arrive. Capable de résister indéfiniment à des flics qui lui cognent dessus, par habitude plus que par enthousiasme, puisqu'ils savent qu'ils ne tireront rien de lui. Il y a aussi Kint le boiteux (Kevin Spacey), surnommé « Verbal » parce qu'il n'en finit jamais de parler trop. La preuve : c'est lui qui sera le narrateur de cette histoire... Et puis, le dernier, mais pas le moindre, Keaton (Gabriel Byrne). Le plus étonnant, le plus mystérieux de tous. Un ex-flic devenu ripou, considéré comme mort depuis des mois et qui vient de réapparaître, amoureux de son avocate et bien décidé à devenir honnête. Honnête ! Tu parles ! Encore une foutaise, comme le hasard. Ou comme l'idée idiote que tu aurais la liberté de choisir ton destin ! A partir du moment où il se retrouve en compagnie des quatre autres, là, dans ce commissariat où la fatalité l'a amené, son sort est jeté. Keaton sera prisonnier ­ à moins qu'il n'en soit l'instigateur, qui sait ? ­ d'une machination parfaite dont personne ne sortira vivant. Sauf un. Keyser Sösé. Drôle de nom. Drôle de type. Mais ce nom et ce type font frissonner. Qui est-il ? Nul ne le sait. Où se cache-t-il ? Impossible de le savoir. Peut-être se dissimule-t-il sous l'identité de McManus ou de Keaton : il en serait bien capable ! A moins qu'il n'observe, invisible mais omniprésent, les cinq gangsters qu'il a réunis, pour mieux leur faire accomplir une de ces terribles vengeances dont il a le secret. De folles légendes courent sur son compte : jadis, dans sa Hongrie natale, il aurait préféré exterminer sa famille plutôt que de céder au chantage de trafiquants rivaux. Aujourd'hui, il semble diriger tous les trafics de drogue et d'armes de la planète. Ou presque. Certains le considèrent comme un vrai génie du crime moderne. D'autres ne voient dans ce Fantômas qu'un fantôme, une de ces légendes que se racontent les bandits, le soir, à la veillée, pour hurler de peur... Vous vous souvenez de Françoise Rosay (madame Molyneux), dans Drôle de drame, après l'arrestation de son mari ? Outrée, elle entendait de braves parents menacer ainsi leurs enfants : « Si tu ne manges pas ta soupe, le Molyneux viendra et il t'emportera ! » Sauf que Keyser Sösé, malheureusement pour les héros de Usual Suspects, semble bien réel et nettement plus cruel que le pauvre Michel Simon dans le film de Carné. Keyser Sösé, c'est le Mal à l'état pur. Pur, au sens le plus noble du terme. A savoir épuré. Tranquille. Sûr de lui. Invulnérable. Ce qui est fascinant, chez Bryan Singer, c'est qu'à l'image de son héros il avance masqué. Son scénario ressemble à des poupées russes qui révéleraient un piège, puis un autre, encore un, puis, enfin, le dernier, dont on ne se méfierait pas ­ il est si petit ! ­, mais qui, celui-là, vous explose à la gueule. Constamment, tout se dérobe. On va de chausse-trape en chausse-trape. Ce que l'on croyait vrai l'instant d'avant devient doute l'instant d'après. On navigue entre un être diabolique, mais invisible, un flic vivant que l'on croyait mort et une cargaison de drogue qui ne sera qu'un mirage de plus Comme dans tous les grands romans et films noirs, c'est la désillusion qui l'emporte. Même si Bryan Singer se paie le luxe de filmer quelques scènes spectaculaires (un hold-up en pleine rue, une prise d'otages dans un ascenseur), c'est lorsqu'il retrouve les thèmes classiques du thriller qu'il convainc le plus. Péché originel. Rachat impossible. Passé dérisoire. Futur illusoire. C'est pourquoi on ressent comme une douleur la réplique de McManus, à Los Angeles. Il est au volant de sa voiture et se dit à voix basse, presque malgré lui : « Il doit pleuvoir à New York. » Réflexion banale, inattendue, presque ridicule. Si ce n'est que New York à cet instant, pour lui, c'est la survie qu'il n'aura pas. McManus et ses potes ont rendez-vous à L.A., comme d'autres l'avaient à Samarkand... Alors, oui, bon, des coquetteries, il y en a. Exemple : ce travelling qui s'échappe d'une tasse de café, pour cadrer le flic des douanes (Chazz Palminteri) qui continue d'interroger le narrateur. Mais, coquetterie, c'est vite dit, puisque ce mouvement incongru trouve sa place et sa justification, avec plein d'autres indices, dans le puzzle qui, une fois rassemblé, dévoilera, enfin, la vérité... Que Bryan Singer (27 ans et deuxième film) soit habile, ah oui, assurément, il l'est ! Que fera-t-il de son habileté : des démons ou des merveilles ? On verra plus tard. Pour l'instant, saluons un jeune homme qui, en rendant au cinéma américain son invention, son humour et son insolence, réussit le plus beau thriller de l'année. Montage superbe. Musique à la Bernard Herrmann (l'un et l'autre sont dus à John Ottman). Et, bien sûr, dominant tous les personnages, Keyser Sösé. Mi-Mabuse, mi-« Marque jaune ». Un type qui est le double du cinéaste, puisqu'il fait, à chaque instant, triompher l'imaginaire. Un type qui joue et se joue des au- tres. Un type capable de souffler sur la paume de sa main et, hop, de disparaître, tel un magicien...
Pierre Murat (Télérama)

Soirée rencontre
lundi 7 mars 2016 à 20h15

suivi d'une rencontre

Soirée organisée en collaboration avec l'association Confluences pénales de l’Ouest


USUAL SUSPECTS

de Bryan Singer

avec Chazz Palminteri, Kevin Spacey, Gabriel Byrne
USA - 1995 - 1h46 - VOST

Un cargo bourré de cocaïne explose sur les docks de San Pedro, en Californie. Vingt-sept morts et deux rescapés : un marin hongrois et un petit malfrat nommé Roger « Verbal » Kint, qui livre à Kujan, policier des douanes, un étrange témoignage... Il y est question de sombres trafics, et surtout d'un mystérieux génie du crime, Keyser Söze...

A PROPOS

I l n'y a pas de hasard : ce serait trop beau. Il n'y a pas de hasard : ce serait trop facile. On croit faire ce que l'on veut, on s'imagine être libre de ses actes. Et puis, l'on se retrouve, fait aux pattes, piégé dans une histoire qui n'a pas de sens et qui devient encore pire dès qu'on cherche à lui en trouver un. Ils sont cinq. Cinq petits gangsters, ramassés par la police pour un détournement d'un camion d'armes qu'ils n'ont pas commis. Le plus barge, c'est sûrement McManus (Stephen Baldwin), qui travaille ­ et vit, peut-être ­ avec Fenster (Benicio del Toro). Un élégant, vaguement dédaigneux, qui parle un sabir amerloque que personne ne comprend. Parmi les cinq, Hockney (Kevin Pollak) : lui n'en a vraiment rien à foutre, mais vraiment rien de rien, de ce qui lui arrive. Capable de résister indéfiniment à des flics qui lui cognent dessus, par habitude plus que par enthousiasme, puisqu'ils savent qu'ils ne tireront rien de lui. Il y a aussi Kint le boiteux (Kevin Spacey), surnommé « Verbal » parce qu'il n'en finit jamais de parler trop. La preuve : c'est lui qui sera le narrateur de cette histoire... Et puis, le dernier, mais pas le moindre, Keaton (Gabriel Byrne). Le plus étonnant, le plus mystérieux de tous. Un ex-flic devenu ripou, considéré comme mort depuis des mois et qui vient de réapparaître, amoureux de son avocate et bien décidé à devenir honnête. Honnête ! Tu parles ! Encore une foutaise, comme le hasard. Ou comme l'idée idiote que tu aurais la liberté de choisir ton destin ! A partir du moment où il se retrouve en compagnie des quatre autres, là, dans ce commissariat où la fatalité l'a amené, son sort est jeté. Keaton sera prisonnier ­ à moins qu'il n'en soit l'instigateur, qui sait ? ­ d'une machination parfaite dont personne ne sortira vivant. Sauf un. Keyser Sösé. Drôle de nom. Drôle de type. Mais ce nom et ce type font frissonner. Qui est-il ? Nul ne le sait. Où se cache-t-il ? Impossible de le savoir. Peut-être se dissimule-t-il sous l'identité de McManus ou de Keaton : il en serait bien capable ! A moins qu'il n'observe, invisible mais omniprésent, les cinq gangsters qu'il a réunis, pour mieux leur faire accomplir une de ces terribles vengeances dont il a le secret. De folles légendes courent sur son compte : jadis, dans sa Hongrie natale, il aurait préféré exterminer sa famille plutôt que de céder au chantage de trafiquants rivaux. Aujourd'hui, il semble diriger tous les trafics de drogue et d'armes de la planète. Ou presque. Certains le considèrent comme un vrai génie du crime moderne. D'autres ne voient dans ce Fantômas qu'un fantôme, une de ces légendes que se racontent les bandits, le soir, à la veillée, pour hurler de peur... Vous vous souvenez de Françoise Rosay (madame Molyneux), dans Drôle de drame, après l'arrestation de son mari ? Outrée, elle entendait de braves parents menacer ainsi leurs enfants : « Si tu ne manges pas ta soupe, le Molyneux viendra et il t'emportera ! » Sauf que Keyser Sösé, malheureusement pour les héros de Usual Suspects, semble bien réel et nettement plus cruel que le pauvre Michel Simon dans le film de Carné. Keyser Sösé, c'est le Mal à l'état pur. Pur, au sens le plus noble du terme. A savoir épuré. Tranquille. Sûr de lui. Invulnérable. Ce qui est fascinant, chez Bryan Singer, c'est qu'à l'image de son héros il avance masqué. Son scénario ressemble à des poupées russes qui révéleraient un piège, puis un autre, encore un, puis, enfin, le dernier, dont on ne se méfierait pas ­ il est si petit ! ­, mais qui, celui-là, vous explose à la gueule. Constamment, tout se dérobe. On va de chausse-trape en chausse-trape. Ce que l'on croyait vrai l'instant d'avant devient doute l'instant d'après. On navigue entre un être diabolique, mais invisible, un flic vivant que l'on croyait mort et une cargaison de drogue qui ne sera qu'un mirage de plus Comme dans tous les grands romans et films noirs, c'est la désillusion qui l'emporte. Même si Bryan Singer se paie le luxe de filmer quelques scènes spectaculaires (un hold-up en pleine rue, une prise d'otages dans un ascenseur), c'est lorsqu'il retrouve les thèmes classiques du thriller qu'il convainc le plus. Péché originel. Rachat impossible. Passé dérisoire. Futur illusoire. C'est pourquoi on ressent comme une douleur la réplique de McManus, à Los Angeles. Il est au volant de sa voiture et se dit à voix basse, presque malgré lui : « Il doit pleuvoir à New York. » Réflexion banale, inattendue, presque ridicule. Si ce n'est que New York à cet instant, pour lui, c'est la survie qu'il n'aura pas. McManus et ses potes ont rendez-vous à L.A., comme d'autres l'avaient à Samarkand... Alors, oui, bon, des coquetteries, il y en a. Exemple : ce travelling qui s'échappe d'une tasse de café, pour cadrer le flic des douanes (Chazz Palminteri) qui continue d'interroger le narrateur. Mais, coquetterie, c'est vite dit, puisque ce mouvement incongru trouve sa place et sa justification, avec plein d'autres indices, dans le puzzle qui, une fois rassemblé, dévoilera, enfin, la vérité... Que Bryan Singer (27 ans et deuxième film) soit habile, ah oui, assurément, il l'est ! Que fera-t-il de son habileté : des démons ou des merveilles ? On verra plus tard. Pour l'instant, saluons un jeune homme qui, en rendant au cinéma américain son invention, son humour et son insolence, réussit le plus beau thriller de l'année. Montage superbe. Musique à la Bernard Herrmann (l'un et l'autre sont dus à John Ottman). Et, bien sûr, dominant tous les personnages, Keyser Sösé. Mi-Mabuse, mi-« Marque jaune ». Un type qui est le double du cinéaste, puisqu'il fait, à chaque instant, triompher l'imaginaire. Un type qui joue et se joue des au- tres. Un type capable de souffler sur la paume de sa main et, hop, de disparaître, tel un magicien...
Pierre Murat (Télérama)