ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
Nous pouvions être surpris de la présence, en compétition officielle, de l’auteur des deux récents OSS 117, dont le profil ne semblait pas correspondre, a priori, aux canons de la sélection du premier Festival de cinéma du monde. Ce scepticisme n’a plus lieu après la vision de ce petit bijou, techniquement et plastiquement soigné, et combinant avec bonheur premier et second degrés, mélodrame et comédie, cinéma populaire et hommage de cinéphile.
À vrai dire, The Artist n’est pas un vrai film muet, au sens puriste du terme, de par l’utilisation d’une très belle partition musicale et certains jeux de bruitages sonores, parfois à des fins burlesques (le cauchemar de Georges Valentin). Ce n’est pas une œuvre parlante pour autant, et loin de se cantonner à l’exercice de style brillant, Hazanavicius réussit une belle expérience dont les antécédents sont rares dans le cinéma contemporain : on songe à Juha (Aki Kaurismäki, 1999), ou à un volet de Three times. Bien entendu, toute une gamme de références nourrit The Artist, à commencer par la trame principale, qui honore deux classiques : à Chantons sous la pluie, le cinéaste emprunte le thème du passage du muet au parlant ; d’Une étoile est née, il retient l’ascension d’une jeune actrice et le déclin d’un comédien fini. Mais Hazanavicius est imprégné de l’essence même du cinéma muet, qu’il admire et veut faire ressusciter : « C’est un cinéma où tout passe par l’image, par l’organisation des signes que vous envoyez au spectateur. C’est un cinéma très émotionnel, sensoriel, le fait de ne pas passer par les textes vous ramène à une manière de raconter très essentielle, qui ne fonctionne que sur les sensations que vous créez », a déclaré le réalisateur.
Cette conception, qui pourrait paraître vaniteuse ou utopique à l’ère de la 3D et des produits Avatar, s’apprécie dans des séquences aussi diverses que la vente aux enchères des effets de la star déchue ou du sauvetage de celle-ci par son chien Uggy, qui a d’ailleurs obtenu, cela ne s’invente pas, la Palm Dog du Festival pour sa prestation canine... « Si un chien peut faire ce métier, pourquoi pas moi ? », aurait affirmé Robert Mitchum : que dire alors du jeu de Jean Dujardin ? On savait que l’acteur pouvait casser son image et s’aventurer dans des chemins moins balisés, comme l’ont prouvé Le bruit des glaçons ou Un balcon sur la mer. Jouant sur le registre de l’émotion et de l’humour sans jamais forcer le trait, et ne pouvant s’appuyer sur aucun dialogue, le comédien réalise une composition unique, tout en mobilisant les ombres de Douglas Fairbanks, John Gilbert, Clark Gable ou Astaire/Kelly, à qui l’on pense inévitablement lors d’un savoureux numéro de claquettes. Il est bien épaulé par la resplendissante Bérénice Bejo et une troupe d’acteurs anglo-américains dont les cultissimes John Goodman (The Big Lebowski) et Malcolm McDowell (Orange mécanique).
Loin du pastiche et du simple hommage aux grands maîtres d’une époque révolue (Chaplin, Lubitsch, Murnau, Hitchcock...), The Artist est donc un enchantement qui devrait toucher un vaste public.
Gérard Crespo (avoiralire.com)
Séance spéciale
dimanche 24 avril
2022 à 20h30
Séance présentée par Maxime Taite , président du BDE Alpha, UCO
THE ARTIST
de Michel Hazanavicius
avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman
FRANCE - 2011 - 1h40 - 6 César 2012 / 5 Oscar 2012 / Prix d'interprétation masculine Cannes 2011 / 3 Golden Globes 2012
Hollywood 1927. George Valentin est une vedette du cinéma muet à qui tout sourit. L'arrivée des films parlants va le faire sombrer dans l'oubli. Peppy Miller, jeune figurante, va elle, être propulsée au firmament des stars.
A PROPOS
Nous pouvions être surpris de la présence, en compétition officielle, de l’auteur des deux récents OSS 117, dont le profil ne semblait pas correspondre, a priori, aux canons de la sélection du premier Festival de cinéma du monde. Ce scepticisme n’a plus lieu après la vision de ce petit bijou, techniquement et plastiquement soigné, et combinant avec bonheur premier et second degrés, mélodrame et comédie, cinéma populaire et hommage de cinéphile.
À vrai dire, The Artist n’est pas un vrai film muet, au sens puriste du terme, de par l’utilisation d’une très belle partition musicale et certains jeux de bruitages sonores, parfois à des fins burlesques (le cauchemar de Georges Valentin). Ce n’est pas une œuvre parlante pour autant, et loin de se cantonner à l’exercice de style brillant, Hazanavicius réussit une belle expérience dont les antécédents sont rares dans le cinéma contemporain : on songe à Juha (Aki Kaurismäki, 1999), ou à un volet de Three times. Bien entendu, toute une gamme de références nourrit The Artist, à commencer par la trame principale, qui honore deux classiques : à Chantons sous la pluie, le cinéaste emprunte le thème du passage du muet au parlant ; d’Une étoile est née, il retient l’ascension d’une jeune actrice et le déclin d’un comédien fini. Mais Hazanavicius est imprégné de l’essence même du cinéma muet, qu’il admire et veut faire ressusciter : « C’est un cinéma où tout passe par l’image, par l’organisation des signes que vous envoyez au spectateur. C’est un cinéma très émotionnel, sensoriel, le fait de ne pas passer par les textes vous ramène à une manière de raconter très essentielle, qui ne fonctionne que sur les sensations que vous créez », a déclaré le réalisateur.
Cette conception, qui pourrait paraître vaniteuse ou utopique à l’ère de la 3D et des produits Avatar, s’apprécie dans des séquences aussi diverses que la vente aux enchères des effets de la star déchue ou du sauvetage de celle-ci par son chien Uggy, qui a d’ailleurs obtenu, cela ne s’invente pas, la Palm Dog du Festival pour sa prestation canine... « Si un chien peut faire ce métier, pourquoi pas moi ? », aurait affirmé Robert Mitchum : que dire alors du jeu de Jean Dujardin ? On savait que l’acteur pouvait casser son image et s’aventurer dans des chemins moins balisés, comme l’ont prouvé Le bruit des glaçons ou Un balcon sur la mer. Jouant sur le registre de l’émotion et de l’humour sans jamais forcer le trait, et ne pouvant s’appuyer sur aucun dialogue, le comédien réalise une composition unique, tout en mobilisant les ombres de Douglas Fairbanks, John Gilbert, Clark Gable ou Astaire/Kelly, à qui l’on pense inévitablement lors d’un savoureux numéro de claquettes. Il est bien épaulé par la resplendissante Bérénice Bejo et une troupe d’acteurs anglo-américains dont les cultissimes John Goodman (The Big Lebowski) et Malcolm McDowell (Orange mécanique).
Loin du pastiche et du simple hommage aux grands maîtres d’une époque révolue (Chaplin, Lubitsch, Murnau, Hitchcock...), The Artist est donc un enchantement qui devrait toucher un vaste public.
Gérard Crespo (avoiralire.com)