ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
Piccolo corpo, premier long métrage de la réalisatrice italienne Laura Samani, débute par un rituel magique. Le sourire aux lèvres, Agata est accompagnée au bord de la mer par toutes les femmes de son village. Ce qui se trame alors, seules elles le savent. Comme si le film nous rappelait d’emblée qu’il existe certains secrets, savoirs ou expériences qui ne peuvent être communes qu’aux femmes, qui ne peuvent se transmettre qu’au sein d’une même communauté, et que cela mérite une observation muette et respectueuse. Bien vu.
A ce rituel doux succède rapidement un autre, bien plus violent. Enceinte dans la première scène, Agata perd son enfant. Malgré son état de santé, elle décide d’amener le corps de celui-ci dans un endroit qu’on dit magique, où il pourrait peut-être revenir à la vie. Laura Samani s’inspire de sanctuaires religieux qui ont bel et bien existé dans le nord-est de l’Italie, et ce jusqu’au 19e siècle. Tout réaliste qu’il soit, Piccolo corpo laisse d’ailleurs planer un léger flou sur l’époque exacte où se déroule l’action. Par moment, le film estompe également, et avec discrétion, la frontière entre le drame et le conte (comme le souligne la musique), voire le film d’aventures. On parle de drames et de douleurs bien réelles, à l’écho encore très contemporain, mais on y évoque la possibilité de faire un pacte avec une montagne.
Même paré de ces charmants détails, le film conserve un visage classique, une forme sans doute un peu trop sage ou exemptes de risques. La délicate subversion de Piccolo corpo est davantage a chercher dans son écriture. Laura Samani filme des comédiens s’exprimant dans leurs propres dialectes, quasi jamais entendus au cinéma contemporain (le frioulan et le vénète), elle filme des croyances se situant hors du cadre de la chrétienté traditionnelle. Surtout, comme sa compatriote Laura Bispuri (Piccolo corpo possède plus d’un point commun avec Vierge sous serment), elle brosse ainsi le portrait d’une féminité marginale, inattendue, rarement vue ailleurs. « Ce qui ne possède pas de nom, c’est comme si ça n’existait pas » se lamente l’un des personnages. Donner un nom à ce monde invisible, voilà la grande ambition de ce petit film.
Gregory Coutaut (Le polyester)
Ciné découverte
dimanche 6 mars
2022 à 10h45
Tarif unique : 5€
Soirée organisée en collaboration avec Cinéma Parlant dans le cadre de la semaine de cinéma de langue italienne
PICCOLO CORPO
de Laura Samani
avec Celeste Cescutti, Ondina Quadri
ITALIE - 2021 - 1h29 - VOST - Cannes 2021
https://www.arizonafilms.fr/films/piccolo-corpo/
A PROPOS
Piccolo corpo, premier long métrage de la réalisatrice italienne Laura Samani, débute par un rituel magique. Le sourire aux lèvres, Agata est accompagnée au bord de la mer par toutes les femmes de son village. Ce qui se trame alors, seules elles le savent. Comme si le film nous rappelait d’emblée qu’il existe certains secrets, savoirs ou expériences qui ne peuvent être communes qu’aux femmes, qui ne peuvent se transmettre qu’au sein d’une même communauté, et que cela mérite une observation muette et respectueuse. Bien vu.
A ce rituel doux succède rapidement un autre, bien plus violent. Enceinte dans la première scène, Agata perd son enfant. Malgré son état de santé, elle décide d’amener le corps de celui-ci dans un endroit qu’on dit magique, où il pourrait peut-être revenir à la vie. Laura Samani s’inspire de sanctuaires religieux qui ont bel et bien existé dans le nord-est de l’Italie, et ce jusqu’au 19e siècle. Tout réaliste qu’il soit, Piccolo corpo laisse d’ailleurs planer un léger flou sur l’époque exacte où se déroule l’action. Par moment, le film estompe également, et avec discrétion, la frontière entre le drame et le conte (comme le souligne la musique), voire le film d’aventures. On parle de drames et de douleurs bien réelles, à l’écho encore très contemporain, mais on y évoque la possibilité de faire un pacte avec une montagne.
Même paré de ces charmants détails, le film conserve un visage classique, une forme sans doute un peu trop sage ou exemptes de risques. La délicate subversion de Piccolo corpo est davantage a chercher dans son écriture. Laura Samani filme des comédiens s’exprimant dans leurs propres dialectes, quasi jamais entendus au cinéma contemporain (le frioulan et le vénète), elle filme des croyances se situant hors du cadre de la chrétienté traditionnelle. Surtout, comme sa compatriote Laura Bispuri (Piccolo corpo possède plus d’un point commun avec Vierge sous serment), elle brosse ainsi le portrait d’une féminité marginale, inattendue, rarement vue ailleurs. « Ce qui ne possède pas de nom, c’est comme si ça n’existait pas » se lamente l’un des personnages. Donner un nom à ce monde invisible, voilà la grande ambition de ce petit film.
Gregory Coutaut (Le polyester)